Noël au balcon, Pâques aux tisons : le dicton est-il fiable ?

Le dicton "Noël au balcon, Pâques aux tisons" est un proverbe populaire français qui fait référence aux conditions météorologiques durant les fêtes de Noël et de Pâques. Il signifie que si le temps est doux et agréable pendant la période de Noël (Noël au balcon), il y a de fortes chances que les températures soient plus fraîches et que le temps soit moins clément durant la période de Pâques (Pâques aux tisons). En d'autres termes, s'il fait chaud à Noël, il risque de faire froid à Pâques.

Les "tisons" sont des morceaux de bois partiellement brûlés qui sont utilisés pour alimenter un feu. L'expression suggère donc que les gens auront besoin de se réchauffer près d'un feu en raison du temps froid durant la période de Pâques.

L'origine de ce dicton n'est pas claire, mais il est probable qu'il ait été transmis de génération en génération. Il reflète l'observation empirique et la sagesse populaire sur les variations météorologiques saisonnières en France. Il est important de noter que ce dicton, comme beaucoup d'autres dictons météorologiques, n'est pas une règle absolue et ne garantit pas que les conditions météorologiques suivront nécessairement ce modèle. Nous nous sommes justement penchés sur la vérification de ce qu'il contient afin de voir si l'on peut lui faire entièrement confiance, ou pas du tout.

Pour cela, il est donc important de revenir sur le temps qu'il a fait à Noël. On se souvient que l'hiver a été marqué par de fortes variations de températures, avec une douceur record pour les fêtes de fin d'année 2022, comme le montrent ces températures relevées pendant l'après-midi du 25 décembre 2022 et leur écart par rapport à la moyenne de 1981 à 2010 :

- Paris : 13,5°C (+5°C).

- Brest : 11,3°C (+1,9°C.

- Bordeaux : 18°C (+6°C).

- Toulouse : 15,5°C (+4,5°C).

- Marseille : 19°C (+7°C.

- Lyon : 16,2°C (+8°C).

- Nancy : 13,7°C (+6,6°C).

- Orléans : 14,5°C (+ 6,8°C).

- Lille : 10,4°C (+2,9°C par rapport à la moyenne.

Noël 2022 a donc été remarquablement doux. Si l'on suit la logique du dicton, la période de Pâques qui approche devrait donc être froide. Et bien c'est raté ! Au contraire, on s'attend à des températures au-dessus des normales de saison ce lundi. La douceur est présente cet après-midi. Pas besoin donc de rallumer les cheminées ou de remettre votre chauffage. Cette année, ce dicton ne se vérifie pas. Mais peut-être est-ce une exception à la règle ?

Étude climatologique des Noëls et Pâques

Noël au balcon, Pâques aux tisons : quelques exemples © La Chaîne Météo

D'emblée, nous préférons vous prévenir, ce dicton n'a aucun fondement climatologique. En étudiant les températures passées, on constate qu'il n'y a pas de lien direct entre le temps qu'il fait à Noël et celui de Pâques, d’autant plus que la date de cette fête varie chaque année, et peut avoir lieu entre la fin mars et la fin avril. À titre d'exemple, entre 2000 et 2018, Paris a connu 4 "Noëls au balcon", c'est-à-dire une douceur marquée avec une température maximale excédentaire de plus de +3°C à la normale. Un seul Noël a été suivi d'une période de Pâques froide (avec une température maximale inférieure d'au moins 3°C à la normale), soit une probabilité de 25%. Et la statistique est la même si l'on inverse ce dicton.

Dans les faits, on trouve toutes sortes les configurations et aucune réelle corrélation n'émerge. Ainsi, en 2019, Noël avait été plus doux que les moyennes, suivi de fêtes de Pâques plus douces que les moyennes également. En 2020, Noël avait été plus frais que les moyennes et Pâques plus chaud et en 2021, après un Noël de saison, la fraicheur l'avait emporté à Pâques.

Le résultat est donc sans appel. Bien au contraire, au vu de ces 20 dernières années, on observe plutôt des "Noëls au balcon" et des "Pâques au balcon", un signe de plus concernant l'évolution du climat et le réchauffement climatique.