Temps hivernal pour le début du printemps : est-ce normal ?
Le froid revient en France pour cette fin de semaine, au moment du début du printemps calendaire, le 20 mars. Après avoir connu un mois de février nettement plus doux que les normales, ce retour d’un temps hivernal peut surprendre. Et pourtant, cela n’est pas rare. Quelques repères sur les printemps frais que la France a pu connaître.
Le mois de mars est le premier mois du printemps météorologique et calendaire, au moment de l’équinoxe, mais reste un mois souvent contrasté entre des coups de froid tardifs parfois marqués et les premières douceurs précoces. Les mois d’intersaison sont réputés pour leurs amplitudes thermiques extrêmes. Cette année, la France ne va pas échapper au froid tardif, alors que le mois de février s’était caractérisé par une douceur globale de +2,5°C au-dessus des moyennes à l’échelle de la France, malgré la courte vague de froid du milieu du mois.
Une situation actuelle atypique
L’épisode froid attendu en France ces prochains jours ne présente pas de caractère exceptionnel bien que cela ne se produise en moyenne qu’une fois tous les 3 ans sur notre pays. On peut donc parler d’une situation atypique dans le sens où la configuration météorologique qui se met en place est digne de l’hiver : une gigantesque masse d’air froid recouvre l’Europe de l’est et la Russie, et le vent de nord-est à est va rabattre cet air froid vers la France. Il s’agit presque du fameux « Moscou-Paris » qui survient parfois au cœur de l’hiver et qui dirige vers notre pays l’air froid situé en Russie. Le niveau des températures, en revanche, ne sera pas exceptionnel bien qu’en journée, les valeurs seront situées environ 5°C sous les normales de saison, proches des valeurs moyennes d’un début février. De la neige est attendue jusqu'en plaine jeudi et vendredi. Mais des froids tardifs en mars ne sont pas rares en France.
Des printemps frais : une fois tous les 3 à 4 ans
Le mois de mars est un mois d’intersaison, typiquement soumis à de grandes variations de températures entre l’hiver finissant et le début du printemps. Des coups de fraîcheur avec des giboulées se produisent chaque année en mars, mais les véritables offensives du froid surviennent environ une fois tous les 3 à 4 ans. Le début mars 2018 avait connu une vague de froid tardive dans la continuité de février, mais le dernier printemps frais est celui de 2016 : tout le printemps fut frais et humide, avec un mois de mars déficitaire de -1°C sur l’hexagone. Cette année, on n’en sera peut-être pas très loin. Le printemps 2013 fut le plus froid de la décennie, se situant au niveau des printemps maussades des années 1980. On se souvient de la tempête de neige qui avait paralysé le nord de la France le 12 mars 2013, un épisode historique. Plus loin, le mois de mars 2005 a été marqué par une véritable vague de froid en première décade. Les températures sont ainsi descendues sous les –20 °C dans le Nord-Est et sous les –10 °C sur la grande majorité du territoire à l’exception des régions côtières. Le radoucissement s’est ensuite amorcé à partir du 7 mars.
Ce retour du froid en mars n’est pas rare, et de nombreux printemps ont été bien froids en France. Cependant, les vagues de froid tardives sont désormais plus rares dans le contexte du réchauffement climatique.
Des printemps plus chauds et secs depuis les années 2000
© La Chaîne Météo
Si les printemps frais ne sont donc pas exceptionnels, ils sont tout de même caractérisés par une forte tendance au réchauffement depuis la décennie 1990/2000 dans le contexte du changement climatique contemporain. Les printemps très frais étaient quasiment la norme entre 1960 et les années 1980, où la neige tombait fréquemment en plaine pour Pâques, en avril. Désormais, la fréquence des printemps frais diminue nettement pour laisser place à des printemps précoces, rapidement chauds et secs. Depuis les années 2000, ils sont devenus la norme. Malgré tout, la variabilité naturelle existe et des printemps frais peuvent encore se produire, comme on le voit en ce mois de mars. Mais, dans la perspective du réchauffement climatique, ces printemps frais semblent devenir plus rares, ce qui contribue, entre autres, à raccourcir la saison de neige en montagne et à engendrer des situations de sécheresse pénalisante avant d’aborder l’été.