Inédit depuis 1999 : Paris n'a toujours pas atteint les 25°C
Par Cyrille DUCHESNE, météorologue
mis à jour le
Comme le mois d'avril, la température moyenne de ce mois de mai 2023 à l'échelle de la France sera très proche de la normale. Si des épisodes de chaleur ont déjà concerné les régions du sud et de l'est, les régions du nord-ouest et la région parisienne n'ont toujours pas connu le moindre jour de chaleur au cours de ce printemps. À Paris, il faut remonter à 1999 pour retrouver une telle situation.
Un mois de mai sans chaleur à Paris : un phénomène inhabituel dans la climatologie récente
Dans un contexte de réchauffement climatique, on peut s’étonner de connaître un mois de mai sans chaleur marquée sur une grande partie du pays. Rappelons que le mois de mai 2022 avait été le plus chaud jamais observé depuis 1900 : la barre des 25°C avait été franchie à Paris dès le 9 mai (26,6°C) et celle des 30°C (seuil de forte chaleur) frôlée le 15 mai (29,7°C). Au cours de ces dernières années, il est arrivé plusieurs fois que les 30°C soient dépassés en mai comme en 2017 (32,3°C) et 2020 (30,5°C). Le record mensuel de chaleur à Paris est nettement plus ancien puisqu’il date du 29 mai 1944 où il avait fait 34,8°C !
Les mois de mai sans jours de chaleur à Paris sont extrêmement rares, le plus récent remonte à 2013 qui avait été très frais. Malgré un jour de chaleur observé en avril cette année-là (il avait fait 25,8°C le 14 avril) la température la plus élevée avait atteint seulement 22,3°C en mai. Plus loin de nous, mai 1984 avait été encore plus frais avec une température maximale qui n’avait pas dépassé 20,1°C, mais cette année-là aussi avril avait connu de la chaleur (26,2°C le 22 avril). Il faut remonter à mai 1999 pour retrouver une telle absence de jours de chaleur à cette époque de l'année.
Pour retrouver un premier jour de chaleur encore plus tardif, uniquement à partir de juin, il faut remonter à 1977. Quant à la date la plus tardive du premier jour de chaleur, elle remonte à juin 1972 où les 27,1°C n'avaient été atteints que le 26 juin.
Comment expliquer cette absence de chaleur cette année dans le nord du pays ?
Le flux océanique perturbé qui a dominé en première décade, suivi d’un flux de nord à nord-est frais en seconde décade, expliquent cette absence de journées de chaleur dans le nord-ouest et jusque sur le Bassin parisien. Avec la persistance des hautes pressions sur l’Europe du Nord, le flux de nord à nord-est va persister ces prochains jours avec des températures toujours modérées sur la partie nord et nord-ouest du pays. Le premier jour de chaleur risque donc d’être très tardif en région parisienne.
Même si la tendance climatique récente montre bien que le premier jour de chaleur survient de plus en plus tôt ces dernières années, cela n’exclue pas une importante variabilité des températures d’une année à l’autre. Ainsi, dans un climat qui se réchauffe (+0,4°C entre la normale de mai 1981-2010 et 1991-2020), un mois de mai sans chaleur peut encore se produire parmi des mois de mai chauds de plus en plus fréquents.
