Épidémie et météo : les enseignements de la grippe espagnole
Après avoir étudié les effets des températures, de l’humidité et de la pollution sur le coronavirus, nous nous intéressons désormais aux enseignements des épidémies passées et leur lien avec la météo. Aujourd’hui, notre sujet porte sur la grippe espagnole.
Certains ont sans doute gardé en mémoire l’une des déclarations que Donald Trump a faite au sujet du coronavirus COVID-19. L’arrivée des beaux jours aurait raison du virus selon lui. Les recherches actuelles s’intéressent bel et bien au lien entre les températures, l’ensoleillement et la propagation de l’épidémie de coronavirus car par le passé, des épidémies ont été ralenties par l’arrivée des beaux jours. Cela a notamment été le cas avec la pandémie de grippe espagnole.
La grippe espagnole
En 1918 apparaissait un fléau que le monde a retenu comme la grippe espagnole. Selon des réévaluations récentes, le nombre de victimes s’élevait de 1918 à 1919 à 100 millions. Apparaissant vraisemblablement aux États-Unis, la grippe de souche H1N1 devint pandémie en octobre 1918 quand l’Europe a été touchée à son tour.
De cette pandémie, les chercheurs ont beaucoup appris de l’interaction du virus avec les températures, l’humidité et l’air “frais”.
Une thérapie à l’air libre et au soleil
En 1918, au camp Brooks aux Etats-Unis, les patients atteints du virus ont été sortis des tentes de soin et exposés à l’air “frais” et ensoleillé. Cette technique a été utilisée ailleurs, également à l’hôpital de Boston.
Ces thérapies, dites à l’air-libre, ont permis de réduire la mortalité de la maladie. L’explication ? Les espaces confinés et surpeuplés favorisent la propagation de la maladie. De même, l’air n’est pas ou peu renouvelé, ne permettant pas l’apport d’un air de meilleure qualité qui provient de l’extérieur. À ce titre, les médecins de l’époque estiment que l’air extérieur “purifie” ou “désinfecte”. En effet, nous savons aujourd’hui que le confinement permet une meilleure propagation du virus entre sujets sains et sujets contaminés. Autre explication du succès de ces thérapies à l’air libre : l’ensoleillement.
L’ensoleillement désactive le virus de la grippe
Selon les recherches actuelles, l’ensoleillement a aussi eu un rôle prépondérant dans la réduction de la mortalité des personnes atteintes et qui ont été soignées à l’air libre. Elles étaient directement exposées au soleil. L’un des rayonnement UV du soleil, les UVC, est connu aujourd’hui pour détruire le virus de la grippe ainsi que de nombreuses autres bactéries. Des lampes UVC sont même utilisées pour désinfecter des outils chirurgicaux. En Chine, les transports en commun sont désormais désinfectés à l’aide de ce rayonnement UVC.
Quid des températures et de l’humidité ?
L’influence de l’humidité et des températures sur le COVID-19 est aussi une piste suivie de très près actuellement. Le microbiologiste En 2007, Peter Palese s'est intéressé à la contagion du virus de la grippe espagnole sur les porcs à partir d'un document daté de 1919 qui relatait la contagion de ces derniers par le virus de la grippe espagnole.
A l'aide d'une expérience, il a ainsi déterminé que de l’air humide réduisait drastiquement le taux de transmission. Pour obtenir ce résultat, le chercheur s’est servi de porcs auxquels il a inoculé le virus de la grippe espagnole. En absence d’humidité (0 ou proche de 0%), le taux de transmission est de 100%, qu’importe la température. Ce taux chute à 50% quand l’humidité grimpe à 80% avec 5°C.
Autres paramètres : des températures de 20°C avec une humidité de 35% entraînent un taux de transmission de 100%. Palese garde la même température mais augmente cette fois-ci l’humidité à 80%. Le taux de transmission atteint cette fois-ci… 0%.
Les résultats obtenus par Palese sur la grippe espagnole sont donc un élément important des recherches actuelles sur le lien entre l’humidité, la chaleur, et leurs effets sur le coronavirus COVID-19.
Sources :
The Reason for the Season: why flu strikes in winter
Insolite : le virus de la grippe tué grâce à… une lampe à UV !
Coronavirus and the Sun: a Lesson from the 1918 Influenza Pandemic