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Bilan météo de l'hiver 2023-2024 : le 3ème plus chaud jamais observé en France

Cyrille DUCHESNE

Par Cyrille DUCHESNE, météorologue
mis à jour le

Après l'automne 2023, le plus chaud depuis 1900, notre hiver météorologique 2023-2024 a été marqué par une grande douceur, si l'on excepte une période hivernale de quelques jours à la mi-janvier. Il se hisse en 3ᵉ position des hivers les plus doux avec un excédent de +2 °C.

Avec un indicateur thermique national (moyenne des températures minimales et maximales sur 30 villes de référence) de 7,9 °C, il s'agit du 11ᵉ hiver consécutif avec une température moyenne supérieure à la normale (5,9 °C), ce qui témoigne une nouvelle fois du réchauffement climatique en cours.

Bilan climatique de l'hiver 2023-2024 © La Chaîne Météo

Des périodes de douceur exceptionnelle et de rares périodes de froid

Si l'on excepte quelques jours de froid début décembre et une dizaine de jours de temps hivernal à la mi-janvier, c'est bien la douceur qui a régné cet hiver. Les températures ont été supérieures aux normales près de 80 % du temps, avec des pics de douceur exceptionnels et des records battus.

Hiver 2023-2024 : évolution de l'indicateur thermique © La Chaîne Météo

La dernière décade du mois de janvier a été exceptionnellement douce avec un indicateur thermique record de 12,3 °C. Cette période de douceur a concerné tout le pays, et surtout l’extrême sud-est où elle a été hors norme, avec de nombreux records mensuels. Le seuil de chaleur a été atteint en Languedoc-Roussillon (25,1 °C à Durban-Corbières, Aude) et dans les Pyrénées-Orientales (25,6 °C à Vives). Début février, c'est au pied des Pyrénées qu'un pic de douceur s'est produit (27,5 °C à Céret, Pyrénées-Orientales). Enfin, un dernier pic de douceur a fait grimper le mercure jusqu'à 27 °C sur le pays basque le 15 février, dans le secteur de Licq. Des records de chaleur ont été battus à Mendive (26,7 °C) et à Laruns (26,3 °C). Résultat : cette première quinzaine de février a été la plus chaude jamais enregistrée.

Bilan de l'hiver 2023-24 : le 3ème plus doux depuis 1900 © La Chaîne Météo

Ces périodes de douceur exceptionnelles n'ont pas empêché le pays de connaître sur le nord et le nord-est un épisode hivernal du 8 au 20 janvier. Les gelées sont devenues fréquentes et parfois fortes, descendant parfois sous les -10 °C. La Normandie, l'Ile-de-France, les Hauts-de-France et le Grand Est, ont été concernés par un épisode de neige. Une dizaine de centimètres ont été relevés localement dans les Hauts-de-France les 17 et 18 janvier. Cet épisode a été précédé par des pluies verglaçantes, qui ont provoqué d'importantes difficultés de circulation sur l'ouest et le sud de la région parisienne, notamment sur l'A13 et l'A118. Sur les sols enneigés, de très fortes gelées ont été observées par endroits : un record de froid a même été battu à Arras le 19 avec -14,7 °C.

Un hiver bien arrosé, à quelques exceptions près

Après plusieurs mois très secs en 2023, et des nappes phréatiques déficitaires sur les 2/3 du pays en fin d'automne, les perturbations qui se sont succédé cet hiver ont été plus que bienvenues, avec quelques réserves néanmoins.

En effet, si les régions de l'ouest et du nord, ainsi que les reliefs de l'est, ont été les plus arrosés, les cumuls très abondants sur le Pas-de-Calais, l'ouest de la Bretagne, et le centre-ouest, ont engendré plusieurs épisodes de crues et inondations qui ont plongé des centaines de personnes durablement les pieds dans l'eau.

Un hiver 2023-24 bien arrosé © La Chaîne Météo

Dans le sud-est, la pluviométrie a été très contrastée. Alors que l'hiver a été très sec dans le Roussillon (-72 % à Perpignan) et sur l'est de la Corse (-68 % à Bastia), il a été abondamment arrosée en région PACA, notamment en février avec 2 épisodes de fortes pluies les 9-10 février et 25 février. À Nice, il est tombé quatre fois plus de pluie que la normale (236 millimètres contre 54 millimètres).

Montagne : un enneigement excédentaire en altitude, mais très déficitaire à basse altitude

Avec la douceur qui a dominé la plus grande partie de l'hiver, c'est souvent la pluie qui est tombée à basse et moyenne altitude en montagne ; les quelques épisodes de neige ont été balayés par des redoux importants. Le manque de neige s'est cruellement fait sentir sur toutes les stations de basse et moyenne altitude, compliquant la situation des domaines skiables en dessous de 1500 m d'altitude. Dans les Pyrénées, le manque d'enneigement a même touché les stations de haute altitude une grande partie de l'hiver, avant qu'une nette amélioration ne se fasse sentir à la fin du mois de février. Dans les Alpes, au-dessus de 1800 m, l'enneigement a été excédentaire, avec parfois plus de 3 mètres à 2500 m.

Ensoleillement : un mois de février très gris

Si l'ensoleillement a été assez proche de la moyenne en décembre et janvier, février a été très déficitaire, notamment sur une large moitié nord, où le soleil a brillé moitié moins que d'habitude. Reims a ainsi été la ville la moins ensoleillée du mois, avec 24 heures de soleil, soit moins d'une heure par jour.

Ensoleillement déficitaire au cours de l'hiver 2023-2024 © La Chaîne Météo

Ce qu'on retiendra aussi de cet hiver 2023-2024, c'est que bien qu'il ait permis d'améliorer la situation hydrologique sur de nombreuses régions, l'extrême sud est resté à l'écart, avec une sécheresse qui continue de persister. Les prochaines semaines vont également être à scruter. En effet, les températures très douces ont provoqué une avance importante de la végétation, qui sera beaucoup plus vulnérable en cas de gelées tardives durant le printemps.

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