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Météo : ces 10 évènements qui ont marqué 2021 dans le monde

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Cette année a été marquée par de grands extrêmes de température, avec des canicules et des vagues de froids parfois remarquables. Des inondations historiques ont concerné plusieurs pays européens. Au total, les températures planétaires sont les moins chaudes depuis 2014 en raison de la Nina. Nous vous proposons de revenir sur les principaux évènements météo qui ont marqué cette année 2021 dans le monde.

Cette année 2021 devrait se situer en 10ᵉ place des années les plus chaudes, en égalité avec 2014. Alors que l’année dernière avait été majoritairement concernée par des épisodes de chaleur et de grands incendies à travers la planète, les phénomènes météorologiques ont été, cette année, plus contrastés au niveau des températures, avec le retour de fortes anomalies froides contrastant avec les anomalies chaudes, encore majoritaires. Certaines zones du monde ont été épargnées par les sécheresses et les grands incendies, comme l’Australie, qui a retrouvé des températures normales et une pluviométrie très excédentaire. Le nombre d’ouragans en Atlantique nord est resté élevé, en raison de la Nina, mais avec des impacts relativement peu nombreux sur les terres habitées. D’autres zones de notre planète ont connu des canicules historiques, tel le Canada et certains pays européens, ainsi que des inondations parfois historiques, comme celles survenues en plein été en Allemagne et en Belgique.

Voici les principaux événements que nous avons retenus pour cette année 2021, et que vous retrouvez dans notre vidéo présentée par notre météorologue Régis Crépet.

9 janvier : tempête de neige remarquable en Espagne

Le mois de janvier a été relativement froid en Europe de l’Ouest avec des coulées d’air polaire descendant jusqu’en Méditerranée. Dans ce contexte, la conjonction de l’air froid présent sur l’Espagne et d’une dépression remontant d’Afrique du Nord a provoqué une grosse tempête de neige sur les plateaux du centre du pays, dont l’altitude supérieure à 600 m a amplifié le phénomène. Madrid a été paralysée par 50 cm de neige, ce qui n’était pas arrivé depuis les années 1980.

2 février : Blizzard notable à New York

Alors que l’hiver n’était pas particulièrement rigoureux en Amérique du Nord, une dépression très creuse est remontée le long de la côte est. Ce phénomène, appelé « northeaster », c’est-à-dire « tempête au nord-est », a provoqué un blizzard remarquable sur New York ainsi que sur les États limitrophes. Central Park a enregistré 50 cm de neige, ce qui en fait la plus importante chute de neige depuis 10 ans.

15 février : Vague de froid historique au Texas

L’hiver restera marqué par cette extraordinaire descente d’air polaire depuis le Canada jusqu’au Golfe du Mexique. Cette situation se produit tous les ans, mais cette fois-ci, l’intensité de la vague de froid figure dans les records parfois absolus. Des températures de -40°C à -45°C ont été relevées au Canada et dans le nord des États-Unis. Fait encore plus remarquable, l’air glacial s’est engouffré jusque sur le Texas en liaison avec une forte dépression circulant sur le pays. Un blizzard s’est produit le 15 février sur des zones où la neige est extrêmement rare, privant des millions de foyers d’électricité. Les températures ont plongé à -20°C dans l’intérieur du Texas, et jusqu’à -8°C sur le bord de mer.

Fin juin : Canicule au Canada

L’été 2021 a été marqué par d’intenses vagues de chaleur provoquées par des blocages anticycloniques, appelés « dôme de chaleur ». Ce fut le cas dans l’ouest du Canada fin juin, notamment en Colombie-Britannique, au climat pourtant tempéré, assez frais et humide. De l’air brulant est remonté de Californie et d’Arizona, où des valeurs extrêmes ont été relevées, jusqu’à 46°C. Mais en se bloquant sur les montagnes rocheuses (Colombie-Britannique, Oregon, État de Washington), la chaleur s’est accumulée jusqu’à atteindre des pics à 50°C, pulvérisant tous les records. De gigantesques incendies de forêt se sont propagés, détruisant des villages tel celui de Lytton.

Juillet : Inondations meurtrières en Allemagne et en Belgique

Dans le contexte d’un été instable et plus frais que les précédents en Europe de l’ouest, de fréquents passages pluvio-orageux se sont produits. À la mi-juillet, une dépression s'est formée sur les pays du Benelux, appelée « goutte froide », car surmontée d’air froid en altitude. Cette situation a entrainé des pluies torrentielles pendant 36 heures aux confins de l’ouest de l’Allemagne, du Luxembourg et de la Belgique. Les cours d’eau ont débordé très rapidement, convergeant notamment vers la Meuse, qui a connu une crue centennale à Liège (Belgique). Le bilan humain s'est élevé à 200 morts, dont 169 en Allemagne.

Août : Canicule et incendies de forêts en Grèce et en Algérie

Après l’ouest du Canada, le bassin méditerranéen a connu une longue période caniculaire en août, avec des températures records en Grèce, Italie et en Afrique du Nord. La barre des 50°C a parfois été atteinte, comme au Maghreb. On a relevé 48,8°C en Sicile, ce qui devient la plus haute valeur enregistrée en Europe (sous réserve de validation officielle ultérieure par l'Organisation Météorologique Mondiale). Cette vague de chaleur a entrainé des incendies de forêt dévastateurs en Grèce et en Turquie, puis surtout en Algérie, où le bilan humain a été dramatique (90 morts).

2 septembre : Inondations à New York

Une nouvelle fois dans l'année, New York a subi des intempéries au début du mois de septembre. Un ancien ouragan, baptisé Ida, est remonté du Golfe du Mexique jusque sur la côte Est des États-Unis, et a stagné 24 heures sur New York, la Pennsylvanie, le Connecticut et le New Jersey. Il est tombé en une nuit de 100 à 300 mm de pluie, provoquant des inondations meurtrières, avec un bilan s’élevant à 44 victimes. À New York, le record absolu de pluviométrie a été battu avec 180 mm en 12 heures.

Fin novembre et début décembre : Vagues de froid dans l’hémisphère nord

Alors que les anomalies froides étaient peu fréquentes ces derniers hivers dans l’hémisphère nord, le froid a fait son apparition précoce en Europe dès le mois de novembre. Une vague de froid remarquable s’est installée en Scandinavie, où la barre des -40°C a été atteinte. Il s’agit de la vague de froid la plus intense depuis 2010. Par ailleurs, les températures plongent à -61°C début décembre en Sibérie, ce qui n’était pas arrivé aussi tôt dans la saison depuis les années 1980. La barre des -60°C n’avait pas été atteinte depuis 2008 en Russie. L’Alaska a connu également une intense vague de froid dans le même temps, avec certains records de froid vieux d’un siècle battus, de même qu’au Yukon (Canada) avec -47,4 °C.

10 décembre : Tornades meurtrières et exceptionnelles aux États-Unis

Cette série d’évènements météorologiques violents s'est poursuivie début décembre avec un "out break" (c'est-à-dire une vague) de tornades exceptionnelles pour la saison aux États-Unis. Dans la nuit du 10 au 11 décembre, une série de tornades s'est abattue sur le centre sud des États-Unis, causant au moins 94 morts et des dizaines de blessés. Les États concernés ont été le Tennessee, l'Arkansas, le Missouri, l'Illinois et le Kentucky, qui a été l'État le plus touché avec au moins 80 morts. L’une de ces tornades, la plus dévastatrice, a parcouru plus de 300 km, un record, détruisant notamment la ville de Mayfield (Kentucky).

Ces tornades sont survenues dans un contexte de grande douceur exceptionnelle pour la saison sur les USA, à l’approche d’un puissant front froid orageux. Le conflit de masse d’air a été le détonateur de ces tornades d’une violence historique pour la saison.

Bilan provisoire : une année moins chaude que les précédentes

Cette année 2021 a présenté de grands contrastes de températures. Le phénomène La Nina a accentué certains de ces phénomènes, en particulier les vagues de froid hivernales ainsi que le nombre élevé d’ouragans, mais dont les effets sont restés heureusement assez peu nombreux sur les littoraux.

Un bilan provisoire élaboré en décembre indique que cette année 2021 pourrait se classer à la 10 ème position des années les plus chaudes, ex æquo avec 2014. Cela a permis notamment aux banquises d’atteindre de grandes extensions records en Antarctique, qui a connu son 3ème hiver le plus froid depuis le début des relevés, et d’être en meilleure position en Arctique depuis les 8 dernières années, tout en restant dans la moyenne basse de référence. La courbe d’évolution des températures planétaires met bien en évidence le pic de 2016, correspondant à l’épisode El Nino, puis la relative baisse de cette année 2021. Cependant, on observe aussi que l’année 2020 avait été la 2ème la plus chaude, pourtant soumise au régime de la Nina. À ce sujet, la Nina est prévue s’estomper au printemps 2022, ce qui sera peut-être synonyme d’une reprise de la hausse des températures.

En conclusion, l'année 2021 a présenté son lot de phénomènes météorologiques violents, dans une proportion statistiquement habituelle. Même si le nombre d'ouragans a été élevé en Atlantique Nord, les dommages sont restés limités car la plupart de ces phénomènes sont restés en mer. Les excès de température ont été très marqués, entre les vagues de chaleur et les vagues de froid, ce qui fait une différence notable par rapport à l'année précédente, qui avait été surtout caractérisée par de fortes anomalies chaudes généralisées.

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