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Le dicton "Noël au balcon, Pâques aux tisons" : mythe ou réalité ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

La croyance populaire selon laquelle une douceur inhabituelle à Noël présagerait un froid mordant à Pâques est une tradition bien ancrée dans l'imaginaire collectif français. Ce dicton, « Noël au balcon, Pâques aux tisons », suscite chaque année curiosité et interrogations quant à sa véracité.

Le dicton fait partie du patrimoine des proverbes français relatifs à la météorologie. Il illustre de manière imagée l'idée selon laquelle un temps exceptionnellement clément à Noël annoncerait des températures plutôt froides à Pâques.

L'expression « Noël au balcon » évoque des températures douces permettant de profiter de l'extérieur, tandis que « Pâques aux tisons » fait référence à la nécessité de se réchauffer près du feu, symbolisée par les tisons, en raison d'un refroidissement notable. Bien que son origine exacte demeure floue, ce dicton traduit une observation empirique des variations climatiques entre ces deux périodes festives.

Analyse climatologique : entre croyances et réalités

Pour évaluer la pertinence de ce dicton, un retour sur les conditions météorologiques récentes s'impose. L'hiver 2023 a été marqué par des fluctuations thermiques notables, notamment un Noël relativement doux, sans pour autant atteindre les niveaux exceptionnels de 2022. Cette douceur saisonnière s'est exprimée par des températures supérieures aux normales de saison de + 2 à + 4 °C dans diverses villes françaises. Voici celles qui ont été relevés le 25 décembre 2023 :

- Paris : 12,5 °C

- Brest : 12,3 °C

- Bordeaux : 8,6 °C

- Toulouse, Lyon : 12 °C

- Nancy : 10,7 °C

Prévisions et statistiques : le dicton à l'épreuve des faits

Nos prévisions à 4 semaines qui couvrent également la période de Pâques 2024, indiquent une tendance vers un temps perturbé et potentiellement plus frais après le 25 mars, laissant entrevoir la possibilité d'un « Pâques aux tisons », une occurrence statistiquement rare. Cependant, une analyse des données climatologiques révèle que le lien entre les températures de Noël et celles de Pâques est loin d'être systématique.

En effet, la variabilité de la date de Pâques, pouvant s'étendre du 22 mars au 25 avril, introduit une grande diversité de conditions météorologiques possibles. Les critères pour définir un Noël doux (+1,5 °C par rapport à la moyenne) ou une Pâques froide (-1,5 °C) montrent que, bien que certains Noëls « au balcon » aient été suivis de Pâques conformes au dicton, la corrélation n'est pas aussi forte que le veut la tradition.

Entre 2000 et 2023, Paris a connu six Noëls particulièrement doux (supérieurs à + 3°C par rapport à la normale), mais seulement dans un cas cela a été suivi d'une Pâques nettement plus froide, remettant en question la fiabilité du dicton. À l'échelle nationale, depuis 1947, la correspondance avec le dicton ne s'est avérée que 11 fois. L'exemple de 2012- 2013 est sans doute le plus flagrant. Noël avait connu une température de 12,4 °C à Paris, et la maximale à Pâques n'avait pas dépassé 6,6°C lors de la journée du 31 mars, avec même un peu de neige au nord de la Seine.

L'examen des données météo passées et présentes montre que le dicton « Noël au balcon, Pâques aux tisons » relève davantage de la tradition orale que d'une règle météorologique stricte. Bien que des exceptions notables aient alimenté la persistance de cette croyance, les évolutions climatiques récentes suggèrent une tendance vers des conditions moins tranchées entre ces deux fêtes, reflétant également les impacts du réchauffement climatique. En somme, si le dicton reste un élément pittoresque du folklore météorologique français, il convient de le considérer avec une bonne dose de scepticisme scientifique.

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