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Sécheresse, records de chaleur, tempête Ciarán, inondations dans le Nord : bilan climatique de l'année 2023

Florent SCHINDLER

Par Florent SCHINDLER,
mis à jour le

Cette année 2023 aura été celle de tous les superlatifs, que l'on parle de sécheresse, de vent, de pluies, de chaleur ou d'activité électrique. Retour sur les principaux sujets qui nous ont concernés durant ces douze derniers mois.

Janvier : grande douceur et deux tempêtes

La douceur a été remarquable pour débuter l’année avec un indicateur thermique à plus de 7 degrés au-dessus de la moyenne. On a atteint 13,3°C le 1er janvier. À noter que la fin d’année 2022 a été la plus douce jamais enregistrée en France.

Deux tempêtes mi-janvier : la tempête Gérard qui a traversé le nord et donné des rafales à 166 km/h en Normandie avec plus de 100 000 personnes privées d’électricité et une victime à déplorer. Et la tempête Fien qui a concerné le sud avec pluie, vent fort, neige. De la neige a également touché l’Aquitaine et notamment la région de Bordeaux le 18 janvier.

Février : le treizième mois consécutif au dessus des moyennes

Ce mois a été marqué par l’aggravation de la sécheresse avec des pluies aux abonnés absentes, un déficit de 70% et un mois qui s’est classé dans le top 4 des mois de février les plus sec depuis 1959. Il a constitué le 13ème mois consécutif avec des températures dépassant les normales, ce qui n’avait jamais été observé depuis le début des relevés en 1900. En fin de mois, la neige a touché le Languedoc et la Provence-Alpes-Côte d’Azur avec une dizaine de cm notamment dans le Gard, du côté de Ledignan. Ce mois de février a fermé l’hiver qui s’est terminé avec un déficit hydrologique de -28%.

Mars : forte activité électrique, deux tempêtes, et quatorzième mois au-dessus des moyennes

Le début du printemps a été particulièrement instable et orageux. Mars a été le mois de mars le plus arrosé depuis 5 ans avec des pluies en revanche très faibles en Méditerranée, ce qui a continué d’accentuer la sécheresse. Ce mois a aussi été le plus orageux depuis 1989, selon les données de Météorage. Il a constitué une fois encore le 14ème mois consécutif avec des températures qui ont dépassé les normales de saison. Fait rare en mars, une tempête, Larisa, a généré des vents forts sur ¾ du pays le 10. Elle figure comme l’une des plus importantes depuis 20 ans pour un mois de mars. Elle a été suivie le dernier jour du mois par une autre tempête, Mathis, avec plusieurs records mensuels de vents qui ont été battus et 20.000 foyers privés d'électricité. Cette tempête a constitué le troisième phénomène venteux du mois ce qui est exceptionnel pour cette époque de l’année.

Avril : aggravation de la sécherese dans le sud, tempête Noa, et 4è mois d'avril le + chaud

Les pluies, rares depuis janvier, ont continué à éviter la Méditerranée à tel point que nous avons changé notre communication en ne parlant plus de risque mais de chance de pluies, avec une sécheresse qui s’est aggravée et un déficit pluviométrique qui a atteint 80%. Cette sécheresse a considérablement accentué les risques d’incendies : la surface brûlée a explosé, atteignant plus de 20 00 ha mi-avril. Cerbère et Banyuls ont été touchés par un incendie virulent attisé par une violente tramontane à 120 km/h en milieu de mois.

Quelques jours avant, la tempête Noa balayait le nord et constituait une série remarquable pour cette époque de l’année, avec les trois précédentes de mars. Alors que le nord et l’est ont connu du gel le 21, le sud-ouest a été concerné par un pic de chaleur autour du 25.

Ce mois d'avril s'est terminé comme le 4è mois d’avril le plus chaud jamais enregistré, avec de grandes fluctuations depuis le début du printemps.

Mai : le printemps tarde à s'installer et la sécheresse s'améliore

Le cinquième mois de l'année a été assez maussade. Après avoir débuté dans la chaleur avec 30°C dans le sud-ouest, l’ambiance automnale a perduré et le printemps a vraiment eu du mal à s’installer avec une météo fraîche, instable et orageuse. Il a fallu attendre la Pentecôte pour voir les températures s’envoler. Cette situation humide et instable a au moins eu le mérite d’améliorer la sécheresse dans le sud.En revanche, en fin de mois, c’est au nord qu’elle s’est accentuée.

En fin de mois, le bilan pluviométrique du printemps était très disparate : humide au nord, mais toujours très sec au sud.

Juin : sécheresse au nord et deuxième mois le plus chaud après juin 2003

Ce mois a été marqué par une très forte activité électrique, supérieure de 71% à la moyenne sur les 21 premiers jours du mois (données Météorage) et de fortes précipitations sous ces orages, comme dans les Alpes Maritimes. La sécheresse s’est aggravée au nord où certaines régions du nord-est ont connu plus d’un mois sans une seule goutte, à l’image de Dunkerque, Metz ou Strasbourg.

Les autres points notables de ce premier mois de l’été ont été la chaleur puisqu’il s’est agit du deuxième mois de juin le plus chaud jamais enregistré après celui de 2003 : l’excédent a atteint +2,6°C. Dans ce contexte, la chaleur estivale qui s’est généralisée le 25 s’est combinée avec des ciels parfois laiteux ou flamboyant en raison des fumées des incendies Québécois qui ont traversé l’Atlantique jusqu’à nous, donnant durant plusieurs jours à l’air cet aspect particuliers que vous avez été nombreux à nous partager.

À noter qu’une tornade a touché le village de Preuilly dans le Berry, entraînant de gros dégâts et touchant 80% des maisons de cette localité de 40 âmes.

Juillet : dépression Patricia et alerte rouge pour la Franche-Comté

Juillet a été marqué par de très fortes chaleurs dans le sud-est et une sécheresse qui s’est aggravée au nord. Situation inhabituelle pour la saison, une dépression, Patricia, a balayé la Manche et l’Atlantique, donnant une forte houle et des vagues de 8m en mer d’Iroise. Une situation sensible pour les touristes en vacances dans cette région, avec malheureusement une victime à déplorer, et un autre drame qui a pu être évité de peu.

Les orages ont également été très violents au cœur de l’été, entraînant le passage en alerte rouge de 5 départements de la Franche-Comté, un niveau d’alerte que nous n’avions jamais émis pour ce paramètre.

Août : canicule historique en France, jusqu'à 44,2°C

Après la chaleur de juillet, l’automne s’est invité au mois d’août avec des pluies, du vent au nord et une fraîcheur digne d’un début octobre, avec un mercure qui a peiné à atteindre les 19°C à Bordeaux et Paris. Par la suite, les fortes chaleurs ont repris le dessus et c’est une canicule historique qui a intéressé les régions du sud entre le 17 et le 24/08, contribuant à faire de ce mois d’août le 4e plus chaud jamais enregistré, avec +1,5°C par rapport à la moyenne 1990-2020. Des records absolus ont été battus avec par exemple 42,5 ° à Toulouse et 44,2 à Siran dans l’Hérault. Cette situation a entraîné le passage en rouge par nos services de 25 départements depuis le sud-ouest jusqu'au centre-est.

La journée la plus chaude a été celle du 24 août avec un indicateur thermique national de 27,8°C. Cette canicule était liée à un dôme de chaleur généré par la présence d’un puissant anticyclone et la remontée d’air subtropical depuis l’Afrique du nord, et qui est resté campé sur le sud du pays durant une dizaine de jours.

Septembre : mois le plus chaud jamais enregistré, et "dépassant l'entendement" au niveau mondial

Une vague de chaleur tardive a touché 80% du pays avec 35,5 Pontoise et Chartres I 35,9 à Lyon I 37,3 à Angoulême pendant plus de 7 jours. Au cœur de ce mois chaud, les orages ont été nombreux avec la journée du 17 qui a été la plus foudroyée de l’année d’après les données de Météorage (31 121 éclairs N/S). Septembre a été le mois le plus chaud depuis le début des relevés avec +3,5°C, record historique, devant septembre 1949. Au niveau mondial il a même dépassé l’entendement selon les termes de Carlo Buontempo, de l’observatoire Copernicus, avec une température mondiale à +1,75° au-dessus de la moyenne 1850-1900 – ce qui a constitué un record mensuel.

Octobre : tempête Aine et deuxième mois d'octobre le plus chaud jamais enregistré

La chaleur ne s’est pas arrêtée aux portes du mois d’octobre, qui a connu des allures estivales en raison d’un blocage anticyclonique persistant avec des valeurs nettement au-dessus de celles d’un mois d’août. Le 13 octobre, il faisait encore plus de 31°C dans la Nièvre ou le Bas-Rhin. La première décade d’octobre a d’ailleurs été la plus chaude depuis 1900, avec 18,5°C. Cette situation et l’absence de pluies ont aggravé la situation de sécheresse.

La transition vers la seconde partie du mois a été brutale avec, par endroits, des baisses de 16°C en 3 jours. Ce changement a ouvert le défilé des perturbations qui se sont enchaînées, générant de forts cumuls de pluies et du vent. La tempête Aline le 19 a entraîné le passage en rouge des Alpes-Maritimes avec de fortes rafales, du vent et d’importants cumuls qui ont provoqué une crue éclair de la Vésubie et du Var.

Ce mois d’octobre a été le deuxième mois d’octobre le plus chaud jamais enregistré avec +2,7°C.

Novembre : mois historique, le plus perturbé de l'année avec Ciarán et les inondations dans le Nord

Avant-dernier mois de l’année, novembre restera dans les annales en raison de plusieurs phénomènes.

Le premier phénomène est la tempête Ciarán, cette bombe météo creusée à 955 hPa qui a généré des vagues de 13m et des rafales à 207 km/h à la Pointe du Raz, 156 km/h à Brest, entraînant le passage en rouge du Finistère, des Côtes d’Armor et de la Manche avec des dégâts estimés à 1,3 Md€.

D’autres se sont enchaînées par la suite avec Domingos qui a touché l’Aquitaine et la Charente puis une troisième, Frederico, qui a touch la moitié nord.

Le second phénomène le plus marquant de ce mois ce sont les précipitations record dans le Nord Pas-de-Calais et en Aquitaine avec de nombreuses alertes rouges émises en raison des crues de plusieurs cours d‘eau. Ces crues ont été "historiques", avec une soixantaine de communes touchées. Les niveaux de certains cours d’eau ont été explosés notamment la Liane, l’AA, mettant plusieurs milliers d’habitants les pieds dans l’eau.

L’Isère et la Haute-Savoie ont également vu le niveau de certains de leurs cours d’eau grimper dangereusement avec les pluies et la fonte combinée de la neige.

La chaleur a également fait l’actualité puisque des records mensuels ont été battus dans le sud (27,7°C à Cannes). Ce mois a terminé l’automne qui a été le plus chaud depuis 1900 (+2,5°C) devant l’automne 2022 et 2016 (+2,1°C).

Décembre : Noël au balcon, qui boucle la 2è année la plus chaude jamais enregistrée

Enfin, c’est la douceur qui a concerné tout le mois de décembre avec des records mensuels qui ont été battus en Haute-Corse et dans les Alpes-Maritimes vers le 11 décembre. Les fêtes de Noël se sont réellement déroulées au balcon. La veille de Noël, on se situait +6°C au-dessus des moyennes de saison et le jour de Noël, on relevait 19°C à Perpignan, 12,5°C à Lille (Nord) ou encore à Paris.

Ce Noël 2023 est le 8ème plus doux depuis 1947d avec un indicateur thermique de 9,7°C (+4°C au dessus des normales de saison). En 2022, il avait été encore plus doux (11,3°C), seulement dépassé par Noël 1997 (11,7°C).

Cette année 2023 aura été une année riche, parfois dramatique pour les sinistrés touchés, et souvent durant de longues semaines. Elle aura connu la plus longue sécheresse (21 janvier – 20 février), la plus longue période de pluies (18 octobre – 24 novembre), des records absolus de chaleur, des records absolus de vent, et la liste pourrait être encore longue.

Elle termine comme elle a commencé, une fois de plus dans la douceur, se classant au deuxième rang des plus chaudes jamais enregistrées en France, et la plus chaude jamais enregistrée à l'échelle mondiale, une nouvelle démonstration sans équivoque de l'évolution de notre climat qui se réchauffe.

Nous avons essayé de vous accompagner au mieux pour vous permettre d'anticiper toutes ces actualités météo, et vous aider dans vos prises de décisions quotidiennes en 2023, et comme nous le faisons depuis plus de 30 ans. Nous continuerons à le faire avec toute notre énergie en 2024.

Toute l'équipe de La Chaîne Météo, METEO CONSULT, et Figaro Nautisme, vous souhaite, ainsi qu'à tous vos proches, une excellente nouvelle année 2024 !

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