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Sécheresse : les bonnes nouvelles de ces prochaines semaines

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Après le 4 ème mois de février le plus sec enregistré en France depuis 1959, les perturbations font leur grand retour par l’ouest cette semaine. Les cumuls pluviométriques s’annoncent abondants et durables, constituant une excellente nouvelle pour freiner la sécheresse. Cette tendance pourrait être durable, bien que certaines régions restent défavorisées.

Les pluies seront de retour ces prochaines semaines © La Chaîne Météo

En certaines régions, il n’avait pas plu depuis la mi-janvier, en particulier sur le bassin parisien et les Hauts-de-France. Si le mois de février fait partie des 4 plus secs depuis 1959, le bilan de la saison hydrologique (depuis novembre) est plus nuancé, avec des pluies proches des normales à l’ouest mais déficitaires au centre et au sud-est. Dans ce contexte préoccupant, la situation météorologique se débloque enfin avec un défilé de perturbations ces prochains jours. Les cumuls de pluie s’annoncent abondants sur les deux tiers nord, et cette amélioration pluvieuse pourrait s’installer durablement. Malheureusement, certaines régions resteront à l’écart de ces pluies bénéfiques.

Le retour durable des perturbations atlantiques

Ce déblocage de la situation météo est très rapide, cette semaine étant le point de rupture. Jusqu’à présent, les hautes pressions restaient prédominantes sur la France, avec une récurrence anticyclonique empêchant le passage des perturbations. Nous avons ainsi connu la plus longue période sans pluie, du 21 janvier au 22 février, à une période de l’année où la pluie est nécessaire pour s’infiltrer dans le sous-sol et remplir les nappes phréatiques. Mais à présent, les hautes pressions remontent rapidement vers le Groenland, laissant revenir vers l’Europe de l’Ouest les perturbations océaniques porteuses de pluie. Les ondulations du jet stream sont responsables de ces fluctuations, ces vents de haute altitude pilotant les dépressions. Ce jet, qui contournait jusqu’à présent l’anticyclone en évitant la France, remonte désormais de l’Atlantique subtropical sur notre pays. Cette rivière atmosphérique va entraîner des précipitations abondantes ainsi que de la grande douceur en raison de sa provenance. Cependant, certaines régions abritées des vents d’ouest à sud-ouest n’auront presque pas de pluie, en particulier le pourtour méditerranéen et certaines vallées intramontagnardes protégées du centre-est.

Des pluies abondantes et beaucoup de neige en haute montagne

Conséquence directe de ce changement de temps, les cumuls de pluie deviendront abondants sur les deux tiers nord du pays, avec d’importantes chutes de neige en haute altitude sur les Alpes car le redoux sera bien présent jusqu’en milieu de semaine prochaine. Sur les 10 prochains jours, il tombera, par endroit, l’équivalent d’un mois de pluie pour un mois de mars habituel, dont les moyennes sont de 45 mm à Paris, 38 mm à Strasbourg, 82 mm à Brest, 45 mm à Toulouse et 49 mm à Lyon par exemple. La sécheresse de surface sera donc effacée sur les trois quarts du territoire. La limite pluie neige remontera à plus de 2000 m en fin de semaine, avec un lessivage très important de la neige sur les Pyrénées et le massif central. Les Alpes du Nord accrocheront les perturbations pluvieuses, avec près de 2 m de neige à 3000 m d’altitude. Cette neige constituera ensuite un bon stock d’eau utile lors de la fonte printanière, notamment pour le remplissage des barrages dont les niveaux sont remarquablement bas actuellement.

Des régions défavorisées

Nette amélioration de la sécheresse de surface © La Chaîne Météo

Dans ce contexte favorable sur les deux tiers du territoire, quelques régions resteront en marge des pluies. Ce sera surtout le cas du pourtour méditerranéen. Le cas de la Corse est différent, avec un cumul pluviométrique légèrement supérieur à la moyenne sur la période novembre-février. En revanche, les cumuls de pluie resteront faibles ces 10 prochains jours sur la plaine toulousaine (déjà déficitaire de 30 % sur cette même période), les plaines d’Auvergne et la moyenne vallée du Rhône. La région PACA restera la plus déficitaire, avec seulement une dizaine de mm prévus sur la frange littorale du Languedoc-Roussillon, et même aucune pluie sur la Côte d’Azur. Sur ces zones, la sécheresse de surface sera même aggravée par la présence du vent.

Des perspectives plus optimistes pour le printemps ?

Prévisions saisonnières du modèle CEP © La Chaîne Météo

Prévisions saisonnières du modèle CFS © La Chaîne Météo

Même si les 10 prochains jours s’annoncent pluvieux sur les deux tiers nord du pays, cette parenthèse ne sera pas suffisante pour renflouer les nappes phréatiques, déficitaires à 80%. Il faudrait que les épisodes pluvieux se poursuivent pendant le printemps, et que l’été ne soit pas trop chaud pour limiter l’évapotranspiration et l’usage de l’eau. A moyen terme, le défilé des perturbations devrait persister jusque vers le 20 mars, avant le possible retour de l’anticyclone. Cela dit, certains modèles numériques de prévisions saisonnières sont relativement optimistes en envisageant une pluviométrie supérieure aux moyennes de saison en avril et en mai (modèle européen CEP et modèle américain CFS). Mais le modèle saisonnier de Météo Consult reste plus pessimiste, avec en prévision une pluviométrie qui serait à peine de saison. À ce jour, il n'y a donc pas de scénario prépondérant concernant cette évolution, qui restera à confirmer. Quant aux températures, les modèles sont unanimes pour prévoir un excédent modéré (de l’ordre de +0,5 à +1°C sur la saison), avant un été qui serait moins chaud que le dernier et surtout moins sec, avec une configuration orageuse.

Les épisodes pluvieux à venir vont effacer la sécheresse de surface, bien que certaines régions soient défavorisées. A plus long terme, les précipitations pourraient se situer assez proches des moyennes pour l’ensemble du printemps, avec sans doute des différences mensuelles. Si le scénario du pire semble évité, il n’en demeure pas moins que les nappes profondes ne pourront pas se remplir correctement après un an et demi de déficit pluviométrique. Et, dans ce contexte, un petit tiers sud de la France reste toujours sous la menace d’une sécheresse durable.

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