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Printemps très pluvieux : comment il pourrait tempérer la chaleur de l'été

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Alors que la récurrence pluvieuse de ce printemps présente de nombreux désagréments, il y a des avantages à plus long terme. D’une part, le spectre de la sécheresse recule pour cet été 2024, et les éventuelles fortes chaleurs pourraient être atténuées.

La France métropolitaine connait son printemps le plus humide de ces 15 dernières années, tandis que le mois de mai est d’ores-et-déjà le plus pluvieux depuis au moins 2013. Cette situation a conduit à des inondations exceptionnelles dans l’est, avec le passage en rouge « crue » de plusieurs cours d'eau, et a de nombreux désagréments d’un point de vue agricole et touristique.

À dix jours de l’été météorologique, et avec un été qui pourrait s'annoncer plus chaud que la normale, cette configuration radicalement différente de celle de l'année dernière présente néanmoins quelques avantages.

Une recharge très favorable des nappes phréatiques

La saison hydrologique, débutée à l’automne, et qui se termine en fin de printemps, permet de remplir les nappes souterraines.

Bien que présentant encore un déficit sur le Roussillon, cette recharge a été excédentaire sur les deux tiers du territoire. Le stock nival en haute altitude sur les Alpes a été très important cette année et va apporter encore de l’eau en fondant. Les cours d’eau ont un niveau tout à fait satisfaisant, et les lacs et barrages sont pleins, ou le seront cet été avec l’eau de fonte de la neige, comme le lac de Serre-Ponçon dans les Hautes-Alpes.

Dans ce contexte, la situation est donc très favorable avant d’aborder l’été, bien qu'une sécheresse de surface (dite « sécheresse agricole », qui affecte le premier mètre du sol) ne puisse être exclue en cas de fortes chaleurs et de déficit hydrologique important et prolongé ces prochains mois.

L’humidité des sols comme « barrière anti-canicule » ?

L’humidité des sols au printemps joue un rôle crucial dans la modulation des températures estivales.

Elle peut dans une certaine mesure permettre de tempérer les fortes chaleurs, car ces sols humides ont un effet rafraîchissant. Une partie de l'énergie solaire est utilisée pour évaporer l'eau plutôt que d'augmenter la température de l'air. Ainsi, une humidité des sols adéquate au printemps peut contribuer à atténuer le risque de fortes chaleurs en été, en agissant comme un régulateur thermique naturel. C’est ce que l’on appelle « l’eau verte », celle présente dans la biomasse. En revanche, lorsque les sols sont secs, comme ces deux dernières années, les fortes chaleurs n'ont pas ce processus de frein et de limitation. En outre, l’évaporation engendre la formation de nuages et d'orages qui peuvent limiter la hausse des températures par l'apport de précipitations, et par le rafraichissent de la masse d’air grâce aux courants descendants. Les orages sont ainsi un véritable climatiseur naturel.

Précisons tout de même que des sols humides ne suffisent pas toujours à atténuer la chaleur. On se souvient notamment des années 2016 et 2018 qui avaient été très chaudes et très sèches, après deux printemps particulièrement pluvieux.

La synoptique déterminera la physionomie de l’été

La « synoptique » est la configuration générale atmosphérique, avec les anticyclones et les dépressions. Le positionnement de ces centres d'action pilote les flux dominants et, par conséquent, les températures.

Ces dernières années, surtout depuis 2015, les anticyclones subtropicaux ont tendance à remonter facilement d’Afrique vers l’Europe de l’Ouest, formant un dôme de haute pression et de chaleur sur notre pays. Cette configuration bloque les courants ascendants et peut empêcher la formation des nuages et le développement des orages, atténuant les possibles effets de ces régulateurs naturels.

C'est donc la configuration synoptique de cet été, difficile à prévoir à cette échéance, qui sera le juge de paix pour déterminer les effets bénéfiques de cette humidité actuelle des sols. Quelle que soit la situation à venir, l'aspect positif de ce printemps qualifié de « pourri » par nombre d'entre vous est que nous abordons l'été avec une configuration nettement plus favorable qu'en 2023.

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