Bilan climatique 2024 en France : une année très arrosée, peu ensoleillée et douce
Après de longues périodes de temps sec en 2022 et 2023, cette année 2024 a été très arrosée avec des crues et inondations touchant de nombreuses régions. Les périodes de temps calme et anticyclonique n'ont jamais duré bien longtemps, si bien que le soleil n'a pas beaucoup brillé en cette année 2024. Avec un déficit de l'ordre de 10%, il s'agit de l'année la moins ensoleillée depuis 30 ans. Si les conditions météo ont été souvent perturbées, cette année arrivera malgré tout en 5ème ou 6ème position des plus chaudes.
L'année 2024 a été marquée par une succession d'épisodes de temps perturbé et instable, entrecoupés de courtes périodes de temps plus calme et sec. L'excédent pluviométrique a été important sur de nombreuses régions si bien que cette année se situe parmi les 10 années les plus arrosées depuis 1959 avec un excédent national de +17% par rapport à la normale 1991-2020. Côté températures, cette année hisse en 5ème position des années les plus chaudes depuis 1900 avec un excédent de températures de l'ordre de +0,9°C.
1. Crues et inondations dans le Nord-Pas-de-Calais début janvier
Après un automne très arrosé sur l'extrême nord de la France avec un flux de sud-ouest perturbé durable, les crues et inondations ont fait l'actualité de ce début d'année dans le Nord-Pas-de Calais.
2. Episode de neige et de froid au nord à la mi-janvier
Sous l'influence d'un courant de nord à nord-est, de l'air froid en provenance d'Europe du Nord a réussi à s'infiltrer sur la France en concernant surtout la partie nord et nord-est du pays. Les gelées sont devenues fréquentes et parfois fortes, descendant parfois sous les -10°C. Un épisode de neige et pluie verglaçante a concerné la Normandie, l'Ile-de-France, les Hauts-de-France et le Grand Est les 17 et 18. Une dizaine de centimètres a été observé localement dans les Hauts-de-France. Ces chutes de neige ont souvent été précédées de pluies verglaçantes. Des grosses difficultés de circulation ont été enregistrées dans la nuit du 17 au 18 sur l'ouest et le sud de la région parisienne en raison des chaussées verglacées, notamment sur l'A13 et l'A118. Sur les sols enneigés, de très fortes gelées ont été observées par endroits. Un record de froid a même été battu à Arras le 19 avec -14,7°C !
3. Douceur exceptionnelle en février
La douceur a été exceptionnelle en ce mois de février 2024 qui arrive en deuxième position des mois de février les plus doux depuis 1900. Les températures sont supérieures de 2 à 6°C aux normales de saison du 1er au 22 avant le retour de températures plus proches des normales de saison en fin de mois.
4. Pluies records et vent violent dans le sud-est
Ce mois de mars a été très pluvieux à l'échelle de la France et arrive en 5ème position des plus arrosés depuis 1959. De nombreux records mensuels de pluie ont été battus des Cévennes et du Languedoc à la région PACA avec une succession d'épisodes méditerranéens très actifs.
5. Températures extrêmes en avril
Le mois d'avril 2024 aura été inhabituel d'un point de vue climatique. Il aura fait plus chaud en première quinzaine du mois qu'en seconde avec des records de chaleurs suivis de gelées tardives ayant localement entrainé des dégâts à la vigne et aux cultures. Le 6 avril un record national de chaleur est battu dans l'après-midi avec 33,9°C observé à Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques). Dans la nuit du 5 au 6 avril, c'est un record national de température minimale élevée qui a été enregistré à Biarritz avec 22,5°C. Deux semaines plus tard, le froid faisait un retour remarqué sur la France avec de fréquentes gelées. On observait -5,3°C à Chaumont en Haute-Marne le 23 avril alors que le thermomètre affichait 27,1°C dix jours plus tôt, dans l'après-midi du 13 mars.
6. Pluies exceptionnelles et inondations dans l'est à la mi-mai
Une goutte froide a traversé l'Allemagne et le nord-est de la France, et a provoqué des pluies exceptionnelles sur le nord de l'Alsace et de la Lorraine. En 24h, des cumuls très importants pour ces régions ont été mesurés : 63 mm à Strasbourg (67), 72 mm à Haguenau (67), 84 mm à Sarreguemines (57) et jusqu'à 135 mm à Scheibenhard (67). Ces cumuls sont l'équivalent d'un mois, voire un mois et demi de pluie tombée en seulement une journée. À Scheibenhard (67), le record de pluie en 24 h a été pulvérisé (90 mm le 12 juillet 2014 lors d'un orage).
En conséquence de ces fortes pluies, les cours d'eau ont rapidement réagi dans le Bas-Rhin, en Moselle et Meurthe-et-Moselle avec des crues éclair. La Moder a, par exemple, quasiment atteint son niveau historique de mai 1970 avec 3,39 m. Rappelons que ces pluies viennent s'ajouter à un printemps 2024 très arrosé et qui est d'ores et déjà le plus pluvieux de ces 15 dernières années.
7. Orages violents à la fin du mois de juin
En seconde quinzaine de juin, la France s'est située à plusieurs reprises dans une situation de conflit entre des gouttes froides arrivant par l'Atlantique et de l'air chaud remontant de la Méditerranée. Cette situation a été propice à un temps instable et orageux sur de nombreuses régions. Si les orages n'ont pas été plus nombreux qu'en moyenne à cette époque de l'année, ils ont été très actifs et violents avec des pluies très intenses en peu de temps. Le 18 juin, un orage stationnaire a apporté 107 millimètres en une heure à Cossé-le-Vivien en Mayenne, un record pour ce département du nord-ouest de la France. Ces pluies diluviennes ont provoqué une crue historique de l'Oudon placé en alerte de niveau rouge par l'organisme Vigicrues. La crue de référence de février 1996 a été battu avec un niveau du cours d'eau à 3,25 m.
La journée du 29 juin a été la plus orageuse de l'année 2024 avec 32497 impacts de foudre nuage-sol recensés par METEORAGE. C'est dans le Tarn, dans la Meuse et en Haute-Marne que les orages ont été les plus pluvieux. Il est tombé en l'espace de 6 heures l'équivalent d'un mois de précipitations sur certains secteurs de ces départements. Des records quotidiens de pluie pour un mois de juin ont été enregistrés. La Bourgogne, la Champagne et la Lorraine ont subi des chutes de grêle. Certains grêlons possédaient un diamètre d'une balle de ping-pong. De nombreux vignobles ont été touchés par ces intempéries. Trois personnes sont décédées dans l'Aube, écrasées par la chute d'un arbre tombé sur leur voiture au passage des orages. Des records de vent ont été observés par endroits comme à Tonnerre (Yonne) avec une rafale à 130 km/h sous orage.
8. Début de Jeux olympiques sous la pluie le 26 juillet à Paris
Pas de chance pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 dans la soirée du samedi 26 juillet. Après plusieurs heures de temps sec, une zone de pluie est remontée de la Beauce vers l'Ile-de-France, traversant la capitale entre 20 à 23 heures, juste dans le timing des festivités. Les averses ont continué de toucher l'Ile-de-France le 27 juillet avant le retour de conditions plus clémentes les jours suivants. De nouvelles averses ont touché Paris les 31 juillet et 1er août avant l'établissement d'un temps sec durable du 2 au 11 août.
9. Canicule fin juillet-début août
Entre le 28 et le 31 juillet, un dôme de chaleur s'installe sur la France avec de l'air d'origine saharienne qui fait flamber les températures. Les deux tiers de la France passent en alerte canicule de niveau jaune ou orange selon les départements. Les régions d'une large moitié sud sont les plus concernées par les fortes températures. Il fait jusqu'à 38°C à Lyon, 39°C à Bordeaux et Toulouse, 40°C à Carcassonne et près de 41°C à Apt dans le Vaucluse. Sur la moitié nord, la température grimpe à 33°C à Lille, 36°C à Paris et 38,5°C à Tours. Cette vague de chaleur de 2 à 4 jours selon les régions s'est terminée par des orages parfois violents dans le nord et l'est alors que le temps est souvent resté sec du sud-ouest à la Méditerranée.
Un autre épisode de canicule plus durable et étendu se produit du 6 au 13 août en épargnant la partie nord-ouest du pays. Plusieurs nuits tropicales (températures minimales supérieures à 20°C) sont observées dans les grandes agglomérations. Les journées des 11 et 12 août sont les plus chaudes. Le thermomètre grimpe à 37°C en région parisienne et à plus de 40°C dans le sud-ouest avec jusqu'à 41,7°C au Cap Ferret (Gironde).
10. Fraîcheur automnale précoce à la mi-septembre
Les températures ont été inférieures de -0,4°C en moyenne sur la France en ce mois de septembre 2024, ce qui n'était pas arrivé depuis le mois de janvier 2022. Pendant 31 mois consécutifs, les températures ont été supérieures ou conformes aux normales de saison. A la mi-septembre, une coulée d'air polaire déferle sur la France avec des températures inférieures de 5 à 8°C aux normales de saison. Les premières neiges se produisent dès 500 m en montagne et des gelées très précoces sont observées localement du Massif-Central au nord-est.
11. Passage de l'ex-ouragan Kirk le 9 octobre
La dépression Kirk qui a traversé la France de la Vendée à la Lorraine le 9 octobre a provoqué des dégâts importants liés aux pluies plus qu'au vent. Cet ancien ouragan des latitudes tropicales a eu une trajectoire atypique, remontant en direction du golfe de Gascogne et la France. A son atterrissage sur notre hexagone, un épisode de pluie exceptionnel a provoqué crues et inondations des Pays de la Loire au Bassin parisien. Des vents forts ont balayé le sud et l'est du pays.
12. Episode cévenol remarquable à la mi-octobre
Entre le 16 et le 18 octobre, les pluies ont été exceptionnelles dans les Cévennes et dans une moindre mesure sur la partie est de l'Auvergne et le sud de la région lyonnaise. Il est ainsi tombé jusqu’à 864 mm à la Croix-de-Bauzon (Ardèche), 694 mm à Mayres (Ardèche) et 562 mm à Villefort (Lozère). Ces lames d’eau représentent deux à deux mois et demi de pluie pour ces stations. Les fortes pluies, associées à des orages, sont remontées en direction du Lyonnais dans la matinée de jeudi et ont concerné le bassin versant de la Loire et du Gier. On a relevé jusqu’à 191 mm à Saint-Sauveur-en-Rue dans la Loire. Crues et inondations ont fait l'actualité. Les villes d'Annonay en Ardèche et de Rive-de-Gier dans le Rhône ont subi de graves inondations.
13. Episode de neige précoce le 21 novembre au nord
En lien avec le passage de la tempête Caetano sur l'ouest et le sud de la France, de l'air froid et humide circule de la Normandie et du Bassin parisien à la Franche-Comté. Il tombe 8 cm à Rouen, 16 cm à Roissy et plus de 20 cm sur certains plateaux du Vexin et de Normandie. A Paris-Montsouris, avec 4 cm observés, il faut remonter à 1967 pour retrouver cette hauteur de neige au sol. En soirée du 21 novembre, d'importantes chutes de neige touchent les régions de Montbéliard et Belfort en Franche-Comté avec 20 à 25 cm et d'importantes difficultés de circulation.
14. Passage de la tempête Darragh le 7 décembre
La tempête Darragh a balayé les Îles Britanniques avant de concerner la France et de plonger en Méditerranée. Elle a entraîné dans son sillage des vents violents en Manche, près de l'Atlantique ainsi qu'en Languedoc-Roussillon. De fortes chutes de neige ont concerné les Pyrénées. En mer, des vagues de plus de 10 mètres de haut ont été mesurées au large d'Ouessant et de Belle Île en mer. Heureusement, les coefficients de marée relativement faibles (55) limitent les risques de submersions au moment des pleines mers.