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Episodes méditerranéens : moins fréquents mais plus violents ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

La récurrence dramatique de plusieurs épisodes pluvio-orageux sur les départements du pourtour méditerranéen cet automne peut laisser penser que cela ne s'était jamais produit auparavant, pointant du doigt les effets possibles du réchauffement climatique. Or, les archives démontrent que ces phénomènes extrêmes font partie intégrante du climat méditerranéen depuis toujours. Quelle est donc l'évolution globale de ces phénomènes? Peut-on dégager une tendance liée au réchauffement climatique? Analyse de La Chaîne Météo.

Le climat méditerranéen est constitué de contrastes alternant de longues périodes de sécheresse et d’intenses épisodes pluvieux qui reviennent souvent à la même période de l’année : l’automne. Ce phénomène récurrent est appelé « mousson méditerranéenne » par les géographes, même si le terme « mousson » évoque de prime abord le climat de l’Inde. Et pourtant, d’autres climats présentent des similitudes, comme le sud des Etats-Unis, et dans une moindre mesure la Méditerranée. C’est dans ce contexte que le sud-est de la France affronte à cette époque de l’année des crues souvent dévastatrices.

© La Chaîne Météo

Des épisodes habituels autour de la Méditerranée

D'une façon générale, les épisodes méditerranéens sont incontournables dans ces régions : c'est une dominante du climat. Aussi loin que remontent les archives, on trouve des témoignages de grandes catastrophes. Le département du Gard est le plus exposé aux épisodes cévenols, et on retrouve des archives historiques de grandes catastrophes (17 août 1697 à Valleraugue, ou encore novembre 1907 où l'Orb atteint 12,5 m à Béziers).

On se souvient des drames de Nîmes en 1988 (11 morts), de Rennes-les-Bains (Aude) et Vaison-la-Romaine en 1992 (42 victimes) ou de Puisserguier (Hérault) en 1996. L’ampleur des drames de l’Aude en novembre 1999 (34 victimes) et du Gard en septembre 2002 viennent, après une décennie déjà chargée en inondations meurtrières, nous rappeler que les précipitations diluviennes automnales sont récurrentes, avec chaque fois, les mêmes images de désolation et les mêmes bilans catastrophiques.

La décennie 1990 / 2000 compte parmi les plus fortes intempéries qui se sont produites en France métropolitaine depuis 1950. Mais globalement, on dénombre de 3 à 5 épisodes lors des années les plus actives. Depuis 2003, la fréquence de ces épisodes méditerranéens a diminué, certaines années présentant une faible activité comme en 2016 et 2017, d'autres étant plus violentes comme 2014, où 9 épisodes se sont produits pendant l'automne.

© La Chaîne Météo

Peut-on dégager une tendance forte?

A la lecture de ces archives, aucune évolution particulière de fréquence ou d'intensité de ces épisodes méditerranéens ne semble se détacher véritablement. Les données météorologiques permettent une analyse fine depuis les années 1950. Ces données recoupent la fréquence (le nombre) et l'intensité (les cumuls pluviométriques) de ces épisodes. Les travaux de recherche menés à ce sujet ne mettent pas en évidence de tendance claire d'évolution du nombre d'épisodes, qui reste marquée par une forte variabilité interannuelle, mais la tendance de fond indique une relative diminution de fréquence alors que les intensités semblent augmenter. Ainsi, les épisodes méditerranéens seraient un peu moins fréquents mais à priori plus intenses.

© La Chaîne Météo

Quel lien avec le réchauffement climatique ?

La question du lien avec le réchauffement climatique reste posée mais non élucidée. Des études sont en cours à ce sujet, la Méditerranée étant un "hot spot" du changement climatique, c'est à dire une zone particulièrement sensible et réactive. A ce jour, il n'y a donc pas de signal particulier quant à l'évolution du climat méditerranéen en liaison avec le réchauffement climatique contemporain. Les diverses études semblent aboutir à la conclusion suivante : le nombre d'épisode n'augmentera pas, avec une possible diminution des précipitations autour de la Méditerranée jusqu'au milieu de ce 21 ème siècle, avant une éventuelle reprise de fréquence et d'intensité des épisodes à la fin du 21 ème siècle. Ces résultats sont issus des calculs numériques et restent encore un défi pour les climatologues, mais commencent à mettre en évidence une évolution qui serait assez proche de celle des ouragans, notamment en Atlantique nord : alors que certains pensaient que leur nombre augmenterait dans ce contexte, on s'aperçoit désormais que ce n'est pas le cas. En revanche, il semblerait que leur violence soit également accentuée. C'est peut-être une signature du changement climatique, mais il faudra clairement attendre la fin du siècle avant de pouvoir identifier une tendance nette.

Sources :

- Analyse spatiale de la tendance des précipitations journalières extrêmes dans le sud de la France (Juliette Blanchet, Gilles MoliniéJulien Touati) - Evolution future des précipitations extrêmes en Méditerranée (Yves Tramblay / Samuel Somot) - MedCORDEX - CNRM / Météo France

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