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90s pour le changement climatique : vers plus de canicules en 2050

Cyril BONNEFOY

Par Cyril BONNEFOY, météorologue
mis à jour le

L’un des impacts du changement climatique se retrouve dans la multiplication des épisodes caniculaires et leur intensification. Cette tendance est particulièrement vraie depuis la fin des années 70 et sera amenée à s’accélérer dans les futures décennies.

L’été 2023, marqué par des températures records et une sécheresse intense, nous a offert un avant-goût d’un futur qui s’annonce de plus en plus chaud. Les canicules, ces périodes de chaleur intense et prolongée, ne sont plus un phénomène rare en France. Elles s’intensifient et se multiplient et les prévisions pour les prochaines décennies voient la tendance se poursuivre.

Une augmentation des vagues de chaleur surtout depuis 1980

Depuis les années 1950, le nombre de journées caniculaires a augmenté de manière significative, mais c’est surtout à partir des années 80 que la tendance s’est confirmée. On se rappelle notamment des canicules de juillet 2010, juillet 2015, juillet et août 2018 ou encore juin et juillet 2019. Si les étés chauds étaient autrefois (avant 1980) des anomalies, ils sont aujourd'hui devenus la norme. Sur la période 2010-2023, la France comptabilise plus de vagues de chaleurs que sur toute la période 1947-2000. L'été 2003, avec ses températures records et ses 15 000 décès, a marqué un tournant. Cet événement tragique a révélé la vulnérabilité de la France face aux épisodes de chaleur intense, mettant en lumière les besoins urgents en matière de prévention et de préparation. À la suite de cet épisode meurtrier, les autorités ont mis en place le Plan Canicule, qui est un plan d'action afin de prévenir et gérer les risques liés aux fortes chaleurs. Il est activé chaque année pendant la période estivale, généralement de juin à septembre, et son niveau d'alerte est adapté en fonction des prévisions météorologiques.

Des canicules de plus en plus intenses et nombreuses d’ici à 2050

Les modèles climatiques du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Changement Climatique (GIEC) prédisent que la situation ne fera qu'empirer dans les prochaines décennies. D'ici à 2050, les canicules devraient être encore plus fréquentes et intenses, avec des températures qui pourraient atteindre des records inégalés jusque-là. Selon Météo France, les plaines allant du sud-ouest au bassin parisien pourraient connaître 16 à 20 journées anormalement chaudes chaque été à partir de 2050, contre moins de 15 avant 2005. Le sud de la France, déjà fortement exposé, pourrait subir des pics de chaleur dépassant les 45°C. Enfin, les nuits tropicales (>20°C) deviendront également de plus en plus nombreuses, en particulier près de la Méditerranée. Nice devrait connaître, en moyenne par été, 65 nuits tropicales, Montpellier, 60, Nîmes 58 et Marseille, 52. Le nord-ouest sera en revanche plus épargné avec seulement cinq nuits tropicales au Havre ou encore 0 à Brest.

Un réchauffement plus rapide que prévu

Les dernières modélisations montrent une accélération de ce réchauffement et une tendance à la multiplication et l’intensification des canicules. Par exemple, les projections de 2014 sont aujourd’hui complètement dépassées avec un delta allant jusqu’à 5°C pour les températures maximales prévues d’ici à 2050. En 2014, les modèles prévoyaient jusqu’à 40°C à Paris, 42°C à Lyon et 43°C à Nîmes alors qu’en 2022, ils prévoient respectivement jusqu’à 45°C, 44°C et 48°C dans ces mêmes villes.

Ainsi, cette intensification des canicules constitue un défi majeur pour les populations, les autorités publiques, les professions de santé et les agriculteurs. Des mesures d’atténuation devront être prises pour limiter les impacts potentiels de ces vagues de chaleur.

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