Retro 2022 : les 14 évènements météo marquants de l'année dans le monde
Cette année a été marquée par des extrêmes climatiques qui se sont produits surtout en Asie, avec d’intenses canicules et des inondations meurtrières. Par ailleurs, l’Europe a connu son été le plus chaud depuis le début des relevés, entrainant de gigantesques incendies de forêt dont la France a payé un lourd tribut. Les températures planétaires se situent à la 5ème place des années les plus chaudes, malgré la persistance de la Nina dont l’effet rafraichissant est pourtant connu. Nous vous proposons un tour du monde des principaux évènements météo qui ont marqué cette année 2022 dans le monde.
Cette année 2022 aura connu moins de désastres météorologiques couteux qu’en 2021, selon le Réassureur Swiss Ré, mais les catastrophes dites « secondaires » y ont été plus nombreuses, comme les inondations en Australie et les tempêtes hivernales en Europe. Les ouragans ont été moins nombreux et surtout moins violents que prévu dans l’océan Atlantique. Pour la deuxième année consécutive, l’Australie a été épargnée par les grands incendies, au détriment de pluies diluviennes ayant entrainé des inondations records. De même, l’Amérique du Nord a échappé aux incendies hors normes et aux grandes canicules. Cette année, c’est le continent asiatique, en particulier l’Inde et le Pakistan, qui ont subit des canicules meurtrières. Dans une moindre mesure, l’Europe a subi son été le plus chaud depuis le début des relevés, dont la France.
Voici les principaux événements que nous avons retenus pour cette année 2022, et que vous retrouvez dans notre vidéo présentée par notre météorologue Régis Crépet.
28 janvier : tempête de neige « Kenan » aux Etats-Unis
La tempête « Kenan » a frappé le nord-est des États-Unis et les provinces Maritimes du Québec à la fin du mois de janvier. Comme chaque hiver, il s’agissait d’une dépression remontant le long de la côte Est en se creusant fortement. Qualifiée de « bombe météorologique », cette tempête a provoqué le plus fort blizzard depuis 2014 dans la région de Boston avec 60 cm de neige. Ces tempêtes de neige et vagues de froid sont liées aux ondulations du jet stream.
15 janvier : éruption du volcan des Tongas (Fidji)
Ce phénomène, qui n’est pas météorologique, peut cependant impacter le climat en raison de sa puissance. Le volcan des Tongas, qui était en éruption depuis décembre 2021, a connu une explosion paroxysmale le 15 janvier. L’onde de choc a fait le tour de la planète, détectée par les baromètres avec un petit sursaut de pression atmosphérique. Le nuage de cendres et surtout de vapeur d’eau s’est élevé à 57 km, soit plus haut que la stratosphère. Il s’agirait de la plus violente éruption volcanique des temps modernes, mais de très courte durée. Ainsi, elle n’a pas pu influencer le climat en le refroidissant, comme cela s’est déjà produit dans le passé. Au contraire, en propulsant d’énormes quantités de vapeur d’eau dans l’atmosphère, ce volcan aurait pu contribuer à réchauffer un peu plus l’année 2022 à l’échelle mondiale.
24 janvier : chutes de neige exceptionnelles en Grèce, en Turquie et à Jérusalem
Un décrochage d’air polaire a provoqué une vague de froid de la Grèce au Proche-Orient. Si cela se produit chaque hiver, cet évènement a été le plus intense depuis 1968 avec 20 à 40 cm à Athènes et des températures tombant à -14°C. Des millions d’habitants ont été privés d’électricité. La neige est tombée jusque sur les îles de la mer Égée et en Turquie, pour atteindre également le Liban et Israël, blanchissant Jérusalem de 7 cm de poudreuse.
4 février : cyclone BATSIRAI à La Réunion et à Madagascar
La saison cyclonique dans l’océan Indien a connu une activité assez proche de la normale mais très concentrée sur deux mois et demi (de janvier à mars). De nombreux phénomènes tropicaux ont frappé à plusieurs reprises Madagascar, qui paie un lourd tribut. Dans ce contexte, le cyclone BATSIRAI a été le plus violent, en catégorie 4/5. Il a d’abord touché l’île de la Réunion, avec des pluies torrentielles qualifiées d’exceptionnelles (1500 mm au Piton de la Fournaise), puis a frappé Madagascar, détruisant la ville de Mananjary avec des rafales de vents à 235 km/h et des inondations dramatiques. Le bilan humain est lourd avec 122 victimes.
18 février : tempête Eunice en Europe
Plusieurs dépressions très creuses circulent sur le Royaume-Uni et les pays riverains de la mer du Nord. La tempête Eunice est la plus violente de la série. Elle touche surtout l’Angleterre et l’Allemagne, causant d’importants dégâts. Il s’agit de la tempête la plus forte depuis 2 ans pour ces pays. On relève jusqu’à 196 km/h sur l’île de Wight, sur la côte sud de l’Angleterre (record absolu). En Allemagne, les rafales atteignent 160 km/h, et 150 km/h en Belgique. Au total, le bilan humain est lourd avec 13 victimes.
De mars à novembre : inondations historiques en Australie
La côte Est de l’Australie a subi de nombreuses vagues pluvieuses tout au long de cette année, avec des inondations dévastatrices en mars, octobre et novembre notamment. En mars, les inondations avaient causé la mort de plus de 20 personnes. La ville de Sydney avait été elle-même partiellement submergée par les eaux, et connait son année la plus pluvieuse depuis le début des relevés en 1858. Les cumuls de pluie annuels devraient s’établir à près de 2300 mm, battant le record de 2194 mm (en 1950). Le climat est très pluvieux à Sydney avec une moyenne annuelle de 995 mm. Le phénomène La Nina explique cette année historiquement humide, après une année 2021 déjà soumise aux inondations pour la même raison. La Nina est un régime de vent d’est qui pousse les eaux chaudes et les perturbations de l’océan Pacifique vers la côte Est de l’Australie.
De février à mai : sirocco et sables du Sahara
L’hiver dernier et le printemps ont été caractérisé par une récurrence de flux de secteur sud remontant du Sahara vers l’Europe de l’ouest. En conséquence, d’énormes quantités de sable ont été soulevé par les vents, propageant des nuages jaunâtres jusqu’en Espagne et en France. A plusieurs reprises, les villes du Maghreb et d’Espagne ont été plongées dans ces brouillards de sable, tandis que les neiges des montagnes se sont colorées en marron orangé.
Mai et juin : canicule en Inde
L’Inde et le Pakistan voisin ont été frappé par une canicule interminable et meurtrière de 2 mois, principalement en avril et mai. Dès le début avril, les températures quotidiennes atteignent 40 à 43°C sur la partie nord-ouest de l’Inde et au Pakistan. Pour l’Inde, ce mois d’avril est le plus chaud depuis 122 ans. Les températures culminent à 51°C en mai, qui est le mois statistiquement le plus chaud de l’année avant le déclenchement de la mousson humide. Ces valeurs sont habituelles à cette époque de l’année et les records de chaleur absolus n’ont pas été battus. Mais la précocité (dès le mois de mars) et la durée de cette canicule en font l’une des plus sévères pour ces régions du globe.
20 mai : tornades en Allemagne et aux Pays-Bas
Les tornades ne sont pas rares en Europe, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne, où le climat continental est propice aux violents conflits de masse d’air. La situation météo du mois de mai était très instable avec le passage de nombreux fronts froids, générateurs d’orages. Le contraste de température était alors très important entre les rivages de la mer du Nord (13°C) et le sud de l’Allemagne (34°C). Ce 20 mai a été une journée apocalyptique avec la formation d’orages de grêle accompagnés de tornades dont la plus puissante, une EF3 sur une échelle qui compte 5 niveaux, a ravagé la ville de Padeborn. Le bilan est lourd, avec un mort, des dizaines de blessés et d’importants dégâts matériels (toits, vitres et voitures détruits).
De mai à août : canicules en Europe
L’été 2022 est le plus chaud en Europe depuis le début des relevés. La canicule européenne d’août 2003 avait été plus intense, mais cette année, la répétition des vagues de chaleur a été durable, dès le mois de mai. Les vagues de chaleur sont remontées du Maghreb vers la France et les pays frontaliers, alors qu’en 2021, les canicules avaient surtout touché le bassin méditerranéen. La France est d’ailleurs le pays qui a été le plus durement touché par les canicules de cet été 2022. Parallèlement, une grande partie de l’Europe occidentale a connu un été particulièrement sec, faisant suite à un hiver déjà déficitaire en précipitation, notamment pour la France, l’Espagne et le Maghreb. En conséquence, les incendies de forêt ont frappé durement la France ainsi que la péninsule ibérique et l’Algérie.
Juillet et août : inondations au Pakistan
Faisant suite à une mousson sèche caniculaire en avril et mai, la mousson humide s’avère d’une rare intensité cette année au Pakistan, qui paie un lourd tribu aux catastrophes climatiques. De juin à août, les pluies torrentielles sont ininterrompues. Les précipitations sont le double de la moyenne, avec le mois de juillet le plus pluvieux depuis 1961. Les inondations submergent un tiers du pays et 1,8 millions d’hectares de terres agricoles. Elles sont comparables à celles de 2010. Le bilan est très lourd, avec au moins 1700 morts. La surchauffe des mois d’avril et de mai a probablement renforcé la pluviométrie de la mousson en entrainant la formation de dépressions sur la mer d’Arabie.
28 septembre : ouragan IAN en Floride
Alors que la saison cyclonique 2022 se situe dans la moyenne statistique dans l’Atlantique Nord, avec 8 ouragans dont 2 majeurs (Fiona et Ian), l’ouragan Ian a été le plus dévastateur cette année, en particulier pour la Floride. Il est l’un des plus puissants à avoir frappé cet Etat, en catégorie 4/5. L’œil a touché terre à Naples, provoquant une importante surcote avec des submersions marines dévastatrices. La ville de Fort Myers a été particulièrement inondée par la marée de tempête, avec près de 2 mètres d’eau. Le bilan est extrêmement lourd. On comptait au moins 148 morts tandis que les dommages étaient estimés à plus de 67 milliards de dollars.
18 novembre : tempête de neige à Buffalo (Etats-Unis)
Une vague de froid précoce a touché les Etats-Unis en cette fin novembre. Provenant du Canada, l’air glacial est passé au-dessus des Grands Lacs américains. Cela a provoqué un « effet de lac » impressionnant, entrainant des chutes de neige ininterrompues pendant 3 jours sur certains secteurs, en particulier à Buffalo, sur la rive du lac Erié. Les quantités de neige ont été proches des records pour cette époque de l’année, constituant la plus forte tempête de neige depuis 2014. On a relevé des épaisseurs de 130 cm dans la région. Avec 55 cm mesurés au sol (hors congère), la ville de Buffalo ne bat cependant pas le record de novembre (qui date de novembre 2000 avec 63 cm). De même, le record absolu d'épaisseur de neige n'a pas été dépassé dans ces régions, lequel remonte au 10 décembre 1995 avec 86 cm mesurés au sol à Buffalo.
Week-end de Noël : vague de froid exceptionnelle en Amérique du Nord
Cet évènement majeur est survenu après la réalisation de notre vidéo, mais il est nécessaire de l’évoquer ici. L’Amérique du Nord toute entière, en particulier les Etats-Unis, ont connu une vague de froid exceptionnelle pour le week-end de Noël. Outre le froid record, avec du gel jusque sur le littoral du golfe du Mexique, une tempête de neige a paralysé le centre et le nord-est des USA. Cette tempête hivernale a provoqué plus de 50 victimes. Les températures se sont abaissées à -31°C à Denver (Colorado) et -9°C à Houston (Texas). Ce fut la plus intense vague de froid pour un mois de décembre depuis 1990.
Bilan provisoire : l’année 2022 dans le top 5 des années les plus chaudes malgré la Nina ?
Depuis le super El Nino de 2016, qui a provoqué un pic de chaleur mondial (2016 étant, à ce jour, l’année la plus chaude), le climat ne se réchauffe pas davantage sur la planète. La température mondiale a été influencée par la Nina, qui, depuis 3 ans, contient le réchauffement climatique en refroidissant les eaux de l’océan Pacifique. La Nina a un effet de refroidissement temporaire sur la température mondiale. Cependant, il est prévu que la Nina cesse en 2023 avec l’émergence possible d’un faible épisode El Nino en cours d’année (réchauffement cyclique des eaux de l’océan Pacifique). Les effets ne se produiraient qu’en fin d’année 2023 voire en 2024, mais selon le MetOffice, l’arrêt de la Nina pourrait faire repartir à la hausse les températures planétaires en 2023, qui serait alors une année plus chaude que 2022.