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Sécheresse : nette aggravation, aucune pluie significative en vue

Cyrille DUCHESNE

Par Cyrille DUCHESNE, météorologue
mis à jour le

Ce mois de juillet s'annonce comme le plus sec jamais enregistré depuis 1959. Certaines villes du sud n'ont pas reçu la moindre pluie et les périodes de fortes chaleurs observées au cours du mois n'ont fait qu'aggraver la sécheresse de surface.

En cette fin de mois de juillet, 90 départements français sur 96 sont touchés par des restrictions d'eau sur au moins une partie de leur territoire, un phénomène inédit si tôt en saison. Nous ne sommes qu'au milieu de l'été et les conditions de temps sec sont bien parties pour se prolonger en première quinzaine d'août. Pas de répit en vue si l'on excepte quelques orages isolés au sud qui n'inverseront pas la tendance au temps durablement sec.

Plusieurs facteurs expliquent une situation hydrologique très critique

- un hiver pas assez arrosé avec un déficit pluviométrique de l'ordre de 20% en moyenne sur la France qui n'a pas permis aux nappes de se remplir correctement.

- un printemps très sec, arrivant au 3ème rang des printemps les plus secs depuis 1959

- des périodes de chaleur récurrentes dès le printemps avec la canicule la plus précoce jamais enregistrée à la mi-juin, suivie d'une autre période de canicule plus durable et intense à la mi-juillet.

- un mois de juillet historiquement sec avec des cumuls de pluie souvent dérisoires : 0 mm à Nice, Nîmes et Marignane, 1 mm à Bastia, Agen, Perpignan, Bordeaux et Rennes, 2 mm à Clermont-Ferrand !

Déficit pluviométrique record en juillet 2022 © La Chaîne Météo

Juillet 2022 le plus sec depuis 1959 © La Chaîne Météo

Des nappes phréatiques très déficitaires

Au 1er juillet 2022, 88% des nappes phréatiques présentaient un niveau d'eau inférieur à la moyenne et seulement 12% un niveau proche de la normale. Par ailleurs, l'ensemble des nappes phréatiques voyaient leur niveau baisser ce qui est normal à cette période de l'année où les précipitations qui tombent ne servent pas à alimenter les réserves en eau souterraines.

Niveau des nappes phréatiques en juillet 2022 © La Chaîne Météo

Les nappes phréatiques les plus déficitaires sont celles de la région PACA suivies de celles des régions du centre-ouest (Poitou-Charentes, Touraine, Brenne...) et de la Bourgogne-Franche-Comté et d'Alsace.

nappes phréatiques déficitaires en juillet 2022 © La Chaîne Météo

Les nappes phréatiques dont le niveau est le plus proche de la normale sont celles de la Brie, de la Garonne et de la Dordogne et celles du littoral languedocien et du Roussillon.

Baisse généralisée des nappes phréatiques juillet 2022 © La Chaîne Météo

Des cours d'eau aux faibles débits

Près de la moitié des stations d'hydrométrie des cours d'eau présentent une hydraulicité (rapport du débit d'une rivière par rapport au débit moyen calculé sur une longue période) inférieure à 40 %, la situation étant particulièrement critique en Auvergne-Rhône-Alpes, PACA et en Corse. Au 1er juillet, un tiers des stations de mesure présentaient un débit inférieur à la décennale sèche, selon le bulletin national de situation hydrologique du 11 juillet 2022.

Restrictions d'eau au 27 juillet © La Chaîne Météo

Cette situation de faibles débits des cours d'eau a des conséquences dommageables. La circulation fluviale est parfois restreinte ou même interrompue comme c'est le cas sur le canal de Bourgogne tandis que beaucoup de péniches sur le Rhin, ne sont chargées qu'au tiers de leur capacité étant donné les faibles niveaux d'eau.

En Lorraine, le faible débit de la Moselle oblige la centrale nucléaire de Cattenom à puiser l’eau destinée à refroidir ses installations dans un bassin de retenue voisin. En Franche-Comté ainsi qu'en Limousin, plusieurs communes du Doubs n’ont plus d’eau potable et doivent être alimentées par des camions-citernes, selon la préfecture.

Toujours pas de pluie significative d'ici le 10 août

Les prévisions météo sont pessimistes pour ces prochains jours en termes de précipitations. Si l'on excepte quelques averses orageuses à proximité des reliefs, on n'attend toujours pas de pluies significatives sur la France à horizon du 10 août.

La sécheresse s'aggrave d'ici dimanche 31 juillet © La Chaîne Météo

Avec un risque de nouvel épisode de canicule en vue la semaine prochaine sur certaines régions du sud, la situation va encore s'aggraver. Les conséquences sur la faune et la flore ainsi que sur l'agriculture vont vite devenir importantes et préoccupantes. Cette situation de blocage anticyclonique exceptionnellement durable semble se répéter depuis quelques années, dans un contexte de réchauffement climatique.

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