Bilan météo de l'hiver 2022-2023 : températures très fluctuantes et sécheresse

Au cours de cet hiver 2022-2023, les températures ont été supérieures de 0,7°C à la normale. Avec un indicateur thermique (moyenne des températures minimales et maximales sur 30 villes de référence) proche de 6,6°C, notre hiver serait le moins doux depuis 5 ans (hiver 2018-2019) mais très proche du dernier hiver où l'indicateur thermique était de 6,7°C. A noter que c'est le 10ème hiver consécutif où la température moyenne en France est supérieure à la normale, ce qui marque bien l'empreinte du réchauffement climatique en cours.

Bilan de l'hiver © La Chaîne Météo

Des périodes hivernales alternant avec des périodes de douceur exceptionnelles

On peut parler d'un hiver en dents de scie du point de vue des températures. L'hiver a débuté par une période de froid vif entre le 1er et le 18 décembre. Si l'on ne peut parler de vague de froid pour cette période à l'échelle de la France, on s'en est rapproché dans le nord-est avec 8 jours sans dégel consécutifs à Strasbourg et des températures glaciales sur les sols enneigés de Lorraine avec -12,2°C le 17 décembre à Nancy et même jusqu'à -19,4°C à Buhl-Lorraine en Moselle. Pour cette région, il faut remonter à décembre 2010 pour retrouver de telles températures.

Entre le 19 décembre et la mi-janvier, la douceur a été exceptionnelle à plus d'un titre :

- des records mensuels de douceur sont battus dans le sud juste avant Noël avec 22,5°C à Béziers (34) et 21,2°C à Nîmes (30).

- la nuit du 30 au 31 décembre est la plus douce jamais observée en hiver en France avec un indicateur thermique de 11,15°C !

- des records mensuels de douceur sont à nouveau battus pour le Nouvel an où les températures atteignent des niveaux de 1er mai : 18,6°C à Besançon et Colmar, 19°C à Vichy et jusqu'à 24°C à Dax !

Un temps plus hivernal revient en seconde quinzaine de janvier avec des chutes de neige en plaine concernant certaines régions de plaine, comme l'Orléanais, l'Auxerrois, le Bordelais et de manière plus conséquente le nord-est avec jusqu'à 25 cm dans le nord de l'Alsace et de la Lorraine.

En février, les périodes de douceur et de froid alternent. On retiendra la douceur exceptionnelle entre le 17 et le 22 du mois avec plus de 20°C à Bourg-Saint-Maurice en Savoie et localement près de 25°C au pied des Pyrénées. Les derniers jours du mois sont marqués par un brutal refroidissement et par un coup de bise le 26 sur les régions centrales, ainsi que par un violent mistral et un coup de vent d'est sur la Côte d'Azur.

Un hiver en deux temps côté précipitations avec une sécheresse historique en février

La première partie de l'hiver est correctement arrosé avec même des épisodes de pluie actifs dans l'ouest et le sud-ouest du pays. En décembre, les perturbations sont actives de la Bretagne au Pas-de-Calais avec quelques crues et inondations observées en fin de mois sur ces régions. Il est tombé jusqu'à 224 millimètres de pluie à Brest, soit l'équivalent de 4 mois de pluie à Paris, mais un excédent de l'ordre de 45% pour cette ville où le mois de décembre est le mois le plus arrosé de l'année avec 155 mm. En janvier, un flux de nord-ouest très dynamique a apporté des précipitations copieuses près des Pyrénées du 16 au 18 janvier. En moins de 3 jours, il est tombé l'équivalent de plus d'un mois de pluie sur des villes comme Pau et Biarritz. Sur l'ouest des Pyrénées, les chutes de neige ont été abondantes avec un mètre de neige vers 1800 m d'altitude.

A partir du 20 janvier, la situation a radicalement changé avec des anticyclones récurrents et la quasi-absence de précipitations. Un record de 32 jours consécutifs sans pluie significative (>1mm) entre le 21 janvier et le 22 février, a été battu, le précédent record datant de 2020 (période du 16 mars au 17 avril). Le mois de février sera l'un des plus secs jamais observés avec un déficit pluviométrique qui devrait être proche de 80%. Il est bien parti pour être en 1er ou 2ème position des mois de février les plus secs, au coude à coude avec le mois de février 2012 également très sec.

Un ensoleillement déficitaire en décembre et janvier, généreux en février

On aura manqué de soleil en décembre et janvier avec un déficit de l'ordre de 14% d'ensoleillement pour ces deux premiers mois de l'hiver qui auront vu passer des perturbations océaniques, mais aussi des périodes de calme avec beaucoup de nuages bas et de brouillards. Avec des conditions anticycloniques associés à de l'air plus sec en février, l'ensoleillement a été généreux sur de nombreuses régions avec un excédent proche de 20%.

Au final, cet hiver a donc été atypique avec ces grandes fluctuations de températures, de précipitations et d'ensoleillement. Il s'agit de l'hiver le plus sec depuis l'hiver 2016-2017 et de l'hiver le plus frais depuis l'hiver 2017-2018. La sécheresse historique du mois de février, dans un contexte de nappes phréatiques déficitaires sur les 2/3 du pays, fait craindre le pire pour la saison estivale si le printemps n'est pas très arrosé.

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