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Vol Londres-Singapour : une zone importante de turbulences sur le parcours de l’avion

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Ce mardi 21 mai, un Boeing 777-300ER de la compagnie Singapore Airlines, effectuant le trajet Londres-Singapour, a subi de violentes turbulences au-dessus de la Birmanie, faisant une victime et plusieurs blessés. Comment expliquer de telles turbulences à cette altitude ?

Une chute de 600 mètres à la minute

L’avion croisait à environ 11300 mètres d'altitude, où la température est proche de -40°C. Il devait rejoindre Singapour, plus au sud, mais a dû être dérouté vers l’aéroport de Bangkok, notamment pour prendre en charge les blessés. À environ 3 heures de l’arrivée, l’avion a traversé une zone de turbulences extrêmes. La plupart des passagers, qui avaient détaché leurs ceintures de sécurité, ont été surpris par une brusque élévation puis une chute brutale de l’appareil en raison d'un « trou d’air », faisant passer l’avion de 11300 m à 9400 m en 1 à 3 minutes, soit une chute de 1900 m, perdant 600 m à la minute. Ce mouvement vertical extrême a littéralement propulsé les passagers au plafond de l'appareil.

Turbulences en avion : plusieurs causes météorologiques possibles

Le vol Londres Singapour traversait la zone de convergence intertropicale © meteorologist

Les turbulences constituent l’un des plus grands dangers auquel est confrontée l’aviation. Plusieurs configurations météorologiques sont propices à ces turbulences, notamment les zones frontales où l'air chaud rencontre l'air froid, les courants jets, et les zones de convergence.

Dans le cas présent, l’avion traversait une zone très instable liée à la convergence intertropicale au-dessus de la Birmanie, au début de la saison des pluies. Au sein de cette zone, les nuages d’orage, les cumulonimbus, génèrent de puissants courants verticaux (ascendants et descendants), que les avions évitent au mieux, en les contournant. Mais dans certaines circonstances, l’avion traverse l’orage, risquant d’être confronté à ces courants. Le « trou d’air » désigne donc, en réalité, la brusque chute temporaire de l’avion qui plonge avec le courant. Il perd de sa portance, chutant à plat après avoir été brièvement aspiré vers le haut. Cette situation est différente du « décrochage » d’un avion, qui se produit lorsqu’il pique du nez ou chute sur un côté. Une enquête déterminera les circonstances précises de l’accident.

Il existe d’autres paramètres météorologiques pouvant provoquer des turbulences et des trous d’air.

- Les trous d’air en « air clair ». Cette situation ressemble à celle rencontrée par le Boeing. Même en l’absence d’orage, des différences de température et de densité de l’air peuvent entraîner une courte descente brusque de l’avion, à plat, lequel vibre de façon parfois assez spectaculaire.

- Les courants jets, ou « jet-stream ». Ces vents de haute altitude (8000 à 10000 m) ne circulent pas au-dessus de la zone intertropicale, mais majoritairement aux latitudes tempérées. Ces vents très rapides (150 à 200 km/h) sont généralement favorables à l’aviation, en « portant » les avions, mais il existe certaines situations où l’appareil va rencontrer un changement rapide de vitesse et de direction qui peut entraîner des secousses et vibrations bien reconnaissables. Ces changements brusques de direction des vents sont appelés "cisaillement".

- Les fronts ou perturbations frontales. Il s’agit des perturbations habituelles provoquées par le mouvement des masses d’air. Lorsqu’un avion traverse un front, il est confronté à des changements de direction des vents et à de l’instabilité, notamment s’il s’agit d’un front froid, lorsque de l’air froid rencontre de l’air chaud. Des courants ascendants et descendants au sein des nuages peuvent secouer l’avion ce qui est fréquent, même en vol intérieur sur notre pays.

Les turbulences ont donc de multiples causes d’ordre météorologique. Si elles sont majoritairement bien maîtrisées par les pilotes, ne provoquant que quelques secousses pour les passagers, certaines configurations météorologiques peuvent être nettement plus fortes, provoquant alors des incidents de ce type. Les orages en sont la cause première, en particulier sur la zone de convergence intertropicale, qui est la zone la plus dangereuse pour les avions sur la planète.

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