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90s pour le changement climatique : le climat de Paris en 2050

Florent SCHINDLER

Par Florent SCHINDLER,
mis à jour le

Paris, l’une des capitales les plus visitées au monde, est reconnue pour son histoire riche, ses monuments célèbres et son rôle clé dans l'économie et la culture. Mais Paris, comme n’importe quelle autre ville, fait face à des défis majeurs liés au changement climatique qui affecte la vie quotidienne de ses habitants et des millions de touristes qui s’y rendent chaque année.

Il n’est pas nécessaire d’attendre 2050 pour voir les effets du changement climatique dans la capitale. Des événements passés récents, tels les canicules estivales de 2019 et 2020 sont déjà des signaux forts des évolutions auxquels les habitants de la capitale vont devoir faire face. En raison de sa forte densité de population et d'entreprises, Paris est particulièrement exposée aux risques climatiques tels que les inondations (on se souvient de juin 2016), les canicules et la pollution de l'air, menaçant la santé publique, l'économie et le bien-être général de ses habitants. Revue de détail des principales évolutions que pourrait connaître la ville à l’horizon 2050.

Quel est le climat actuel de Paris ?

Le climat parisien est océanique, caractérisé par des étés tempérés et des hivers frais. La température moyenne annuelle s'élève à 12,8 °C. Juillet est le mois le plus chaud avec une moyenne de 20,9 °C, tandis que janvier est le mois le plus froid avec une moyenne de 5,4 °C. Paris connaît des précipitations assez fréquentes et régulières, avec une moyenne annuelle de 634,3 mm. Les mois les plus arrosés sont les mois de mai (69 mm) et décembre (62 mm).

Évolution récente du climat parisien et phénomènes météorologiques notables

L'impact du changement climatique se fait sentir à Paris, principalement à travers l'augmentation des températures moyennes. Le réchauffement des températures s’est accéléré au cours des 30 dernières années avec une hausse de +1°C observée alors que la température a augmenté de +1,3°C en un siècle, entre 1885 et 1985. Depuis le début de l’ère industrielle, la hausse des températures atteint donc +2,3°C, et est plus rapide que celle observée à l’échelle nationale et mondiale, car elle est amplifiée par l’îlot de chaleur de l’agglomération parisienne.

Le changement climatique se traduit par des étés plus chauds et des hivers plus cléments. Les 5 étés les plus frais l’ont été avant 1980 tandis que les 3 étés les plus chauds l’ont été après 2000, 2003 restant le plus chaud avec une température moyenne dépassant de près de +4°C les normales de saison.

Les précipitations ont tendance à devenir plus irrégulières et plus intenses, en partie à cause de l'effet d'îlot de chaleur urbain. En effet, les grandes agglomérations accumulent la chaleur en leur centre-ville. Or plus un air est chaud, plus il peut contenir d’humidité. Lorsque l’air chaud est soulevé avec l’arrivée d’une masse d’air instable, les précipitations sont particulièrement intenses.

Quel sera le climat de Paris en 2050 ?

Pour les hypothèses d’évolution du climat de Paris à l’horizon 2050, nous avons retenu le scénario SSP2 (scénario médian dans lequel les concentrations de GES se stabilisent à un niveau faible d’ici à la fin du siècle) et nous avons pris la période de référence 1976-2005* qui correspond à une période du climat récent qui a servi de base dans les travaux du GIEC.

Des vagues de chaleur en augmentation

Les projections de températures montrent que dans tous les scénarios, elles vont augmenter d’ici 2050 avec une hausse de la température moyenne estimée à +1,5°C pour le scénario SSP2. Selon ce scénario, c’est l’été qui subirait le réchauffement le plus important (+1,9°C) alors qu’il serait plus limité pour l’automne (+1,6°C), le printemps (+1,5°C) et l’hiver (+1,1°C). Les principales conclusions de l’évolution du climat de Paris d’ici 2050 sont les suivantes :

Pour les paramètres liés au froid, la diminution est générale et assez importante :

- Diminution du nombre de jours de gel (T°C<0°C) de 20 jours (sur la période de référence 1976-2005) à 13 jours en moyenne.

- Diminution du nombre de jours en vague de froid (se produisent au sein d’une période de 5 jours consécutifs où la température minimale est inférieure de 5°C à la normale) passerait de 3 à 2 jours par an.

Pour les paramètres liés à la chaleur, l’augmentation la plus importante concernerait les minimales, c'est-à-dire l'occurrence de nuits durant lesquelles les températures deviendraient tropicales par rapport à ce que nous connaissons :

- Forte augmentation des nuits tropicales (>20°C) qui passeraient de 7 à 20 jours par an.

- Augmentation du nombre de jours de fortes chaleurs (>35°C) de 1 à 3 jours.

- Augmentation du nombre de jours en vagues de chaleur (un jour est considéré en vague de chaleur s’il s’inscrit dans un épisode, se produisant l’été, d’au moins cinq jours consécutifs pour lesquels la température maximale quotidienne excède la normale de +5°C) avec une moyenne qui passerait de 3 à 8 par an.

La tendance concernant l’augmentation de journées en vagues de chaleur est déjà une réalité et devrait se poursuivre d'ici à 2050 sur tout le territoire. À noter que Paris est la ville en Europe où le risque de mourir de chaud est le plus élevé, selon une étude publiée dans The Lancet Planetary Health en mars 2023.

Précipitations

Les projections d’évolution des précipitations à Paris montrent qu’elles pourraient connaître une légère hausse sur l’année, mais avec des variations selon les saisons. Elles augmenteraient de +11% en hiver, +4% au printemps et +1% en automne. Elles pourraient diminuer de -1% en été.

Le nombre de jours de pluie pourrait légèrement augmenter en hiver (de 30 à 31 jours) mais baisser en été (de 25 à 23 jours). À noter que le nombre de jours connaissant de fortes précipitations (>20 mm) resterait inchangé quelle que soit la saison.

Face à l'escalade des températures moyennes, à la raréfaction des précipitations et à l'intensification des sécheresses, Paris se trouve également confrontée à un risque accru d'inondations en raison des crues de la Seine dont le début pourrait s'accroître avec les années.

Un climat équivalent celui de Canberra ou de Séville

Avec ces évolutions, le climat de Paris pourrait s’apparenter à celui de villes situées à des latitudes plus basses, telles Séville en Espagne ou Canberra à Australie, avec plusieurs semaines de canicule. Rappelons qu’en 2022 le pays avait déjà connu pas moins de 33 jours de canicule, des chiffres qui sont comme nous l’avons vu amenés à augmenter.

Les défis que la capitale doit relever pour s'adapter aux changements climatiques sont immenses, touchant à la fois les domaines sanitaire, économique et touristique. Consciente de ces enjeux, la Ville de Paris a entrepris une série d'initiatives, telles que l'augmentation des espaces verts, la création d'îlots de fraîcheur, et la mise en œuvre de projets pilotes dans le bâtiment (peinture blanche des toits de crèches et d'écoles par exemple) afin de modérer les effets du changement climatique. Toutefois, ces mesures doivent s'accompagner d'un changement de mentalité chez les résidents et les visiteurs de la ville, qui sont appelés à s'adapter à ces nouvelles réalités.

* La période de référence 1976 à 2005 est souvent utilisée dans les projections climatiques analysées par le Giec. Il s’agit d’une période standard de 30 ans du passé récent qui correspond à la période la plus récente dans les simulations historiques de l’exercice CMIP5. C’est ainsi la référence actuelle utilisée pour les projections climatiques sur la France disponibles dans le portail Drias par exemple.

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