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Bilan de l'hiver 2019-2020 en France : le plus doux depuis 1900

Cyrille DUCHESNE

Par Cyrille DUCHESNE, météorologue
mis à jour le

L'hiver météorologique se termine ce samedi 29 février. La Chaîne Météo dresse donc un bilan de cet hiver 2019-2020 qui se situe au premier rang des hivers les plus doux depuis 1900 pour la France métropolitaine.

A la date du 28 février, l'hiver 2019-2020 présente un excédent de température de +2,7°C par rapport à la normale calculée sur la période 1981-2010. Il s'agirait donc de l'hiver le plus doux depuis plus d'un siècle, juste après l'hiver 2015-2016 (+2,6°C) et l'hiver 1989-1990 (+2,0°C).

© La Chaîne Météo

C'est du nord-est au centre-est que l'excédent de températures a été le plus important (+3,2°C à Strasbourg, Dijon et Lyon et +3,4°C à Besançon). Le mois de février est le mois le plus doux de l'hiver avec un excédent qui s'élève à 3,6°C au 20 février contre 2,4°C pour décembre et 2,2°C pour le mois de janvier.

© La Chaîne Météo

Les précipitations au cours de cet hiver ont été globalement proches des normales de saison avec des différences régionales entre les régions du nord bien arrosées et les régions allant du sud-ouest au centre-est déficitaires en précipitations. Dans le sud-est, on observe un déficit pluviométrique important sur les plaines du Languedoc avec -60% de déficit à Montpellier. En PACA et Corse, si le mois de décembre a été très arrosé, janvier et février ont été des mois secs si bien qu'au final on observe un léger déficit pluviométrique sur ces régions.

L'ensoleillement de cet hiver 2019-2020 a été plutôt généreux avec un excédent de l'ordre de 11% en moyenne sur la France.

Moitié moins de jours de gel que d'habitude

En moyenne sur la France (basée sur 20 grandes villes), on compte 29 jours de gel au cours des 3 mois d'hiver. Cet hiver la moyenne n'est que de 14 jours soit un déficit d'un peu plus de 50%. C'est dans l'extrême sud que le déficit de jours de gel est le plus important. On a observé seulement 2 jours de gel à Perpignan contre 10 jours en moyenne et 3 jours de gel à Marignane contre 23 jours habituellement. A Paris-Montsouris, on a comptabilisé seulement 8 jours avec gelées pour une moyenne d'une vingtaine de jours.

© La Chaîne Météo

Ce qui a marqué cet hiver est aussi l'absence de fortes gelées. Seulement quelques villes du centre au nord-est ont observé une ou deux gelées inférieures à -5°C (-6,2°C à Nevers, -6,6°C à Nancy, -7,3°C à Reims).

Pas de neige en plaine

© La Chaîne Météo

Si l'hiver dernier avait été marqué par deux épisodes de neige à la fin du mois de janvier sur le nord et l'est du pays, cet hiver 2019-2020 se caractérise par une absence totale de neige en plaine, même sur les régions du nord-est pourtant habitué à subir quelques épisodes neigeux en hiver.

Une saison hivernale difficile en montagne

Si le début de saison a été satisfaisant en montagne avec des chutes de neige abondantes à relativement basse altitude sur nos massifs et notamment sur les Pyrénées. Les pics de douceur à répétition ont rapidement mis à mal ce manteau neigeux. A basse altitude (en dessous de 1500 m), l'enneigement a été très déficitaire tout au long de l'hiver. Les stations alpines ayant un domaine skiable étendu à plus de 2000 mètres d'altitude ont pu conserver un manteau neigeux satisfaisant tout au long de l'hiver même si la pluie s'est parfois invitée jusqu'à 2600 m d'altitude ! Sur les Pyrénées, l'enneigement est devenu largement déficitaire en février avec la présence de conditions anticycloniques associées à de l'air particulièrement doux en altitude.

Plusieurs épisodes de vent violent

Le début de l'hiver météorologique a été particulièrement agité avec plusieurs coups de vent à tempêtes qui se sont succédés sur la France. La tempête Fabien a été la plus violente les 21 et 22 décembre avec 141 km/h enregistré à Bordeaux et des rafales atteignant 170 km/h à Bastia et 216 km/h au Cap Sagro ce qui constitude des records mensuels de vent pour ces deux stations.

Au mois de janvier la tempête Gloria a concerné l'est des Pyrénées et la Méditerranée avec des vents violents et un épisode de très fortes précipitations sur les Pyrénées-orientales et le sud de l'Aude.

A la mi-février, 3 tempêtes nommées Ciara, Inès et Dennis circulent sur le nord et l'est du pays en l'espace de 8 jours. La tempête Ciara est la plus violente avec 165 km/h enregistrée à Gatteville dans le Cotentin, 181 km/h observé au Markstein dans les Vosges et plus de 200 km/h sur le cap Corse.

Pourquoi un hiver aussi doux ?

Depuis le début de l'hiver météorologique, les flux de sud-ouest perturbés dominent avec des dépressions qui circulent fréquemment entre les îles Britanniques et la Scandinavie, véhiculant de l'air doux océanique sur notre pays. Les températures sont donc restées la plupart du temps au-dessus des normales de saison.

L'air froid est resté concentré au niveau des hautes latitudes (vortex polaire sur la zone arctique) et n'a pas réussi à descendre sur le continent européen du fait de la persistance d'un puissant courant jet aux latitudes moyennes. Le seul point positif concerne la zone arctique avec une reconstitution de la banquise qui atteint une extension qui n'avait pas été vue depuis 15 ans.

Au mois de janvier, un puissant anticyclone s'est installé entre les îles Britanniques, le nord de la France et l'Europe Centrale avec des pressions très élevées. Un record national de hautes pressions a même été battu à Abbeville avec 1049,7hPa (ancien record de 1048,9 à la pointe de Chemoulin). Cet anticyclone a apporté quelques jours de temps froid, mais les gelées sont restées modérées (0 à -5°C en général) en plaine. Cet air froid dans les basses couches de l'atmosphère était même surmonté d'air plus doux en altitude. Pour avoir de fortes gelées, il aurait fallu que l'anticyclone soit positionné sur la Scandinavie en s'étendant vers la France pour advecter de l'air très froid continental (le fameux Moscou-Paris).

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