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Voici pourquoi la France ne connaitra probablement pas de vague de chaleur en ce mois de juin

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

S'il est trop tôt pour préjuger la physionomie de ce mois de juin, nos prévisions à moyen terme n'envisagent pas l'arrivée d'un temps estival et de la chaleur sur notre pays, bien au contraire. La situation que nous connaissons cette année semble radicalement différente de celle des dernières années, et pourtant, les causes sont les mêmes. Décryptage.

Le temps instable et frais pourrait caractériser ce mois de juin © Adobe Stock (image d'illustration)

L'année dernière, le mois de juin avait été chaud et très orageux. Mais cette année, la configuration s'annonce radicalement différente, au moins pour la première quinzaine. Dans la continuité du mois de mai, les gouttes froides sont récurrentes, synonyme de temps instable et relativement frais. Cette configuration trouve son explication dans le comportement du jet-stream, ces vents de haute altitude qui circulent actuellement en faisant de grands méandres. Ces méandres font descendre de l'air frais venant de l'Arctique d'un côté, tandis que l'air chaud est propulsé à l'opposé, à l'image d'un balancier. Ce qui est remarquable, c'est le blocage de cette évolution. Ainsi, au lieu d'alterner les rafraichissements et les coups de chaud, certaines zones subissent l'air frais durablement tandis que d'autres sont sous l'influence de fortes chaleurs tenaces. En juin 2022, qui fut caniculaire en France, nous étions sur la branche chaude du jet stream, alors que cette année, nous sommes sous la branche fraiche. Mais le principe de fonctionnement est le même.

Un blocage avec un côté frais et un côté chaud

Ondulations du Jet Stream © La chaine Météo

Le jet-stream épouse ces dernières semaines la forme de la lettre grecque "Oméga" ? : on parle donc de "blocage en oméga", car cette situation est figée. En juin 2022, marqué par une canicule historique précoce en France avec jusqu'à 43°C, l'Europe de l'Ouest était sous l'influence du côté chaud de ce blocage. Mais cette année, nous sommes du coté frais, sous l'influence du jet-stream qui plonge de l'Atlantique Nord jusqu'en péninsule ibérique et au Maroc. L'Islande subit un froid anormal tandis qu'il neigeait sur les reliefs écossais ces derniers jours. En revanche, la remontée chaude se produit cette fois sur l'est de la Méditerranée, la Grèce et la Turquie, où les températures seront caniculaires.

Grands écarts de températures en Europe © La chaine Météo

À l'échelle européenne, les méandres du jet stream et le jeu des vases communicants des masses d'air ressemblent à juin 2022, mais en étant inversés. On parle alors "d'effet miroir". Les différences sont radicalement opposées pour les pays concernés, qui subissent de la fraîcheur au lieu de la chaleur, et inversement. On note également depuis une décennie une durée importante de ces situations de blocage, qui, une fois installées, persistent des semaines, voire des mois entiers. On le constate cette année où la récurrence des gouttes froides sur la France persiste depuis le début du printemps.

À plus long terme, les modèles météorologiques n'entrevoient pas la fin de cette récurrence. L'air frais descendra toujours du coté Atlantique tandis que l'air très chaud continuera à remonter vers la Grèce, l'Europe de l'est et même jusqu'en Finlande. Compte tenu du déficit de température qui s'installe sur notre pays, on peut penser que ce mois de juin a des chances d'être un peu plus frais que la moyenne, ce qui casserait la succession de 28 mois consécutifs au-dessus des normes. Cependant, il suffirait que la récurrence cesse brusquement en fin de mois avec un brusque coup de chaud pour inverser cette prévision.

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