Baisse des températures : non, pas de vague de froid la semaine prochaine
Avec la baisse des températures annoncée pour la semaine prochaine en France, un certain emballement médiatique évoque l'arrivée d'une "vague de de froid". Il n'en sera rien. C'est l'occasion de revenir sur les caractéristiques d'une vague de froid, qui doit répondre à certains critères.
Nous sommes tellement habitués à la douceur ambiante depuis cet automne que l'arrivée du froid pourra vous paraître brutale. En effet, la semaine prochaine, le froid arrive et avec lui divers qualificatifs tels "coup de froid", "vague de froid", qui sont parfois utilisés à tort. Pourtant, les vagues de froid en France se déclenchent dans des configurations météorologiques bien particulières, et répondent à des critères précis dont on sera bien loin. Heureusement, la chaîne Météo est là pour vous aider à y voir plus clair.
?? C'est parti pour l'emballement...Non, pas de vague de froid la semaine prochaine. Pour cela il faudrait :
— La Chaîne Météo (@lachainemeteo) November 14, 2024
- T° inférieures d’au moins 5°C aux moy. mensuelles
- Indicateur thermique sous -2°C durant 1 journée au moins
- 3 jours consécutifs avec une T° moyenne nationale sous… pic.twitter.com/6xZWe3mcOb
Le contexte : arrivée d'un air polaire maritime venté et humide
La semaine prochaine sera marquée par l'arrivée d'une masse d'air en provenance du grand nord, via l'Islande. On parle de "décrochage d'air polaire". Celui-ci sera brutal et particulièrement marqué, avec une anomalie de 10°C sous les moyennes en altitude. Cet air sera aussi très instable, chargé d'humidité après son passage sur la mer. Cela provoquera des pluies, des giboulées de neige et de grésil, et d'abondantes chutes de neige en montagne. Mais cette origine maritime adoucira quelque peu cette masse d'air en plaine, où les températures seront en moyenne 3°C inférieures aux normales de saison.
Une masse d'air d'origine polaire descendra du nord-ouest sur la France © la Chaine Météo
Dans ce contexte refroidi, les températures seront en moyenne 3°C inférieures aux moyennes de saison à l'échelle nationale, tout en sachant qu'il fera plus froid au centre-est et plus doux au sud-ouest.
Un ressenti particulièrement maussade et froid
Les températures ressenties seront basses à partir de mercredi prochain © La Chaine Météo
Assurément, vous n'aurez pas bien chaud la semaine prochaine, surtout à partir de mercredi, et il faudra bien se couvrir. Le vent de nord-ouest soufflera de façon soutenue avec un risque de fort coup de vent sur les Hauts-de-France et en montagne. La combinaison des rafales, des averses et du froid vous procurera un ressenti "glacial", plus ou moins marqué si vous êtes frileux. En montagne, avec la neige, il faudra faire attention à ce froid qui peut s'avérer difficile à supporter en extérieur. Mais cette notion de ressenti, du moins à ce stade, ne rentre pas en compte pour définir une "vague de froid".
Les températures seront très éloignées d'une vague de froid
Avec le temps perturbé, les températures atteindront à peine le seuil des gelées en plaine la semaine prochaine © La Chaine Météo
Le terme vague de froid ne signifie pas simplement qu'il va faire froid. Cela répond à des critères météorologiques précis, tout comme pour une canicule en été.
Ces critères sont principalement liés à la rigueur du froid (gel, journées sans dégel et persistance de la neige au sol en plaine), sa durée et à son extension géographique. Parmi ces critères, il faut que les températures soient pendant plusieurs jours inférieures de 5°C aux moyennes à l'échelle de la France, que l'indicateur thermique national ne remonte pas au-dessus de 0,9°C pendant plusieurs jours (à titre d'exemple, nous serons à environ +4°C la semaine prochaine), et que cet indicateur passe au moins un jour sous -2°C.
Indicateur thermique national © la chaîne météo
Il faut que ces températures très déficitaires soient généralisées à plusieurs régions, voire à tout le pays dans certaines situations. Ce fut le cas des grandes vagues de froid des hivers 1956, 1963, 1985 et 1987, ou plus près de nous en février 2012.
Si ces trois conditions sont remplies, on parlera de vague de froid. À l'inverse, si l'une d'elle ne l'est pas, on aura plutôt tendance à parler de coup de froid.
On en déduit donc qu'une vague de froid ne se limite pas simplement aux zones de montagne mais caractérise surtout les zones de plaine de notre pays. De même, le ressenti n'intervient pas dans cette définition : seuls les prévisions et les relevés de températures sont des critères objectifs.
Le froid sera marqué en montagne la semaine prochaine © La Chaine Météo
Dernière vague de froid généralisée en France en février : février 2012
La dernière vague de froid généralisée à l'échelle de la France pour un mois de février remonte à février 2012. La température était descendue à -25°C à Mouthe. Paris avait connu 6 jours continus sans dégel et la température avait plongé à -19°C à Orgerus (78), -15°C à Pontoise (78), -17°C à Romorantin et Bergerac, -11°C à Aubagne (13). Le 12 février 2012 au matin, les 3/4 du pays connaissait des températures inférieures à -10°C ! On relevait -9°C et -8°C à Montpellier ! Nous serons encore assez loin ces prochains jours de valeurs aussi basses dans le nord de la France !
Pour rappel, la dernière vague de froid en France remonte à janvier 2017 : il s'agissait d'un froid sec où la Loire charriait des glaçons jusqu'à Orléans et où l'Allier était gelée.
Le mois de février 2018 a lui aussi été marqué par des épisodes de neige notables en plaine, en particulier en région parisienne, et par une vague de froid tardive fin février et début mars (la température était descendue à -10°C dans Paris intra-muros).
En janvier dernier, une période froide avait concerné les régions situées au nord de la Seine avec jusqu'à -14°C à Arras, constituant même un record pour cette station. Mais la durée de 3 jours et la superficie concernée n'avaient pas permis de parler de vague de froid au sens strict du terme.
Vous l'avez compris, vous n'aurez pas chaud la semaine prochaine et il faudra bien se couvrir et rallumer les chauffages si cela n'est pas déjà fait. Mais il s'agira d'un coup de froid tout à fait classique pour cette époque de l'année, dont nous avons perdu l'habitude. Hormis en montagne et au nord-est, les gelées resteront rares.