Incendies dans les Pyrénées-Orientales : sécheresse et tramontane ont aggravé la situation
L'incendie qui a déjà ravagé près de 1000 ha dans les communes de Cerbère et Banyuls depuis ce dimanche 16 avril est le plus gros incendie depuis le début de l'année. Il a été attisé par une violente tramontane qui soufflait à plus de 120 km/h sur des sols extrêmement secs pour cette période de l'année.
Ce lundi, l'incendie qui a ravagé plus de 930 hectares est maitrisé, mais n'est pas encore fixé. Avec la tramontane qui va se renforcer à nouveau en journée, les 500 pompiers dépêchés sur place devront veiller à ce qu'il n'y ait pas de reprise de feu. Selon le Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui s'est rendu sur place ce matin, cet incendie a été "extrêmement précoce" et a déjà causé un désastre "écologique, touristique, économique". L'incendie qui a ravagé les communes de Cerbère et Banyuls s'est propagé jusqu'à Portbou, une commune côté espagnol. Au total, près de 600 pompiers ont été dépêchés sur le site au plus fort de l'incendie et 300 personnes ont dû être évacuées dans l'après-midi sur les hauteurs de Cerbère, mais la plupart ont regagné leur domicile dans la soirée.
Surfaces incendiées © La Chaîne Météo
Une sécheresse des sols exceptionnelle
La sécheresse des sols est très préoccupante sur les régions méditerranéennes. Cela s'explique par une sécheresse météorologique très importante depuis un an. Si l'on s'intéresse au Roussillon, la station météo de Perpignan sert de référence et montre un déficit de pluie exceptionnel depuis un an. Entre mai 2022 et avril 2023, il n'est tombé que 218 millimètres pour une moyenne de 578 mm. Cela correspond à un déficit de pluie de 62% sur un an et à un climat semi-désertique tel que celui de Marrakech (Maroc) qui reçoit en moyenne 233 millimètres sur un an.
Avec une telle pluviométrie depuis un an, la sécheresse des sols atteint des niveaux historiques pour cette époque de l'année. Les niveaux de faible humidité des sols correspondent déjà à ceux que l'on rencontre en début d'été.
Sécheresse de surface © La Chaîne Météo
Une violente tramontane qui a rapidement propagé l'incendie
D'un point de vue météorologique, le sud de la plaine du Roussillon et les premières collines de l'arrière-pays de Cerbère et Banyuls sont parmi les secteurs les plus exposés à la tramontane. La station du Cap Béar atteste de la violence de la tramontane ce week-end. Dans la journée de dimanche, la vitesse moyenne du vent observée était comprise entre 80 et 100 km/h. Les rafales ont quant à elles été comprises entre 110 et 125 km/h. Cette violente tramontane a d'ailleurs empêché l'utilisation des canadairs pour aider à maitriser le feu.
Risque d'incendies © La Chaîne Météo
Ce lundi, la tramontane souffle moins violemment qu'hier au cap Béar avec un vent moyen de 60 à 70 km/h et des rafales de 80 à 90 km/h. La véritable accalmie interviendra ce mardi et devrait se poursuivre les jours suivants. C'est donc une très bonne nouvelle.
Un risque en atténuation grâce à une amélioration de la prévention et des moyens de lutte
En ce qui concerne les forêts, les dommages causés par les incendies (superficie et nombre) sont en diminution grâce aux efforts de prévention et de lutte. Néanmoins, les années exceptionnelles sur le plan climatique peuvent encore avoir des conséquences graves. La dernière année de ce type a été 2003, au cours de laquelle plus de 60 000 hectares ont été incendiés en métropole, principalement dans la zone méditerranéenne où le risque est le plus élevé. Depuis 2003, les surfaces incendiées comptabilisées chaque année sont restées faibles, à l'exception de 2017 où elles ont dépassé les 10 000 hectares.
Surface boisée incendiée de 1979 à 2019 © La Chaîne Météo
En dehors des années exceptionnelles, la proportion du territoire métropolitain exposé à des conditions météorologiques favorables aux incendies tend à augmenter depuis les années 1980. Un signe supplémentaire de l'impact de l'évolution du climat dans la survenue de ces évènements catastrophiques.