France : l’été des tornades
Cet été, les conditions météo sont très instables sur l'Europe et en France. Les orages éclatent fréquemment et les journées ensoleillées sont rares. Cette instabilité est propice à la formation de nombreuses trombes et de tornades.
En France, les principales caractéristiques de ce mois d’août sont la fraîcheur et la pluie. Cette fraîcheur revêt une forme très inhabituelle par sa durée (plus de dix jours) et son intensité (quelques gelées très localisées ont été observées en rase campagne). Elle est liée à un système dépressionnaire étendu à tout le nord de l’Europe, sans cesse alimenté en air froid issu du pôle Nord. Mais en cette période de l’année, l’air est encore chaud en surface. Et c’est justement la différence de température entre l’air froid instable qui plonge du pôle et l’air doux encore présent au sol (mais aussi en mer) qui accentue le risque de formation de trombes et de tornades.
Trombes, tornades et tuba : quelles différences ?
Les tornades se produisent sur terre alors que les tombes marines se forment en mer. Mais il peut arriver qu’une trombe marine atteigne le rivage, en se dissipant généralement très rapidement. L’inverse est beaucoup plus rare. Un tuba s’observe sous un nuage d’orage, de type cumulonimbus. Sa forme s’apparente à une tornade ou à une trombe dont la colonne d’air n’atteint pas le sol. C’est seulement si le tuba se développe jusqu’au sol (terre ou mer) que l’on parle de trombe marine ou de tornade.
Eté 2014 : l’été des tornades et des trombes
Depuis le début de l’été, les orages éclatent fréquemment sur toute l’Europe. Ils atteignent les régions méditerranéennes, habituellement épargnées par le mauvais temps en cette période de l’année. Ces intempéries sont liées aux creusements répétés de dépressions qui circulent de l’Espagne aux Balkans. Le golfe de Gênes en Italie mais aussi la côte dalmate sont exposés : au large de Gênes, un nombre anormalement élevé de trombes est observé depuis début juillet. Or l’été n’est pas la saison des tornades et des trombes, du fait de l’absence d’importants conflits de masses d’air (ce n’est pas le cas en intersaison au printemps ou à l’automne où les confits de masses d’air sont violents entre l’air chaud qui remonte du Maghreb et les irruptions d’air polaires dans nos régions au climat tempéré). Cet été revêt donc un caractère exceptionnel, avec ces dépressions méditerranéennes remplies d’air froid en altitude. Au contact de l’air chaud présent au sol et à la surface de la mer, tout ceci est propice à la formation de phénomènes tourbillonnaires.
Le nord de la France exposé depuis le 10 août
Depuis le 11 août dernier les régions voisines de la Manche sont impactées par un temps très frais et instable. Il n’y a quasiment pas une journée où un phénomène tourbillonnaire ne soit observé (source KERAUNOS, l'Observatoire français des tornades et orages violents). La différence de température entre l’air instable anormalement froid en altitude et une surface marine douce explique le développement de trombes marines. Sur terre également, quelques tornades ont été signalées, mais elles n’ont heureusement pas provoqué de dégâts significatifs au sol. Selon l'étude de KERAUNOS, entre le 10 août et le 23 août, on dénombre une quinzaine de tubas, 9 trombes marines et 6 tornades, parmi lesquelles 5 ont frappé la seule région Nord-Pas de Calais.