Dixie Fire en Californie : un feu hors de contrôle générant son propre climat
Après un début de saison très sec et chaud sur l’ouest américain, 86 feux de forêts sont actuellement actifs sur cette partie des Etats-Unis dont le « Dixie Fire » en Californie du nord, un incendie si immense que ce dernier génère son propre climat. Explications.
L’ouest américain brûle depuis plusieurs semaines, en raison d’une sécheresse historique qui touche plusieurs états dont la Californie. C’est dans cet état que s’est notamment déclenché, le 14 juillet dernier, le plus gros feu de forêt, le « Dixie Fire ».
Un début de saison estivale exceptionnellement chaud et sec dans l’ouest américain
L’ouest des Etats-Unis connaît actuellement l’une des pires sécheresses de son histoire menaçant de nombreuses cultures et provoquant des incendies majeurs sur l’ouest américain. En date du 26 juillet, près de 606 302 ha étaient partis en fumée à travers 12 états, soit l'équivalent de plus de deux fois la superficie du département du Rhône. Le début de cet été 2021 a en effet été particulièrement sec et chaud sur cette partie du continent avec notamment la canicule historique qu’a connu l’ouest Canadien fin juin en battant le record absolu de chaleur avec 49,6°C dans le village de Lytton. D’ailleurs, un feu destructeur s’était déclenché à l’issue de cette vague de chaleur inédite et avait rasé de la carte ce petit village de Colombie Britannique.
Here’s video of people escaping Lytton as fire rips through the village, posted by 2 Rivers Remix Society. The destruction and tragedy are unfathomable. #LyttonBC #Lytton pic.twitter.com/OEPl4jRXsr
— Jess Balzer (@Balzer_Jess) July 1, 2021
Le continent nord Américain a ainsi connu son mois de juin le plus chaud depuis le début des relevés météorologiques. A Salt Lake City, la température moyenne a atteint 26,7°C, ce qui est plus de 4°C au-dessus de la normale, ce qui en fait le mois de juin le plus chaud depuis 74 ans. D'autres villes comme Salem (Oregon) et Olympia (Washington) ont battu leur record absolu de chaleur avec respectivement 47,2°C et 43,3°C.
L'une des raisons de cette chaleur exceptionnelle s'explique par la sécheresse très marquée depuis le printemps, ce qui limite l'évapotranspiration des plantes et l'évaporation des sols alors que ces phénomènes permettent de limiter la hausse des températures lors de vague de fortes chaleurs. L'humidité des sols étant très faible, l'énergie du soleil atteint directement le sol desséché et le soleil réchauffe ainsi plus rapidement la surface du sol, ce qui l'assèche alors d'autant plus. Le phénomène de sécheresse a également été amplifié par le phénomène la Nina qui a tendance à rendre le sud-ouest des Etats-Unis beaucoup plus sec.
Le « Dixie Fire » crée son propre climat et se régénère sans cesse
© La Chaîne Météo
En Californie, le « Dixie Fire », en raison de son immensité, génère des nuages appelés « Pyrocumulus » qui provoquent ainsi de la foudre et de violentes rafales de vent, alimentant sans cesse le foyer de l’incendie. En effet, les fumées de l'incendie forment des noyaux de condensation qui permettent au nuage de se former au-dessus même du feu en question, créant un cercle vicieux permettant au feu de devenir incontrolable.
Northern California Dixie Fire #dixie pic.twitter.com/Azwt1Y0WUh
— Elle Laughlin (@ElleLaughlin) July 22, 2021
5000 pompiers sont mobilisés, mais seulement 23% de l’incendie était maîtrisé ce mardi, en raison des difficultés que les soldats du feu rencontrent dans leur combat contre ce mastodonte. Les pompiers précisent d'ailleurs que cet incendie ne pourrait être contenu qu’à la fin de l’automne. Le Dixie Fire avait déjà brûlé plus de 80 000 ha mardi 27 juillet, soit l'équivalent de l'agglomération de Berlin ou encore 8 fois la ville de Paris.
Des prévisions météo peu propices à une amélioration ces prochaines semaines
© La Chaîne Météo
Malheureusement, aucune amélioration sensible n’est entrevue pour ces prochains jours et prochaines semaines dans cette partie des Etats-Unis. Un anticyclone est ancré au large des côtes Pacifiques alors que des basses pressions résistent en Arizona et en Californie du Sud. C’est donc un flux de nord-ouest sec dominant qui concerne la côte Pacifique, avec des températures au-dessus des normales et un taux d’humidité particulièrement bas. Plus à l’est, la mousson Arizonienne qui remonte en direction des Montagnes Rocheuses provoque des orages entre l’Arizona et le Montana. Ces orages sont particulièrement redoutés car ils peuvent provoquer de nouveaux départs de feu par la foudre.