Neige et verglas : pourquoi cette situation n'a pas été correctement prévue ?

Un épisode neigeux plus important que prévu

Lundi, en lien avec l’arrivée d’une perturbation au cours de la nuit suivante, nos services envisageaient de faibles chutes de neige entre le sud de l’Île-de-France et la Normandie. L'analyse de la majorité des scénarios météorologiques laissait entrevoir tout au plus un léger saupoudrage sur l’Île-de-France, et 1 à 3 cm en Basse-Normandie, placée de ce fait en alerte de niveau jaune. L’épisode neigeux s’est révélé plus marqué, avec des quantités approchant par endroit plus de 5 cm. Ce matin à 9h, la station de Caen relevait ainsi 6 cm de neige fraîche, soit la plus importante chute de neige depuis 2013, et 2 cm étaient relevés à Paris-Montsouris.

Les prévisions ces dernières heures ont été particulièrement délicates dans le nord. Une dépression s’est formée dans le lit du flux d’est continental venant tout droit de Scandinavie. Ces gouttes froides d’altitude, aux comportements souvent erratiques et régies par des mécanismes chaotiques sont la bête noire des modèles météorologiques, qui parviennent difficilement à cerner leur évolution. Par ailleurs, leur petite taille les rend facilement influençables par de nombreux facteurs, notamment la topographie et l'humidité des sols en surface et l'îlot de chaleur de l'agglomération parisienne.

Ainsi, à l’approche du bassin de la Seine et de la Manche, cette dépression, circulant un peu plus au nord que prévu, a rencontré suffisamment d’humidité en basses couches pour former des précipitations que les modèles météorologiques n’étaient pas parvenus à identifier. Sous l’effet des températures négatives, ces précipitations se sont produites sous forme de neige, tenant la plupart du temps sur les surfaces froides.

Pour quelles raisons le verglas a surpris tout le monde ?

Bien que de faible intensité, ces chutes de neige ont duré plusieurs heures et ont formé une couche significative. Sur des chaussées encore trop chaudes après la grande douceur des dernières semaines, et battue par les voitures en circulation, cette neige a fondu sur les routes, formant une fine pellicule d’eau qui a rapidement gelé sous l’effet des températures négatives durant la nuit. L'absence de salage préalable a conduit à la formation de plaques de verglas. Ce phénomène, invisible et plus glissant que la neige, a alors surpris les automobilistes, et les accidents se sont rapidement multipliés durant la nuit et en début de matinée de mardi.

Comment se fait-il que des centaines d’automobilistes se soient retrouvés piégés ?

En pleine nuit, plus de 130 km d’embouteillages ont été observés en Île-de-France. Un trafic anormal qui a touché notamment l’A12, l’A13 et la N118. Ces plaques de verglas, sur des zones vallonnées et non traitées, ont rendu la circulation quasi impossible, piégeant la plupart des automobilistes, ce qui a rapidement provoqué la saturation des voies. Plus de 400 véhicules sont restés bloqués sur les routes au pic de l’épisode.

Il n’y a aucun dégel prévu ces prochaines heures, combien de temps les chaussées vont rester verglacées ?

Après avoir été fermé une partie de la matinée de mardi, l’A13 a pu ouvrir à 11h grâce au traitement effectué par la direction des routes d’Île-de-France. Le salage est en cours sur la majorité du réseau routier principal. Quelques difficultés pourront persister aujourd'hui sur le réseau secondaire et particulièrement dans les zones vallonnées, mais la situation devrait petit à petit revenir à la normale.

La prudence reste malgré tout de mise, le froid dominera encore ces prochains jours avec des températures matinales affichant -3 à -5°C en Île-de-France, mais sous le soleil pour cette deuxième partie de semaine.

Températures minimales prévues mercredi matin © La Chaîne Météo