Vendanges 2024 : une baisse de rendement, mais une qualité souvent au rendez-vous
Selon des estimations préliminaires du ministère de l’Agriculture, les vendanges françaises de 2024 seront mises à mal par des problèmes tels que le mildiou, le gel et la grêle, prévoyant une réduction de la récolte dans presque toutes les régions viticoles. Quelle sera l’ampleur de cette baisse ? Et quel impact sur la qualité de la vendange ?
Les vendanges 2024 en France s'annoncent assez inégales et incertaines selon les régions, après une saison marquée par des conditions météorologiques capricieuses.
Un début de saison végétative très arrosé et une arrivée de l’été tardive
Le printemps et le début de l'été ont été particulièrement pluvieux, favorisant la propagation de maladies comme le mildiou, qui a retardé le développement des vignes. Dans le Bordelais, un grand nombre de viticulteurs se retrouve décontenancé par la météo imprévisible de cette année. En effet, la région a essuyé 50 % de surplus de précipitations au printemps, tout comme les Pays de la Loire. En Centre-Val de Loire, l’excédent a atteint près de 60 % et jusqu’à 80 % en région PACA. Le printemps 2024 ressort au niveau national comme le plus arrosé depuis celui de 2008. Outre les fortes pluies, la succession de gouttes froides en altitude a déclenché de nombreux orages, parfois violents, comme celui du 2 mai dernier qui a provoqué la destruction d’une grande partie de l’appellation Chablis.
Le début de l’été a continué sur cette lancée avec le mois de juin qui a vu 20 % de précipitations en plus par rapport à la normale, et un léger déficit thermique en prime de -0,2°C, ce qui n’était pas arrivé depuis 28 mois consécutifs. La première quinzaine de juin a été très fraîche, avec même quelques faibles gelées entre le 10 et le 15, notamment en Champagne. Les conditions météorologiques auront mis du temps à s’améliorer. Il aura fallu attendre la dernière décade de juillet avec l’arrivée d’un temps sec et chaud à l’échelle nationale. Au final, la saison estivale se retrouve proche des normales en termes d’ensoleillement et de précipitations, et se place au 12ème rang des étés les plus chauds.
Impacts régionaux variés suite à la saison météo compliquée
Le ministère de l'Agriculture anticipe une baisse de la récolte de 13 % à l'échelle nationale, atteignant même 20 % dans des régions viticoles majeures comme le Bordelais et la Bourgogne. Rappelons que la France a produit 48 millions d’hectolitres de vin en 2023, lui permettant de conserver sa place de premier producteur mondial.
En Lorraine, les vignerons des Côtes de Toul et de Moselle ont dû composer avec des conditions météo particulièrement difficiles. Les viticulteurs restent néanmoins optimistes quant à la qualité du millésime, malgré une diminution attendue des volumes récoltés. Ils prévoient une demi-récolte tout en espérant que le maintien du beau temps permette une bonne maturation des raisins.
En Alsace, la situation peut être contrastée selon les parcelles. Contrairement à une année 2023 très ensoleillée, c’est plutôt la pluie qui a été omniprésente et cela aura forcément un impact sur les récoltes, notamment à cause du mildiou qui a attaqué les pinots. Les viticulteurs alsaciens s’attendent donc à un millésime compliqué et à des rendements en baisse.
Les régions du sud, particulièrement le Languedoc-Roussillon, n’échappent pas à cette tendance, mais pour des raisons différentes. Là-bas, c’est la sécheresse qui menace les vignes avec une baisse de production d’environ 40 % par rapport à une année normale.
En région PACA et en Corse, cette année, la vigne n’aura pas trop souffert de la sécheresse. Il n’y a pratiquement pas eu de stress hydrique, ce qui est rare, et les conditions ont été presque idéales. Les producteurs de l’AOP Ajaccio ont récolté un peu plus de raisins que l’an dernier grâce à ces conditions beaucoup moins sèches que d’habitude.
Dates de vendanges et perspectives
Les vendanges correspondent à la période de l’année où le raisin destiné à la production de vin est récolté. Selon les régions, elles peuvent avoir lieu entre le mois d’août et le mois d’octobre. Les conditions climatiques jouent un rôle crucial dans la détermination de la date des vendanges. La maturation du raisin dépend largement de l’ensoleillement, des températures et des précipitations tout au long de l’année. Les vignerons effectuent régulièrement des contrôles de maturité dans leurs parcelles, mesurant le taux de sucre, l'acidité et la maturité phénolique des raisins. Ces analyses les aident à déterminer le moment idéal pour vendanger chaque parcelle en fonction du profil de vin recherché.
Pour ce millésime 2024, si les rendements seront plus faibles que d’habitude, la qualité devrait être au rendez-vous. Les pluies récentes ont mis un frein à certaines récoltes. L’eau va permettre de gorger les raisins, les faire gagner en maturité et améliorer ainsi leur équilibre. Pour l’AOP Ajaccio, les vendanges ont débuté ces derniers jours, tout comme dans la région PACA. Les raisins ont en général 10 à 15 jours d’avance par rapport à ce qui était prévu pour les cépages qui étaient déjà mûrs. En Alsace, le départ des vendanges pour le crémant a été fixé au 29 août, avec les vins tranquilles qui suivront le 9 septembre. Malgré les défis posés par les conditions climatiques, les viticulteurs s'attendent à un millésime 2024 de qualité grâce à une reprise du beau temps et des contrôles rigoureux de la maturité des raisins. En moyenne, dans les autres régions, les vendanges auront lieu à des dates normales, allant de début septembre à début octobre.
Bien que les prévisions de récolte soient mesurées en raison des dégâts causés par le mildiou et les intempéries, il règne un optimisme prudent parmi les producteurs. Avec une amélioration récente des conditions climatiques, les vendanges 2024 pourraient malgré tout surprendre par la qualité des vins produits.