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Vendanges, canicule et fortes chaleurs : quelle qualité pour le cru 2023 ?

Cyril BONNEFOY

Par Cyril BONNEFOY, météorologue
mis à jour le

Selon les observations dans les différentes régions viticoles françaises, le cru des vendanges cette année s’annonce de très bonne qualité, grâce à des conditions climatiques qui ont favorisé cette excellente récolte à venir, mais qui entraînent également une évolution des pratiques agricoles.

Vendanges © La Chaîne Météo

La saison végétative de la vigne, qui s’étire en France de mars à septembre s’annonce pour l’instant très prometteuse, avec des rendements parfois records, et des équilibres sucre/acidité très intéressants pour que ce cru figure parmi les plus qualitatifs.

Un printemps sec et un début d’été très chaud mais orageux

Chaleur et canicule ne sont pas pour déplaire à tout le monde. En effet, si 2023 s’annonce prometteuse pour les amateurs de vin en France, c’est en grande partie grâce à une météo clémente et beaucoup moins capricieuse que l’année précédente.

L’année 2022 avait en effet été marquée par des épisodes de gel printanier parfois destructeurs, ainsi qu’une sécheresse historique. La situation a été toute autre cette année, malgré un épisode de gel début avril qui a touché un grand nombre de régions viticoles, comme le Bordelais, la Champagne, le Chablis, le Val de Loire ou même la Provence. Bien que les températures minimales soient descendues parfois jusqu’à -6°C, le gel s’est avéré localisé et les dégâts limités. En 2022, certains viticulteurs avaient tout perdu.

Après l’hiver très sec que nous avons connu (-28% de déficit à l’échelle nationale) le printemps a perduré dans cette lancée, ce qui a favorisé une belle floraison. Quant à l’été, il a commencé précocement avec juin 2023 qui a été le 2ème mois de juin le plus chaud depuis 1900 (+2,6°C) ; en revanche il a également été le second mois de juin le plus foudroyé depuis 1989, avec parfois des phénomènes violents et dévastateurs comme la grêle, notamment dans l’appellation Reuilly (Cher) ou encore dans les célèbres vignes de Saint-Emilion (Gironde). Mais de telles conditions sèches et chaudes, sans canicule, ont été globalement favorables au bon développement des grains de raisin, et ont évité l’apparition précoces de maladies.

Une météo plus changeante au cœur de l’été : apparition de maladies

Après le début d’été très chaud et orageux, les conditions de véraison (changement de couleurs des baies) ont été favorables à un bon développement des raisins. Cependant, le cœur de l’été, notamment le mois de juillet et début août, a subi une météo très variable dans le temps et dans l’espace.

Les régions Méditerranéennes ont connu des conditions particulièrement chaudes et sèches avec une succession de nuits tropicales (>20°C), ce qui n’est pas bon pour les raisins en période de maturation, puisque cela freine la bonne synthèse des arômes et tanins.

En revanche, au nord de la Loire, les perturbations océaniques se sont succédées, avec souvent un excédent de pluie, et même un léger déficit thermique du Val de Loire à Cognac. Les vignes de Champagne étaient alors en excès d’eau, et les viticulteurs ont constaté des développements de maladies tel le mildiou, par exemple dans le Bordelais et l’oïdium en Alsace.

Une fin d’été et saison des vendanges marquées par la canicule

La fin du mois d’août, souvent la pleine période de maturation pour les raisins, a été remarquablement chaude avec une vague de chaleur tardive qui a touché le pays du 17 au 24. Cette chaleur a donc été plutôt bénéfique aux vignes, en particulier celles en excédent d’eau, comme en Champagne, ce qui a accéléré considérablement la maturation des baies et permis une bonne concentration des sucres en général.

Certains vignerons des régions viticoles méridionales se sont inquiétés de ces chaleurs importantes, et notamment de la surmaturation des baies que cela implique. En effet, les températures élevées peuvent accélérer la maturation des raisins, et conduire à une perte d’acidité ainsi qu’à une concentration excessive en sucre, ce qui peut altérer l’équilibre nécessaire à la production de vin de qualité. Afin de gérer ces situations climatiques exceptionnelles, les professionnels peuvent être amenés à pratiquer des vendanges précoces pour éviter cette surmaturation.

En Champagne, les vendanges viennent de débuter et l’on s’attend déjà à une récolte avec des rendements records. Jusqu’à présent, 2005 était l’année de référence avec 175 g par grappe, mais 2023 dépasse déjà largement ce chiffre avec en moyenne 220 g par grappe. L’amélioration de ce rendement est due en partie aux pluies abondantes de cette saison estivale.

Enfin, en cette période de récolte, la vague de chaleur exceptionnelle qui touche actuellement la France n’est pas des plus favorables car elle conduit à des grains de raisin qui flétrissent ou brûlent par endroit. C’est pourquoi, cette année, les vendanges sont souvent pratiquées la nuit, afin de ne pas produire des vins qui seraient trop oxydés.

Il faudra donc attendre pour dresser un bilan complet de cette saison 2023, mais les professionnels tablent déjà sur des raisins de haute qualité qui promettent des vins très aromatiques et équilibrés. En revanche, ce qui est déjà flagrant, c’est que les excès du climat entrainent une évolution de certaines pratiques agricoles (vendanges nocturnes). Alors qu’elles ne concernaient principalement que des régions chaudes comme la Californie ou l’Australie, elles deviennent de plus en plus fréquentes en France et constituent un marqueur édifiant du réchauffement de la saison végétative de la vigne.

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