Actualités Météo

Crues : les Cévennes et le Var menacés ces prochaines heures

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

L'épisode méditerranéen qui balaie le sud-est de la France jusqu'à samedi soir est intense. Il faut redouter des réactions des cours d'eau et des risques de crues. Dans ce contexte, la Côte d'Azur sera plus menacée que les Cévennes. Voici pourquoi ?

Un épisode de pluies intenses balaie le sud-est de la France jusqu'à samedi soir. Les départements s'étendant des Cévennes à la Côte d'Azur sont les plus exposés aux abondants cumuls de pluie. Mais le risque d'inondations n'est pas le même partout. Voici les différences.

© La Chaîne Météo

Un ruissellement plus lent mais intense sur les Cévennes

Les reliefs cévenols, en particulier en Ardèche, subissent les plus forts cumuls pluviométriques : jusqu'à 300 mm en 36 heures. C'est beaucoup, l'équivalent de deux mois de précipitations, bien que des valeurs nettement plus conséquentes se sont produites dans le passé, notamment dans les années 2000. Face à ces prévisions pessimistes, on craint des réactions des cours d'eau. L'organisme de Surveillance des Crues "Vigicrues" a d'ores-et-déjà placé ces rivières cévenoles en vigilance. On parle, dans ce cas de figure, d'épisode cévenol.

Le risque de crue est donc important sur ces affluents du Rhône, en particulier le Gard et les gardons, la Cèze et l'Ardèche. Les cours d'eau de l'Hérault sont un peu moins concernés. Il faut redouter la conjonction de ces fortes pluies et de la fonte des neiges sur les Cévennes : une bonne partie du manteau neigeux fond jusqu'à 1600 m d'altitude, pouvant apporter l'équivalent de 50 à 60 mm d'eau en supplément. D'autre part, les sols sont saturés suite aux précédents épisodes : l'infiltration des eaux est plus difficile et plus lent. Dans ce contexte, on peut redouter des montées assez rapides des eaux en fin de nuit de vendredi à samedi, jusqu'à samedi soir.

© La Chaîne Météo

La Côte d'Azur : un risque de crue éclair

Le département du Var est l'autre secteur le plus exposé aux importants cumuls de pluie. Ces pluies sont plus brutales et plus orageuses que sur les Cévennes. Même si les cumuls totaux s'annoncent un peu moins abondants que sur les Cévennes, il peut tomber entre 180 mm et 250 mm en certains secteurs. Dans cette région, les sols sont calcaires et karstiques, c'est à dire truffés de galeries souterraines mais imperméables en surface. Ces sols sont déjà saturés par les précédents épisodes. Deux réactions sont donc possibles : des ruissellements intenses en surface, dévalant les pentes raides et pouvant entraîner des "crues éclairs" en zones urbanisées, ainsi que des débordements des cours d'eau sous l'effet de la saturation des nappes. Ces cours d'eau avaient déjà réagi lors de l'épisode de fin octobre, il s'agit notamment de l'Argens, de l'Huveaune et du Gapeau. Ces crues sont rapides, mais potentiellement dévastatrices.

© Dis-Leur !

L'urbanisation : un facteur aggravant

L'urbanisation importante de la Côte d'Azur est un facteur de risque supplémentaire. L'urbanisation et les pratiques agricoles participent à l'écoulement des eaux qui ruissellent sur les sols. L'urbanisation imperméabilise les sols tandis que les cours d'eau qui traversent certaines villes sont à l'étroit. A Marseille, l'Huveaune, petit fleuve côtier qui traverse l'agglomération, a failli déborder lors du dernier épisode de la fin octobre dernier, alors que les cumuls pluviométriques n'ont pas dépassé 100 mm. La catastrophe de Trèbes, survenue dans l'Aude l'année dernière, a mis en exergue cette problématique d'aménagement du territoire. Les Anciens ne construisaient pas dans les lits des cours d'eau, ni dans les plaines fluviales telles celles de l'Orb ou de l'Aude en Occitanie.

© Météo Languedoc

En conclusion, on retiendra que le risque d'inondation s'annonce très importanrt au cours de cet épisode des Cévennes jusqu'au Var, avec deux caractéristiques différentes : les crues des Cévennes devraient réagir un peu moins rapidement que celles du Var, qui présentent les caractéristiques des "crues éclairs". Rappelons que les inondations constituent en France le risque naturel le plus coûteux et que certaines villes y sont particulièrement exposées.

Partagez cet article
À lire aussi
logo VIP
  • Un site plus rapide
  • Plus d'info météo
  • Sans pub
  • Accès au TV Live
Articles les plus lus