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GIEC : un 6ème rapport pour relever le « défi climatique »

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Après plusieurs semaines de travail, les experts du GIEC ont rendu public ce lundi le 6ème rapport, qui servira de « feuille de route » aux 195 États membres de l’Accord de Paris de 2015 en vue de la prochaine COP. Celle-ci se tiendra à Dubaï en décembre prochain. Cette synthèse de huit ans de travaux, à l’attention des décideurs, est un outil surtout politique et économique afin d’aborder les défis climatiques à l’échelle de la planète et de limiter le réchauffement mondial à +1,5°C.

Le 6ème rapport du GIEC alerte sur un réchauffement de +2°C © La Chaîne Météo

Plus de 10000 pages synthétisées en un document de 30 pages à l’intention des « décideurs », telle est la teneur de ce 6ème rapport du GIEC (1) communiqué ce lundi 20 mars. Ce résumé présente l’état des connaissances depuis 2016, après le 5ème rapport de 2018, en évaluant l’impact d’un réchauffement climatique planétaire à +1,5°C au-dessus de la moyenne de l’époque préindustrielle (fin du 19ème siècle, 1850-1900). Ce bilan s’accompagne surtout de préconisations pour les décideurs afin de limiter la hausse des températures et se préparer au défi des phénomènes météorologiques violents qui en découlent déjà.

Un rapport de synthèse pour préparer l’adaptation

Ce 6ème rapport n’apporte pas de nouveaux résultats scientifiques, mais fait la synthèse des travaux exposés depuis 2016. C’est un « outil politique », comme l’indique François Guemenne, auteur principal pour le GIEC. Il s’agit donc d’un bilan qui fait le point sur les actions menées par les différents États qui avaient signé l’Accord de Paris (195 signataires) en vue de limiter la hausse des températures à +1,5°C plutôt qu’à 2°C d’ici à 2100 (nous sommes actuellement à +1,1°C). Pour se faire, selon les experts du GIEC, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d'ici à 2030 par rapport à aujourd’hui. Ce rapport est annexé d’un document technique de 70 pages sur les conséquences d’un réchauffement à +1,5°C sur les océans, la cryosphère et les terres émergées.

En substance, le rapport indique que le réchauffement climatique s’accélère de façon « plus rapide que prévu » et que «les activités humaines en sont responsables » : ainsi, « sur les +1,1°C de hausse depuis la fin du 19ème siècle, 1,07°C est dû aux émissions de gaz à effet de serre ». Au total, le GIEC indique qu’il « sera difficile de contenir le réchauffement à +1,5°C d'ici à 2100, et que la hausse pourrait atteindre +3,2°C si « rien ne change ».

L’adaptation devra passer par une « neutralité Carbone » (équilibre entre les émissions et l’absorption via les puits de carbone), qui devra être atteinte autour de 2050. Il faudra donc, pour les États membres, préparer l’adaptation. A ce sujet, le rapport indique aux décideurs que des solutions existent, en particulier dans les domaines de l’énergie, de l’industrie, de l’agriculture, les transports et les bâtiments. Toutes ces pistes devront s’accompagner d’une « modification profonde des comportements ».

Un enjeu de météo au jour le jour

Le 6ème rapport servira donc surtout de feuille de travail pour aider les États membres de l’Accord de Paris, avant d’en faire un bilan complet lors de la prochaine COP 28 (2) de Dubaï, en engageant une transition rapide de tous les secteurs économiques. Mais, au-delà de cet aspect, la communication actuelle est davantage axée sur les phénomènes purement météo, c’est-à-dire sur les conséquences directes attribuées au réchauffement climatique que l’on subit tous les jours : inondations, canicules, sécheresse, stress hydrique. Les populations sont ainsi plus sensibilisées aux « risques météorologiques » et sur les « comportements ». Le GIEC insiste sur le fait que « le monde n’est pas prêt à ce changement climatique », avec une adaptation insuffisante et inadaptée, mais que les « populations sont conscientes des efforts à faire ». Le GIEC admet aussi que les impacts du réchauffement climatique ne touchent pas l’ensemble de la planète de la même façon, avec une véritable « injustice » face aux événements climatiques.

Si l’on devait retenir les principaux messages de ce 6ème rapport, ce serait d’abord celui de l’urgence de la prise de conscience, la nécessité d’agir, que ce soit à l’échelle des gouvernements mais aussi individuel, mais aussi l’espoir que des solutions existent. Les scientifiques le rappellent, rien n’est encore définitif, mais « chaque degré compte » afin de contenir ce réchauffement à +1,5°C, ou, au pire, à 2°C d'ici à 2100. C’est donc un message alarmant et empreint d’urgence, mais qui présente les pistes à suivre pour agir : la sobriété énergétique, déjà entamée par certains pays, la transition entre énergies fossiles et « énergies propres », le développement de « puits de carbone » (reforestation) et la mise en place d’un mode de vie plus sobre et vertueux. Le Secrétaire Général de l’Organisation Météorologique Mondiale indiquait lui-même, à l’issue de la conférence de presse, que ces pistes apporteraient de « nombreux bénéfices », sur la santé (réduction de la pollution de l’air), sur la productivité agricole, ou encore le bien-être. De plus, cette transition serait source de « nouvelles opportunités pour le secteur économique.

6ème rapport du GIEC : les points forts à retenir © La Chaîne Météo

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies d’adaptation. COP : Conférence des Parties, c’est-à-dire des Etats membres signataires
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