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Seine à Paris : un débit qui repart à la hausse

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

À moins d'un mois du début des Jeux Olympiques de Paris 2024 (26 juillet - 11 août), l'état de la Seine suscite encore de nombreuses questions pour le déroulement des épreuves en eau vive et pour la cérémonie d'ouverture. En effet, la propagation de l'onde de crue de la Marne va provoquer une nouvelle hausse des niveaux d'eau et augmenter son débit.

Après les violents orages de ce week-end survenus en Champagne-Ardenne, les pluies torrentielles et les ruissellements ont gonflé la Marne, qui était en crue ce lundi en amont de Saint-Dizier (Haute-Marne). Le niveau continuait à s'élever et pourrait se rapprocher des seuils de crue de mai 2013 en milieu de semaine, avant de baisser rapidement. Mais le pic de crue se propage et finira par atteindre la Seine en seconde moitié de semaine.

Propagation de l'onde de crue de la Marne vers la Seine

Seine : un débit qui repart à la hausse © La chaine Météo

La situation hydrologique actuelle sur le bassin de la Seine présente quelques similitudes avec celle connue au début du mois d'avril lorsque des pluies torrentielles avaient provoqué des crues généralisées sur la Bourgogne. Les ondes de crue avaient convergé vers la Seine et le niveau était monté à 4 m à Paris, débordant sur certains tronçons de voies sur berge, qui peuvent être fermées lorsque le niveau du fleuve atteint environ 4 mètres au-dessus de son niveau normal, qui est de 2 mètres. À partir de 3,45 m, quelques tronçons de la rive droite commencent à être fermés. Actuellement, cette perspective n'est pas à l'ordre du jour car le niveau du fleuve, qui était redescendu à son étiage (plus bas niveau estival), se situait en ce lundi 1er juillet à 1,70 m. De plus, l'apport de la Marne restera bien insuffisant pour occasionner une montée de la Seine comme en avril, d'autant plus que le lac-réservoir du Der, conçu pour réguler le débit de la Marne, pourra écrêter cette crue, bien que rempli à 91% (au-dessus de la moyenne pour cette période de l'année). Les grands lacs de Champagne (lacs d'Orient et d'Amance) approchent leur taux de remplissage maximal, de telle sorte que la marge est faible pour atténuer les ondes de crue, qui se propagent et convergent vers la Seine.

Une hausse du niveau d'eau et un renforcement des débits ces prochains jours à Paris

La Seine à Paris ce 1er juillet © La chaine Météo

La Seine est un fleuve aux réactions hydrologiques lentes, qui recueille les eaux de grands affluents, dont la Marne est l'un des trois principaux (avec l'Yonne et l'Oise). Ce printemps, le niveau de la Seine à Paris est resté durablement élevé en mars et en avril, entre 3 et 4 m, après être resté assez bas pendant l'hiver. Les différents épisodes pluvio orageux du printemps et du début d'été ont contribué à de fréquents apports d'eau, dont le dernier principal remonte au début avril. Plus récemment, les niveaux d'eau et les débits de la Seine ont connu une hausse le 23 juin (2,20 m à Paris), avant de repartir à la baisse ces derniers jours. Mais actuellement, après les pluies et les orages du week-end, le niveau remonte, gagnant 50 cm en 24 heures entre dimanche et ce lundi. La hausse du niveau d'eau est également corrélée à l'augmentation du débit, c'est-à-dire au volume d'eau circulant entre les berges.

Cette nouvelle hausse risque d'être assez durable en raison de l'arrivée de l'onde de crue dans la Marne en fin de semaine, qui devrait commencer à passer sous les ponts de Paris ce week-end. Cette évolution pourrait même être renforcée par l'arrivée de nouveaux orages samedi. Ainsi, si l'on se base sur la réaction de la Seine du 23 juin dernier, on peut envisager une hausse du niveau vers 2,20 m, et un renforcement du débit vers 660 m3/seconde. Non seulement cette onde de crue provoquera une importante turbidité (couleur marron caractéristique du fleuve liée aux matières en suspension dans l'eau), mais elle provoquera également une dégradation de la qualité bactériologique de l'eau.

En comparaison, rappelons que le niveau d'eau moyen de la Seine à cette époque de l'année est de l'ordre d'1,50 m et son débit de 200 mètres cubes par seconde. Le débit de la Seine à Paris est donc actuellement plus du triple de la normale. Plus que la hauteur d'eau, le débit est un élément crucial pour la tenue des épreuves en eau vive dans le fleuve, car, en augmentant, il génère un fort courant. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'équipe de France de nage en eau libre n'avait pas pu s'entrainer le 10 juin dernier.

A quelle évolution s'attendre pour la suite du mois de juillet ?

Débit moyen mensuel de la Seine à Paris © La chaine Météo

Rappelons tout d'abord que les épreuves de nage dans la Seine sont prévues début août, ce qui est préférable : c'est, en effet, la période statistique de l'année où le débit de la Seine est le plus faible (avec septembre), sauf en cas d'important épisode orageux. D'ici là, en fonction des conditions météo à venir, la Seine a encore le temps de retrouver son étiage (*) estival habituel (* le plus bas niveau des eaux). Nos prévisions à moyen terme envisagent justement le retour à des conditions météorologiques nettement plus stables, sèches et ensoleillées, pour la seconde quinzaine de juillet. Si cette tendance se concrétise, l'onde de crue de la Marne aura largement le temps de s'évacuer. En diminuant, le débit permettra aussi à la Seine de retrouver une transparence appréciable, et peut-être aussi une qualité sanitaire en amélioration.

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