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Jusqu'à 15°C d'amplitude en deux semaines : comment expliquer les variations de température de cet hiver ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Depuis le début du mois de décembre, notre hiver souffle le froid et le chaud. Ces variations ont été importantes et surtout étonnamment réglées par quinzaine. Il semblerait que ce régime d'alternance se maintienne en février. Comment expliquer ces variations ?

Jusqu'à présent, notre hiver n'est pas froid, avec, en moyenne, +0,6°C en décembre et +0,9°C pour ce mois de janvier. Ces chiffres masquent des disparités très importantes avec des variations de près de 15°C qui ont pu s'observer en décembre et en janvier en raison, notamment, du jet stream.

Une alternance de quinzaines froides et très douces

Un hiver atypique © La Chaîne Météo

Décembre avait surpris par l'arrivée d'un froid durable en première quinzaine avec des températures situées 2 à 3°C sous les moyennes, et des minimales qui étaient descendues jusqu'à -18°C par exemple en Lorraine. Cette situation durable laissait même penser que décembre serait possiblement le plus froid depuis 2010. Or, un rapide et puissant redoux s'est mis en place le 18, pour persister durablement avec des températures entre +4 et +5°C au-dessus des moyennes. La dernière décade a même été la plus douce jamais observée depuis 1947 avec de nombreux records mensuels.

La même configuration s'est reproduite en janvier, mais de façon inversée. La grande douceur s'est maintenue du 1er au 16, avec des températures supérieures de +4,5°C au-dessus de la normale. À partir du 16, un net refroidissement s'est mis en place, avec des épisodes neigeux jusqu'en plaine, avant un léger redoux en toute fin du mois. À chaque fois, les anomalies douces ont été plus fortes que les anomalies froides, signe que, dans le contexte du réchauffement climatique, nos hivers sont désormais moins rudes que par le passé.

Ondulations du jet stream et décrochage du vortex polaire

Ondulations du jet stream © La Chaîne Météo

Ces blocages météorologiques trouvent une partie de leurs causes dans le comportement du jet stream, ce vent de haute altitude qui fait le tour de l'hémisphère nord d'ouest en est. Plus il circule rapidement, plus les dépressions balaient les moyennes latitudes dont font partie l'Europe de l'Ouest et la France. Lorsqu'il perd de la vitesse, il se met à onduler comme les méandres d'une rivière, entraînant des coulées d'air froid vers le sud et de grandes vagues de douceur vers le nord.

Nous assistons parallèlement à des décrochages du vortex polaire, la masse d'air glaciale qui recouvre la zone arctique, et qui se détache de la zone polaire lorsque le jet stream plonge vers le sud, provoquant d'intenses vagues de froid. Par effet de vases communicants, les descentes d'air froid s'accompagnent des remontées d'air doux sur d'autres zones, un peu à l'image de ce qui s'est passé à Noël. Au moment où les États-Unis subissaient une vague de froid historique, l'Europe de l'Ouest battait des records de douceur. Une fois que ces masses d'air sont bien installées, des zones de hautes pressions se forment, appelées anticyclones, qui ont la particularité d'être très vastes et très puissants, et sont, ensuite, lents à déloger. Ils peuvent ainsi être responsables de situations météo stables comme celles que nous avons connues depuis le début de notre hiver.

Les blocages anticycloniques pourraient se prolonger en février

Anticyclone froid sur l'Europe la semaine prochaine © La Chaîne Météo

Après le bref redoux de la fin janvier, la première décade de février sera, à nouveau, soumise à l'influence d'un anticyclone regonflant sur l'Europe centrale. Cette situation, qui devrait persister une dizaine de jours, engendrera des vents d'est avec un temps sec et froid. Pour la suite, la deuxième quinzaine de février pourrait être à nouveau plus douce. Ces alternances anticycloniques ne permettent pas au flux perturbé océanique de s'installer longtemps, ce qui explique le relatif déficit pluviométrique qui persiste dans certaines régions et qui limite le remplissage correct des nappes phréatiques.

Ces situations météorologiques bloquées semblent plus fréquentes dans l'actuelle décennie, alors qu'à l'inverse, la décennie 1990 - 2000 avait été marquée par une récurrence de flux perturbé générateurs de tempêtes et d'inondations. Selon certaines études (1), le réchauffement climatique pourrait favoriser ce type de situation, en lien avec le ralentissement du jet stream et la prédominance de ceintures anticycloniques très puissantes, là où devraient plutôt circuler les dépressions.

(1) une étude publiée en 2012 soulignait déjà cette possibilité : Les modèles globaux projettent-ils plus de blocages anticycloniques en Europe pour le futur ?

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