90s pour le changement climatique : comment le changement climatique accentue les feux de forêts
Avec 47 000 hectares de forêts et de broussailles brûlés sur l’ensemble de l’hexagone en 2022, la France métropolitaine a connu le deuxième été le plus chaud depuis le début des relevés. Ces surfaces forestières brûlées ont été sept fois plus importantes que la moyenne lors de ces 15 dernières années, un record exacerbé par les effets du changement climatique.
Le changement climatique rend les forêts plus sensibles
D’après les dernières simulations du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), la hausse des températures enclenchée depuis le début de l’ère préindustrielle, dûe aux activités humaines, devrait atteindre +2,2°C en France métropolitaine d'ici à 2050. Cette hausse pourrait s'accompagner, durant les étés, d’une augmentation du nombre de vagues de chaleur avec 5 à 10 jours de chaleur en plus (journées avec une température supérieure ou égale à 25°C).
Cette hausse des températures à des conséquences néfastes sur les forêts : elle favorise l’évapotranspiration des arbres et des plantes, ainsi que la baisse de l’eau contenue dans les sols. La forêt devient donc plus sensible au développement des incendies, car le végétal devient plus sec.
En plus de l’impact sur les températures, le changement climatique affecte les précipitations. D'ici à 2050, le GIEC prévoit une diminution des précipitations estivales de 10 %, particulièrement dans le sud-est, où il pourrait y avoir 5 à 10 jours supplémentaires de sécheresse, ce qui augmentera les risques d'incendies en rendant le bois plus inflammable.
Les conséquences de l'évolution de notre climat sur nos forêts et le risque d'incendies sont sans appel : l’augmentation des températures et la baisse des pluies accroît le stock de combustible disponible. Mais, ce ne sont pas les seuls effets.
La période de risque d'incendies s'allonge, et leur surface augmente
Les experts du GIEC ont montré que les surfaces forestières les plus sensibles au risque de feu, actuellement localisées dans le sud-est, pourraient s’étendre de +30 % à l’horizon 2040. Ce risque pourrait couvrir une part importante des forêts de la moitié sud, comme la forêt des Landes, déjà très affectée en 2022. Il pourrait même s’étendre aux forêts de Sologne et des Vosges à l’horizon 2060.
Cette extension des territoires exposés au risque de feu progresse vers le nord et les régions plus septentrionales, y compris dans des régions pas ou très peu concernées jusqu’à maintenant, comme les Ardennes.
Par ailleurs, en raison d'un démarrage plus précoce de la saison où des feux peuvent se produire, et une fin plus tardive, un allongement de la période de risque de feu est à prévoir. En fin de siècle, certaines zones du sud et sud-est pourraient être concernées par 1 à 2 mois supplémentaires à risque, comme la vallée du Rhône, déjà très concernée.
Cette hausse s'accentue encore davantage dans les zones déjà les plus vulnérables. En fin de siècle, le cœur de la saison des feux, c'est-à-dire la période durant laquelle les risques sont les plus forts, pourrait s'allonger de 2 à 3 semaines. D’une durée actuelle de 1 à 2 semaines, cette période pourrait atteindre un mois dans certaines régions en fin de siècle, particulièrement dans le sud-est.
Gaz à effet de serre et feux de forêts : un cercle vicieux
Les feux de forêts sont à la fois une conséquence du changement climatique, et une cause. Ils contribuent à rejeter de grandes quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, qui vont à leur tour accentuer la hausse des températures, et ainsi augmenter le risque de feu de forêts. Sans parler du fait que plus il y a d'incendies, moins il y a de forêts pour séquestrer le carbone, et plus les incendies sont nombreux, plus les impacts sanitaires liés à la pollution sont importants.
En 2023, des scientifiques du World Resources Institute et de l'Université du Maryland ont étudié l'impact des incendies au Canada, qui ont gravement pollué l'air à l'échelle mondiale (lien vers l'étude, en anglais). Ils ont déterminé que ces incendies ont émis près de quatre fois plus de carbone que les avions en un an, équivalant aux émissions annuelles de 647 millions de voitures, selon l'Agence américaine de protection de l'environnement.
« Bien que la forêt finisse par repousser et séquestrer du carbone, ce processus prendra au minimum des décennies, de sorte qu’il existe un décalage assez important entre l’ajout de carbone atmosphérique dû aux incendies de forêt et l’élimination éventuelle d’au moins une partie de ce carbone par la forêt qui repousse. Ainsi, au cours de ces décennies, l’impact net des incendies est une contribution au réchauffement climatique. » (citation relevée sur le site lapresse.ca)
Que ce soit en 2023 au Canada, en 2021 en Grèce ou en 2020 en Australie, les incendies ont montré leur intensité croissante et leurs impacts sanitaires, économiques et touristiques dévastateurs. Face aux défis majeurs posés par les incendies exacerbés par le changement climatique, la Commission Européenne a annoncé en 2023 un plan de financement de 600 millions d'euros pour renforcer la lutte aérienne contre ces catastrophes. Ces mesures soulignent également les défis considérables auxquels les pays sont confrontés pour anticiper, prévenir et gérer ces catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et intenses.