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90s pour le changement climatique : l'impact du réchauffement des mers en France d'ici 2050

Cyril WUEST

Par Cyril WUEST,
mis à jour le

Le réchauffement des océans et des mers est un enjeu majeur dans le contexte du changement climatique actuel. Les conséquences seront nombreuses d'ici à la fin du siècle : orages violents, nuits tropicales, canicules marines… Quelles répercussions auront ces phénomènes sur notre quotidien et notre santé ?

La température des eaux de surface connaît une hausse constante dans tous les océans du globe. Depuis les années 1970, l'élévation s'accélère, avec un réchauffement global de la surface océanique de +0,1 °C par décennie depuis 1971.

En France, la Méditerranée se révèle particulièrement vulnérable, affichant un réchauffement plus rapide que la Manche et l'Atlantique. En effet, cette mer est quasiment fermée, et est régulièrement soumise aux remontées d'air très chaud du Maghreb. D'après les derniers scénarios du GIEC, les températures de la Méditerranée devraient encore s'élever de 2 à 4°C d'ici la fin du XXIe siècle.

Une eau plus chaude favorise l’évaporation et les fortes pluies

L'élévation des températures de l'eau a des répercussions directes sur l'atmosphère. L'eau plus chaude libère davantage de vapeur d'eau dans l'air, ce qui alimente les nuages en humidité et augmente le risque de pluies intenses. Ainsi, les orages deviennent de plus en plus pluvieux, car la chaleur de la mer agit comme un immense réservoir d'énergie pour les phénomènes météorologiques extrêmes. Cet été 2024, la mer Méditerranée a d'ailleurs battu des records de chaleur, avec jusqu'à 30°C enregistrés dans le golfe de Gênes contre 25°C normalement, soit une anomalie de +5°C. Cette tendance devrait bien se multiplier et même s'aggraver dans les années à venir.

Augmentation de l'inconfort : la notion d' « humidex »

L'humidex est un indice créé pour mesurer la combinaison entre la température et l'humidité afin d'estimer la sensation de chaleur et sa dangerosité. Il est sans unité et dépend donc du taux d'humidité relative au sein de l'atmosphère.

Avec une atmosphère plus chargée en humidité, l'indice humidex augmente. Une humidité élevée rend la chaleur difficilement supportable pour l'organisme, notamment lors des vagues de chaleur. Pour exemple, une température réelle de 30°C avec un taux d'humidité à 80% donne un indice humidex supérieur 40, seuil à partir duquel la personne ressent un inconfort important. Il devient alors difficile de pratiquer une activité sportive, ou d'effectuer les tâches du quotidien à l'extérieur. À titre de comparaison, un humidex de plus de 40 correspond aux conditions que l'on retrouve dans les pays tropicaux, comme au Viêt Nam ou au Cambodge.

Dans les cas où cet indice humidex dépasse les 50, les conséquences sur la santé humaine peuvent être graves, allant des malaises à des risques de coup de chaleur, en particulier pour les personnes vulnérables.

Augmentation des « canicules marines » et rétroaction sur les températures de l’air

Le terme de « canicule marine », de plus en plus utilisé ces dernières années, décrit ces périodes prolongées où les températures de l'eau restent anormalement élevées. Plus précisément, une canicule marine survient lorsque la température de surface de la mer est plus élevée que 90% du temps pendant plus de 5 jours.

Les effets d'une telle canicule ne se limitent pas qu'aux océans : l'eau trop chaude influence également les températures de l'air, en particulier durant la nuit. En France, le réchauffement de la Méditerranée devrait contribuer à des nuits tropicales, où les températures nocturnes ne descendent pas en dessous de 20°C, augmentant le risque de canicules terrestres. Ce manque de répit nocturne accentue les effets des vagues de chaleur, rendant les périodes caniculaires plus éprouvantes.


La température élevée de l'eau agit donc comme une rétroaction (l'océan influence l'atmosphère et vice-versa) sur le climat terrestre, amplifiant les vagues de chaleur que nous connaissons déjà. Les conséquences sur l'environnement sont multiples : des côtes plus exposées aux tempêtes, et un impact direct sur notre santé et notre bien-être. Ces conséquences ne se limitent pas qu'aux phénomènes météorologiques. Les écosystèmes marins seront également affectés, avec la mort des coraux et de nombreuses espèces marines.

L'enjeu de réduction de nos émissions de CO2 est donc considérable pour ces futures années, à la fois afin de limiter la trop forte augmentation des températures d'ici à la fin du siècle, mais aussi pour limiter la multiplication des conséquences que nous vivons déjà actuellement.

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