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À quel type d’été peut-on s’attendre après un printemps humide et maussade ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

À une semaine du début de l’été calendaire, le temps reste perturbé sur la France malgré une hausse des températures en certaines régions. Vous êtes d’ailleurs nombreux à nous demander si ce printemps maussade sera synonyme d’été « pourri » ou, à l’inverse, d’été torride. Pour tenter de répondre à cette question, nous avons ici étudié la statistique en analysant des situations passées.

Une corrélation plutôt correcte dans les années 1980

L'analyse des statistiques météorologiques montre qu'il n'y a pas de corrélation simple entre un printemps maussade et humide et le type d'été qui suit en France. Nous ne parlons pas de printemps « frais » car celui-ci s’est montré plus doux que la moyenne malgré les précipitations et la nébulosité excédentaires.

Les statistiques permettent de mettre en avant des cycles climatiques. Grâce à l'analyse de données très anciennes (1), des récurrences peuvent être mises en évidence.

Des données sur les printemps et les étés de 1600 à 2000 en France font apparaître qu'environ 41% des printemps frais ont été suivis d'étés également frais (2), tandis que la corrélation entre printemps maussade et été humide serait proche de 60%.

Dans les décennies 1970, 80 et 90, on trouve trois exceptions notables : 1975, 1983 et 1995, où les étés furent très chauds mais aussi orageux. Seule l’année 1983 est l’exception à la règle, avec un mois de juin maussade, suivi d’un mois de juillet caniculaire (2).

Ce que l'on note, c'est que cette corrélation a été valable jusque dans les années 1980, et que depuis une trentaine d'années, elle se vérifie de moins en moins. En effet depuis 1985, les printemps qui ont été normaux voire en dessous des normes ont été suivis majoritairement d'été doux à chaud (anomalie > +0,3°C) et non plus d'étés frais.

Les printemps frais et humides des années 1980 ont présenté une variété de conditions estivales, avec par exemple :

1982 : Été chaud et orageux

1983 : Été très chaud et sec

1984 : Été normal

1985 : Été frais

1986 : Été très sec

Ces exemples montrent une grande variabilité, avec seulement l'année 1985 présentant un été frais après un printemps maussade.

Des statistiques modifiées par le réchauffement climatique ?

Depuis 1985, la tendance a changé. Les printemps frais ont été majoritairement suivis d'étés doux à chauds, même si des exceptions existent. Cette tendance peut être liée au réchauffement climatique, qui rend les corrélations passées moins fiables depuis une trentaine d’années. Les printemps qui ont été normaux voire en dessous des normes ont été suivis majoritairement d'été doux à chaud (anomalie > +0,3°C) et non plus d'étés frais.

Si le réchauffement climatique contemporain n'est probablement pas étranger à l'évolution de ces statistiques depuis 1985, et que l'on considère que ce dernier est une tendance de fond qui s'inscrit dans la durée, cela n’empêche pas la survenue de printemps frais (comme en 2016 pour le dernier en date) ni d’étés plus maussades tel 2014. Mais la corrélation, qui était supérieure à 60% avant 1985, devient nettement plus aléatoire depuis 30 ans et à fortiori depuis 2000, où cette combinaison ne s’est reproduite que 6 fois (la dernière fois étant 2013).

Les printemps et étés récents :

Cette dernière décennie se caractérise par une succession d’étés majoritairement chauds et secs. Les printemps ont été principalement chauds et souvent secs. Seuls 2013, 2016 et 2019 ont présenté des printemps maussades, suivis d’étés pourtant très chauds.

2013 : Le printemps fut frais, suivi d'un été avec des périodes chaudes intenses, y compris des canicules.

2016 : le printemps a connu des températures proches des moyennes mais avec une pluviométrie abondante. En juin, la Seine était en crue exceptionnelle pour la saison. Puis l’été fut très chaud avec des canicules en juillet et en août.

2019 : Le printemps fut frais avec des températures en mai bien en dessous de la normale, suivi d'un été très chaud avec des records de température en juin et juillet.

Ces exemples contredisent la statistique qui était valable avant l’An 2000.

On le voit, la statistique aurait tendance à jouer en faveur d’un été plutôt mitigé sur notre pays à 50%. Mais, cette probabilité reste fragile alors qu'elle aurait été fiable avant les années 1980. Elle n'est cependant pas nulle dans la mesure où malgré le réchauffement climatique, des décrochages existent toujours et où le poids de cette statistique était particulièrement probant sur près de 400 ans, entre 1600 et 2000. À ce jour, en raison de l’influence du réchauffement climatique, les modèles climatiques et les prévisions saisonnières sont souvent plus fiables que les simples corrélations historiques.

(1) Pierre Alexandre (historien belge) et Emmanuel Le Roy Ladurie

(2) Les forums d'Infoclimat

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