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Climat : voici pourquoi le réchauffement s'accélère cette année

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Depuis le printemps, la planète a connu une brusque accélération du réchauffement climatique, que ce soit sur les terres comme sur les océans. Le mois de juillet a été le plus chaud depuis le début des mesures au niveau mondial. Une récente étude met en exergue trois facteurs additionnels qui pourraient expliquer en partie cette brusque hausse supplémentaire.

L'année 2023 connait une forte hausse des températures © La Chaîne Météo

Jusqu'à présent, les deux années les plus chaudes au niveau planétaire ont été 2016 et 2020 avec +1,33°C au-dessus de la moyenne préindustrielle. En ce milieu d'année, l'anomalie de température est très proche de ces chiffres selon les réanalyses d'ERA (1), ce qui pourrait faire de 2023 la 3ème année la plus chaude au niveau planétaire. Si cette hausse est cohérente avec les modélisations du réchauffement climatique, il est possible que d'autres facteurs soient intervenus récemment pour produire une accélération brutale ces derniers mois. C'est ce qu'expose une étude de l'Université de Yale, publiée le 28 juillet dernier (2).

Trois facteurs ont contribué à la hausse rapide des températures cette année

Selon cette étude, la poursuite du réchauffement climatique global est le moteur principal des chaleurs records de ces derniers mois, que ce soit au niveau des océans avec les "canicules marines" qu'au niveau des terres. Mais d'autres facteurs externes pourraient avoir amplifié cette tendance.

Le premier facteur est l'éruption exceptionnelle du volcan Hunga Tonga (Polynésie) en janvier 2022.

En règle générale, les éruptions volcaniques libèrent des aérosols à base de soufre, qui bloquent la lumière du soleil et refroidissent la planète, mais ce volcan sous-marin n'a émis qu'une petite quantité d'aérosols. Mais en même temps, il a surtout vaporisé un exceptionnel volume d'eau de mer. Cette vapeur d'eau, un gaz à effet de serre piégeant la chaleur, s'est répandu dans la haute atmosphère, et pourrait augmenter les températures mondiales de plus de 0,03°C au cours des prochaines années, selon une étude récente de la revue Nature, augmentant le risque de dépasser plus rapidement que prévu la barre des +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle (3).

Le deuxième facteur conduisant à l'accélération du réchauffement cette année est, selon l'étude, "un changement dans la quantité d'énergie rayonnante du soleil, qui monte et descend très légèrement tous les 11 ans. Au point culminant de ce cycle, une augmentation de l'énergie solaire réchauffe la Terre d'environ 0,05°C, selon l'étude. Le soleil monte maintenant en puissance vers son prochain pic, attendu en 2025."(4).

Le troisième facteur, bien prévu, est que l'océan Pacifique se dirige vers sa phase plus chaude d'El Niño (5) lorsque les eaux chaudes de l'océan émettent de la chaleur dans l'air. Le dernier fort El Niño a fait monter les températures mondiales de 0,14 °C en 2016 (6).

"Si un fort El Niño se développe au cours de l'année prochaine, combiné au maximum solaire et aux effets de l'éruption Hunga Tonga, les températures de la Terre pourraient dépasser les précédents records de 2016 et de 2020", a déclaré Michael Wysession, géologue à l'Université de Washington. De ce fait, l'année prochaine 2024 pourrait arriver en première position, car les effets combinés expliqués précédemment se feront alors sentir à leur maximum.

Notes et références :

(1) Réanalyses ERA 5

(2) Il n'y a pas que le changement climatique : trois autres facteurs à l'origine de la chaleur extrême de cet été

(3) L'éruption des Tonga augmente le risque d'anomalie temporaire de la température de surface au-dessus de 1,5 °C

(4) Évolution du cycle solaire

(5) El Nino, l'enfant terrible du Pacifique

(6) El Nino, accélérateur du réchauffement climatique

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