Ouragan Kirk : quelles seront ses caractéristiques en passant sur la France ?
En ce début de semaine, tous les regards sont tournés vers l'ouragan Kirk, qui était alors situé au milieu de l'Atlantique, se dirigeant vers nos côtes. Rétrogradé en catégorie 1/5, il entame sa transition vers le stade de tempête extra-tropicale, qu'il devrait conserver jusqu'à son arrivée dans le golfe de Gascogne mercredi.
Bien qu'il subsiste encore de nombreuses incertitudes sur sa trajectoire exacte et la force des vents sur notre pays, nous pouvons d'ores-et-déjà caractériser ce phénomène qui touchera la France mercredi et jeudi.
Une dépression extra tropicale dont la trajectoire ressemblerait à celle de Xynthia
Kirk arrivera au stade de forte dépression extra tropicale dont la pression sera basse, prévue proche 980 hPa. Plus courante en hiver, c'est une pression assez inhabituelle sur notre pays surtout à cette saison. Rappelons que la pression observée lors du passage de la tempête Xynthia en février 2010, qui avait à peu près la même trajectoire, était beaucoup plus basse, à 969 hPa.
De plus, lors du passage de Xynthia, les coefficients de marée étaient très élevés (102). Ces forts coefficients avaient contribué à une submersion marine meurtrière, ce qui ne sera pas du tout le cas cette fois-ci, puisqu'ils seront uniquement de 52/45 mercredi, et de 40/34 jeudi.
Des vents rafaleux sur la France mais moins forts que redouté
rafales de vent envisagées au passage de Kirk © La Chaine Météo
Ces basses pressions ainsi qu'un gradient de pression resserré (forte diminution de la pression autour du centre dépressionnaire, visible par des isobares serrés sur les cartes), engendreront des vents forts, aussi bien en arrivant sur la côte que dans les terres, car l'ex-Kirk devrait traverser notre pays en conservant ses basses pressions.
Certains modèles numériques envisagent un creusement supplémentaire de cette dépression en progressant vers le nord-est, ce qui est atypique, et serait provoqué par l'afflux d'air froid à l'arrière, dynamisant davantage le processus de cyclogenèse (formation d'une dépression). Ce scénario ne semble pas fiable.
Un jet stream modéré, mais un violent conflit de masse d'air
Le jet-stream constitue un facteur de renforcement des tempêtes, ce qui s'était produit lors de "l'ouragan d'octobre 1987" dans le nord-ouest de la France, et surtout lors des tempêtes de décembre 1999.
Dans la situation de ce milieu de semaine, le jet ne devrait pas être un facteur aggravant. En effet, bien que très rapide actuellement (c'est lui qui "aspire" Kirk vers l'Europe), il va mollir mercredi et deviendra modéré lors du passage de la dépression. Cependant, il existe un paramètre qui va accentuer la force de Kirk lors de son passage sur notre pays : un puissant conflit de masse d'air.
En effet, Kirk va remonter avec de l'air chaud à l'avant (flux de sud-ouest), puis de l'air froid s'engouffrera vers la Bretagne en s'enroulant autour de la dépression. Ce choc thermique risque alors de renforcer le dynamisme de cette dépression, qui pourrait se creuser encore davantage en remontant vers le nord-est de la France. C'est aussi cette situation qui explique que les rafales pourraient être aussi fortes de l'Atlantique au nord-est, ce qui est atypique.
Ex-ouragan Kirk © La Chaine Meteo
Des précipitations abondantes
Cumuls de pluie au passage de l'ex Kirk © La Chaine Météo
Outre le vent tempétueux, Kirk va drainer une rivière atmosphérique provenant de l’Atlantique subtropical.
Des pluies abondantes vont donc tomber le long de la trajectoire de la dépression, du centre ouest au nord-est en passant par le bassin parisien, zones dont les sols sont déjà saturés en eau. Le risque de réaction hydrologique sera à surveiller.
Une forte houle cyclonique, mais de faibles coefficients de marée
En raison de la trajectoire assez sud de la dépression Kirk, qui remontera du Cap Finisterre vers les Charentes, la houle cyclonique de 8 à 10 m tapera la Corogne (nord-ouest de l'Espagne) et la côte portugaise. Nos cotes du sud de l’Aquitaine subiront de fortes vagues de 4 à 6 m, au sud de la Gironde surtout.
Ce contexte surviendra avec de faibles coefficients de marée (autour de 40), ce qui limitera le risque de submersion. Cependant, en raison de la basse pression atmosphérique, une surcote se produira, pouvant élever le niveau d’eau par rapport à la marée théorique. Ce phénomène sera surtout présent au moment de la pleine mer de mercredi soir, entre le Pertuis Charentais et l'estuaire de la Gironde.