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Risque de canicule cet été : ce qui change par rapport à l'année dernière

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Contrairement à l’année dernière, et alors que ce premier mois de l'été pourrait se classer en 2ème position des mois de juin les plus chauds après 2003, la France n’a pas encore connu de canicule. Cette situation est due à une configuration météorologique différente, qui pourrait persister cet été et limiter le risque de canicule par rapport à l’été 2022.

L’été dernier s’est caractérisé en France par de très fortes chaleurs durables avec 4 canicules, de juin à août. Au total, l’été 2022 fut le deuxième plus chaud depuis 1900, après celui, inégalé, de 2003. Cette année, la chaleur est à nouveau au programme depuis le 1er juin, de façon durable et marquée. Cependant, les températures n’ont pas atteint les seuils de canicule sur notre pays, car les centres d’action ne sont pas positionnés de la même façon. Même si l’été s’annonce chaud, le risque de canicule ne semble pas aussi fort que l’année dernière.

L’été dernier, marqué par le phénomène de « pompes à chaleur »

On se souvient que l’été dernier fut marqué par des bouffées d’air brulant remontant d’Afrique du Nord et d'Espagne. Cela était provoqué par le positionnement récurrent d’une dépression au large du Portugal, laquelle, dans son mouvement rotatif, faisait remonter les masses d’air du sud. Ce principe est appelé « pompe à chaleur ». On avait aussi parlé de phénomène de « plume de chaleur ». Une telle récurrence, persistant de juin à aout, était remarquable, entraînant dans le même temps une sécheresse tenace et déclenchant des incendies de forêt exceptionnels en Aquitaine.

Une configuration différente en ce début d’été 2023

Le mois de juin actuel, premier mois de l’été météorologique, se caractérise par de fortes chaleurs durables, et pourrait d’ailleurs surpasser, en moyenne, celui de l’année dernière qui est, à ce jour, le 2ème plus chaud enregistré. Mais, en juin dernier, la France avait subi une canicule précoce du 15 au 21, avec des températures dépassant la barre des 40°C de la Bretagne au sud-ouest, dont nous sommes bien loin cette année.

Cette différence résulte de la position des centres d’action atmosphérique. Alors que l’été 2022 avait été caractérisé par ces petites dépressions situées au large du Portugal, servant de " pompe à chaleur ", nous avons connu jusqu’à présent des conditions anticycloniques au nord-ouest de l’Europe, induisant un temps sec et chaud sur la moitié nord de la France. Au sud, des dépressions orageuses ont concerné le bassin méditerranéen, provoquant des orages à répétition, limitant la hausse du thermomètre et effaçant la sécheresse de surface.

Été 2023 : quelles seront les différences par rapport à l’année dernière ?

Des centres d'action différents cet été par rapport à 2022 © La Chaîne Météo

Bien que marqué par la chaleur, ce début d’été ne présente donc pas la même configuration que l’année dernière. Et cela pourrait caractériser globalement l’ensemble de notre été, avec un temps chaud, plus sec au nord et assez orageux au sud, mais pas forcément caniculaire. On ne peut cependant pas résumer l’ensemble de l’été à cette seule description, car les masses d’air évoluent au fil des jours et ne sont jamais statiques trois mois d’affilée.

L’analyse des scénarios météo proposés par les différents modèles de prévision saisonnière montre une certaine cohérence à ce sujet. Pour le mois de juillet, les hautes pressions pourraient rester positionnées dans les parages des iles britanniques avec la prédominance d’un temps sec, tandis que des basses pressions apporteraient une tendance orageuse sur le pourtour méditerranéen.

La France serait donc encore concernée par cette distinction nord-sud avec des températures supérieures aux moyennes de +1,5 à +2°C. Dans ce contexte, la chaleur serait durable et marquée, mais les orages devraient écourter les périodes chaudes, limitant le risque de canicule. En août, l’anomalie des températures serait moins forte et les précipitations un peu plus fréquentes, ce qui limiterait davantage ce risque caniculaire.

Le point commun entre l’été dernier et l’actuel sera très certainement la persistance de la chaleur. Mais, alors que l’été 2022 était très sec, l’actuel devrait conserver une certaine humidité sous forme d’orages. Ceux-ci agiront comme une « barrière anti-canicule » en raccourcissant les épisodes de fortes chaleurs avant qu’ils ne dégénèrent en canicule. De plus, le positionnement un peu différent des centres d’action pourrait jouer en notre faveur, en diminuant le risque d’emballement de la « pompe à chaleur ». Mais ces nuances ne doivent pas nous faire oublier qu’il suffit d’un petit décalage de ces centres d’action pour exposer notre pays à l’air brulant présent sur l’Afrique du Nord, dans un contexte où le réchauffement climatique a entrainé un important changement dans la typologie de nos étés.

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