Vague de chaleur : un mois de mai déjà dans les records
La chaleur exceptionnelle que nous connaissons va se prolonger jusqu'à la semaine prochaine et continuer à aggraver la sécheresse. À douze jours du début de l'été météorologique (1er juin) mai 2022 s'annonce déjà record à plus d'un titre. Interview de Pascal Scaviner, chef du service prévisions de La Chaîne Météo/METEO CONSULT.
La Chaîne Météo : vous parlez de ce mercredi comme la journée la plus chaude de la semaine. Le week-end a l'air de s'annoncer à nouveau très chaud, voire plus. Qu'en est-il ?
Pascal Scaviner : ce mercredi, plus de 70 % du territoire subit de fortes chaleurs avec des températures supérieures à 30°C. Dimanche, ce sera davantage 50 % et concentrés sur la moitié sud. Il est vrai que de fortes chaleurs s’observeront de nouveau, en raison notamment de la présence en altitude d’une masse d’air encore plus chaud qu’actuellement. En effet, à 1500 m d’altitude, la température pourrait ainsi monter jusqu’à 20-24°C dans le sud-ouest contre 18°C actuellement. Le potentiel est donc là, mais à cette échéance, il existe encore quelques doutes qui limiteraient le niveau des températures. Ils sont liés à l’incertitude sur la couverture nuageuse et le risque d’averses. La fiabilité est à ce jour de 60 %.
LCM : jusqu'à maintenant vous parlez d'une vague de chaleur remarquable, exceptionnelle. Doit-on craindre une canicule en fin de semaine ?
PS : la probabilité est très faible, car les températures minimales et maximales resteront en moyenne de 2° à 4 °C en dessous des seuils définis pour la canicule. Compte tenu de l’incertitude de la prévision du week-end, si nous devions l’observer, elle serait dès lors très localisée.
LCM : sécheresse, chaleur, orages, ce mois de mai s'annonce-t-il déjà comme celui de tous les records ?
PS : de beaucoup de records assurément. On retiendra principalement :
- le fort déficit en moyenne de pluies, qui va encore aggraver la sécheresse sur de nombreuses régions.
- une période record du nombre de journées continues, 37 comptabilisés mardi 17 mai, avec des températures moyennes nationales supérieures aux normales de 1981-2020.
- un nombre de jours de fortes chaleurs (températures > 30°C) jamais atteint depuis 50 ans sur certaines villes comme Agen, Toulouse, Montélimar, Lyon. Celui-ci pourrait ainsi atteindre, d'ici à la fin du mois, jusqu’à 8 jours à Montélimar, battant le record de 5 jours de 2011. Gardons à l’esprit, que le nombre de jours de fortes chaleurs en mai, sur ces 4 villes, est en moyenne de 0,5 jour sur les 50 dernières années.
Un mois de mai déjà dans les records © La Chaîne Météo
LCM : y a-t-il une sortie prévue de ces fortes chaleurs et un retour de la pluie pour améliorer la sécheresse ?
PS : Oui pour la sortie dès le début de semaine prochaine, mais elle pourrait se révéler que temporaire, car de nouvelles fortes chaleurs restent possibles à l’approche du week-end de l’Ascension. Pour la pluie, pas de bonnes nouvelles. Certes, les dégradations orageuses et les averses limiteront l’aggravation de la sécheresse sur les régions qui subiront les plus fortes intensités, mais ailleurs ce ne sera pas le cas. La situation est en effet propice au développement de régimes d’averses, majoritairement localisés et ponctuels, mais pas à des précipitations généralisées et durables. De plus, avec les températures qui resteront de niveau quasi estival, la forte évaporation ne bénéficiera pas à l’agriculture.
LCM : avec le réchauffement climatique, est-ce que la situation actuelle risque de devenir la norme ?
PS : La norme, difficile à dire selon l’échéance considérée, mais l’augmentation de leur fréquence oui. Cela s’inscrit dans une plus grande et forte variabilité du climat que nous constations depuis 25 ans en comparaison à celui du XXe siècle.