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Climat de septembre en France : la saison des épisodes méditerranéens commence

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Chaque début de mois, La Chaîne Météo vous présente les principales caractéristiques climatiques qui règnent à cette époque de l'année en France métropolitaine. Le mois de septembre est encore un mois estival où des vagues de chaleur sont encore possibles, mais la baisse des températures commence à se faire sentir surtout les matins, dans un contexte où les jours raccourcissent rapidement. Mais c’est surtout le mois où les épisode méditerranéens, très redoutés, débutent au sud de la France. Voici ce que peuvent vous réserver les mois de septembre en France.

Le mois de septembre est le premier mois de l’automne météorologique, tandis que l’automne calendaire survient au moment de l’équinoxe, autour du 21 septembre. Septembre est cependant encore un mois aux caractéristiques estivales, mais parfois marqué par des périodes fraîches qui contrastent fortement avec les chaleurs de l’été finissant. Les amplitudes thermiques sont donc très marquées, ce qui est une caractéristique des intersaisons. Ce mois est également caractérisé par la survenue des premiers épisodes méditerranéens : c’est l’un des trois mois les plus à risque avec octobre et novembre, sachant que 57% de ces épisodes surviennent en automne.

Températures de septembre : la baisse s’amorce

© La Chaîne Météo

Au sortir de l’été, les mois de septembre peuvent présenter plusieurs scénarios, très variables d’une année à l’autre : soit la chaleur se maintient et l’été joue les prolongations, pour le plus grand plaisir des vacanciers d’arrière-saison, soit les premiers coups de fraîcheur se produisent, pouvant apporter les premiers saupoudrages éphémères de neige en moyenne montagne, voire même parfois les premières gelées précoces en campagne. Ainsi, entre le début et la fin du mois, les températures perdent en moyenne 3°C sur le pays. Dans le même temps, la durée du jour diminue de plus de 2 heures. Septembre est marqué par de forts contrastes de températures, avec des amplitudes importantes entre les matinées parfois fraîches et les après-midi encore chaudes. Au sein d’une même journée, par ciel dégagé, on peut ainsi passer de +3°C le matin à 25°C l’après-midi. De même, de fortes amplitudes commencent à se faire sentir en quelques jours, dès lors que le vent du nord fait descendre sur notre pays les premières coulées d’air froid d’origine polaire. Evidemment, ces amplitudes restent sans commune mesure avec celles parfois mesurées en Amérique du Nord, où la ville de Denver (Colorado) a pu passer de 38°C à 2° en l’espace de 24h, avec l’arrivée de la neige, en septembre 2020 !

Ainsi, les valeurs extrêmes observées en septembre en France sont de -7° à Mouthe (25) le 21 septembre 1962 et de 40°C à Ajaccio le 17 septembre 1975.

Valeurs extrêmes principales relevées en septembre

Min Max

-7,1°C à Mouthe (25), 20 sept 1962 40,5°C à Cambo-les-Bains (64), 7 sept 2016

-3,8°C à Bar-le-Duc (55), 17 sept 1971 38,7°C à Biarritz (64), 7 sept 2016

-3,4°C à Charleville (08), 30 sept 2018 36,8°C à Clermont-Fd (63), 16 sept 1987

-3,1°C au Puy (43), 27 sept 1972 36,8°C à Nîmes (34), 17 sept 2019

-3°C à Clermont-Fd (63), 24 sept 1928 36,2°C à Paris, 2 sept 1895

© La Chaîne Météo

Evolution climatique : des vagues de chaleur tardives plus fréquentes

© La Chaîne Météo

Le mois de septembre est le mois de l’année qui s’est le moins réchauffé en France, avec une hausse moyenne de seulement 0,9°C depuis 1945. Ainsi, depuis le début du XX ème siècle, on trouve une alternance de mois de septembre très chauds et parfois très frais, de façon assez aléatoire, sans cycle apparent. Ainsi, les archives météorologiques révèlent que les mois de septembre les plus chauds auraient été ceux de l’année 1895 et de 1949. Plus près de nous, les mois de septembre 2006 et 2016, et surtout 2023, ont été également très chauds. Les séquences froides sont également assez dispersées, avec en particulier 1931 et 1971, ce dernier réunissant la plupart des records de froid (gel et neige précoces). On note néanmoins une majorité de mois de septembre plus chauds que la moyenne depuis les années 2000, à l’instar des autres mois de l’année.

Ensoleillement en septembre : plutôt généreux

© La Chaîne Météo

Le mois de septembre est majoritairement un mois sec et ensoleillé, car à cette époque de l’année, les hautes pressions prédominent sur le continent alors que les dépressions se forment en Méditerranée. Certes, avec la Corse la région la plus ensoleillée reste la PACA, mais la différence entre le nord et le sud de la France est le moins marqué de l’année, avec en particulier un ensoleillement généreux sur l’arc atlantique et en Midi-Pyrénées (souvent davantage de soleil qu’en août). Les épisodes de mauvais temps autour de la Méditerranée, bien que violents, ne sont généralement pas assez durables pour diminuer de façon perceptible les heures d’ensoleillement au sud-est.

Précipitations en septembre : les épisodes méditerranéens

© La Chaîne Météo

Le mois de septembre est assez sec mais propice aux premiers épisodes pluvio-orageux dans le sud de la France. Cependant, bien que souvent violents avec des cumuls parfois impressionnants, ces épisodes ne durent pas plus de 1 à 3 jours en général, de telle sorte que le sud-est de la France est la zone qui compte encore le moins de jour avec de la pluie sur l’hexagone. Mais là aussi, à l’instar de l’ensoleillement, le nombre de jour avec pluie est assez égal sur l’ensemble du pays, gommant le dégradé nord-sud habituel. Ainsi, le bassin parisien et le Val de Loire sont moins arrosés que l’Aquitaine par exemple. Il tombe en moyenne 63 mm en septembre à Strasbourg, 47 mm à Paris, 80 mm à Montpellier et 84 mm à Bordeaux, autant qu’à Brest. Le mois de septembre mérite bien sa réputation de « beau mois d’arrière-saison » pour les vacanciers.

Principaux évènements météo survenus en septembre depuis 1900

Pluie, orages et inondations

Les mois de septembre sont propices aux premiers épisodes méditerranéens, même si cette période est encore considérée comme précoce dans ce cas. On note plutôt des orages de fin d’été dont l’ampleur est moindre. Mais certains épisodes cévenols majeurs se sont produits en septembre.

1900 : fin septembre, un épisode cévenol de 6 jours donne lieu à l'un des records de pluie en 24 h en France métropolitaine avec près de 1000 mm à Valleraugue (Gard) en un jour.

1958 : un épisode cévenol majeur se produit les 29 et 30 septembre. La commune d’Anduze (30) est ravagée. On déplore une trentaine de victimes.

1959 : le 25 septembre, c’est au tour des Landes de subir de graves inondations (crue inhabituelle de l’Adour pour la saison).

1980 : crue exceptionnelle du haut bassin de la Loire et de ses affluents : il tombe plus de 300 mm par jour sur les reliefs cévenols. La plaine du Forez (42) est particulièrement sinistrée. On déplore 8 morts.

1992 : catastrophe de Vaison-la-Romaine, l’une des tragédies les plus marquantes survenue en France métropolitaine. Un orage stationnaire provoque la crue de l’Ouvèze, laquelle ravage la commune de Vaison-la-Romaine (Vaucluse), faisant 47 morts. Il tombe plus de 200 mm en 4h30, avec un total de plus de 440 mm sur les deux jours.

1992 : les 26 et 27 septembre, un nouvel épisode très pluvieux frappe durement la commune de Rennes-les-Bains dans l’Aude.

2002 : catastrophe du Gard les 8 et 9 septembre. Il s’agit d’un évènement majeur et précoce, d’une grande extension géographique. Les cumuls atteignent jusqu’à 700 mm sur les Cévennes. On compte 27 morts et 12 disparus à l’époque.

2005 : du 5 au 9 septembre, épisode orageux majeur avec des inondations dans le Gard. Il tombe de 400 à 600 mm dans le secteur de Nîmes. Les dégâts sont considérables (réseau routier et bâtiments sinistrés).

2020 : le 19, un épisode cévenol très concentré sur le massif de l'Aigoual provoque l'un des plus forts cumuls de pluie en 24 h en France (avec les années 1900 et 1958), avec près de 700 mm à Valleraugue (Gard), occasionnant des crues très brutales.

Valleraugue (30) © Vincent Lhermet

Vagues de chaleur tardives

Les vagues de chaleur, parfois fortes, sont fréquentes en septembre. La plus sévère semble revenir à l’année 1875 où Paris avait battu son record absolu (36,2°C). Le mois de septembre 1947 et 1949 ont été également très chauds. Plus près de nous, des records avaient été battus aussi en première quinzaine de septembre 2016, qui fait référence parmi les plus chauds.

1911 : le record de Paris pour le 20ème siècle avec 35,6° / 35° à Brest / 38° à Toulouse.

1947 : longue période chaude avec plus de 5 jours consécutifs à 30°C sur la France, comme à Paris où il fait jusqu’à 33,2°C le 15 septembre et 33,4°C à Strasbourg.

1949 : le mois de septembre le plus chaud deouis 1900 avec jusqu’à 38° à Cazaux / 36° à Bordeaux / 35° à Angers et Paris.

1961 : le 2ème mois de septembre le plus chaud depuis 1900, avec 38° à Tours et Bordeaux / 37° au Mans / 36° à Alençon, Rennes et Caen, et 35° à Rouen.

1962 : gros coup de chaud en début de mois, avec jusqu’à 37°C à Biarritz et Dax, 33°C à Strasbourg.

1973 : vague de chaleur jusqu’au 7 septembre, avec 35,6° à Montauban et 33° à Paris et Reims.

1975 : un coup de vent du sud, le Sirocco, fait monter le thermomètre à 40°C à Ajaccio. Il s’agit des 40°C les plus tardifs jamais observés.

1985 : longue vague de chaleur pendant la 2ème quinzaine de septembre jusqu’en début octobre, avec des températures atteignant 30° à 34° sur l’hexagone tous les jours, et encore 28°C à Paris le 1er octobre !

1987 : du 13 au 21 septembre, une longue vague de chaleur se produit avec des niveaux inédits pour la saison, jusqu’à 38° à Auch et 37° à Clermont-Fd.

2006 : la première quinzaine est très chaude avec des valeurs atteignant 36,6° à Dax et 32,9°C à Caen (14).

2011 : vague de chaleur tardive du 25 septembre au 4 octobre, avec des valeurs records pour la saison, jusqu’à 31°C en Bretagne.

2013 : coup de chaleur les 4 et 5 septembre, avec de 32°C à 34°C sur toute la France (33° à Paris).

2016 : la première quinzaine est l’une des plus chaudes depuis 1900, avec des températures records quasiment tous les jours, avec 38,7°C à Biarritz, 35,8°C à Nîmes et 40,5°C à Cambo-les-Bains (64).

2020 : une vague de chaleur notable et tardive concerne les deux tiers sud-ouest et nord-est de la France du 13 au 19 : de nombreux grands records sont battus, avec 34° à Nancy, 35° à Lille et au Mans, et des pics à 37°C en Aquitaine. On relève aussi 36°C à Bourges et 35°C à Paris.

2023 : vague de chaleur historique, rivalisant presque avec celle de 1911. On relève 8 à 10 jours à plus de 30°C du centre-ouest au bassin parisien et à la Normandie, avec de nombreux records mensuels : 37°C à Poitiers, 36,4°C à Bourges, 35,5 à Chartres, 35,4°C à Evreux, et jusqu'à 36,5°C à Paris - jardin du Luxembourg

Les principales vagues de chaleur en septembre © La Chaîne Météo

Fraicheur précoce

Certains mois de septembre ont connu des coups de fraîcheur parfois remarquables. Des gelées en plaine se sont parfois produites (alors que les dates moyennes des premières gelées se situent plutôt entre la mi-octobre et la fin novembre selon les régions). La neige n’est pas rare en moyenne montagne, mais ne tient jamais bien longtemps. Il est étonnant de constater que certaines séquences froides interviennent souvent au sein d’un mois chaud, avec de très fortes amplitudes thermiques.

1928 : il gèle à -3°C à Clermont-Fd (63).

1931 : un mois froid avec des gelées quasi quotidiennes, de 0°C à -3°C (en Bourgogne). Déficit de -4°C au niveau national. Il neige dès 600 m d’altitude.

1972 : le mois est froid avec des gelées quasi quotidiennes, les plus précoces depuis septembre 1945. (déficit de -3°C au niveau national).

2003 : après le mois d’août caniculaire, quelques nuits dégagées entraînent des gelées précoces (-2°C à Charleville-Mézières le 25 septembre).

2007 : une goutte froide plonge sur la France. Sous les giboulées, les températures ne dépassent pas 11°C à 13°C à la fin du mois et il neige en montagne dès 1400 m (de 20 à 30 cm). Des orages de grêle frappent la Côte d'Azur.

2017 : froid précoce en milieu du mois avec de la neige qui saupoudre les monts d’Auvergne au-dessus de 1500 m d’altitude.

2018 : la fin septembre est froide au sein d’un mois pourtant supérieur aux moyennes. On relève des records de températures maximales basses (13,7°C à Lille).

2019 : matinée bien fraîche le 6 septembre avec la première gelée dans l’Oise (-0,4°C).

2020 : même contexte que fin septembre 2007 : le 25, une descente d'air polaire provoque des orages et giboulées avec des températures entre 11° et 13° après deux semaines de chaleur. Des records de températures maximales basses datant de 1931 sont battus (9,5°C à Nancy). La neige tombe en abondance sur les massifs dès 1300 m d'altitude (30 à 50 cm sur les Alpes et Pyrénées). Des records de froid sont battus en haute montagne (-13° dans les Alpes).

2024 : une vague de fraîcheur notable précoce se produit avant la mi-septembre avec quelques gelées sous-abri et une journée au 3ème rang des plus fraîches depuis le début des relevés.

© Guillaume Séchet

Les tempêtes

Le mois de septembre n’est pas un mois tempétueux car les dépressions atlantiques circulent davantage sur les hautes latitudes et ne sont pas aussi creuses qu’en hiver. Cependant, la Méditerranée est parfois le siège de brusques coups de vent en liaison avec les épisodes méditerranéens. Voici quelques tempêtes remarquables survenues en septembre :

1947 : 25 et 26 septembre, un « médicane » circule des Baléares vers la Côte d’Azur, avec des vents atteignant 162 km/h à Toulon (Var). Cet épisode reste comme l’un des plus puissants au sud-est de la France.

1983 : le 30 septembre, un médicane frappe la Corse avec des rafales à 150 km/h.

1993 : les 12 et 13 septembre, l’ex tempête tropicale Floyd aborde le nord-ouest de la France et provoque une tempête, avec 158 km/h à Belle-Ile et généralement 140 km/h sur les Pays de la Loire et le Poitou-Charentes.

2020 : le 25, en liaison avec l'arrivée d'air froid, la tempête Alex balaie le sud de la France. Les vents sont tempétueux sur les littoraux avec 114 km/h à Socoa, 139 km/h à Perpignan (record mensuel) et 195 km/h à Cagnano (Corse).

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