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Europe de l'est et Ukraine : le froid s'intensifie

Florent SCHINDLER

Par Florent SCHINDLER,
mis à jour le

Alors que plus de deux millions d’Ukrainiens ont déjà fui leur pays, une vague de froid se généralise en cette fin de semaine sur l’est de l’Europe, ce qui devrait compliquer davantage la situation humanitaire catastrophique. Mais sur le front militaire, la "raspoutitsa" redoutée, c'est-à-dire la fonte des sols gelés, ne se produira pas en raison d'un hiver trop doux.

[Actualisation du jeudi 10 mars] Comme prévu, les températures étaient en forte baisse ce matin, avec l'arrivée du froid venant de Russie. Il s'agit d'un froid sec. Les températures atteignaient -10°C par endroit dans l'est de l'Ukraine À noter que de nombreuses stations météorologiques de ce pays ne communiquent plus les relevés désormais, mais que subsistent des stations automatiques dont les données sont accessibles par internet.

Une vague de froid sur la Russie

L'anticyclone qui recouvre désormais l'Europe de l'est s'accompagne d'un air sec et très froid pour cette époque de l'année, qui descend de Russie vers la mer Noire. Des valeurs entre -20°C et -35°C sont relevées sur la Russie depuis lundi matin, soit environ 10°C sous les normales. Partout ailleurs, les températures restaient plus modérées et homogènes sur l'Europe centrale (de -5° à -15°C selon les pays frontaliers avec la Russie). Les températures commencent à baisser à partir de ce mercredi matin en Ukraine et devraient avoisiner -10°C à -12°C les nuits prochaines jusqu'au week-end. Il s'agit d'un froid sec sans chute de neige significative.

Cette baisse des températures n’est pas une bonne nouvelle et va venir s’ajouter aux difficultés déjà immenses auxquelles font face des milliers de personnes qui fuient leur pays tout comme celles qui décident de rester dans des logements privés d’eau, d’électricité et de chauffage en raison des bombardements.

vague de froid européenne © La Chaîne Météo

Un froid sec rigoureux en Ukraine jusqu'au week-end

La baisse des températures est liée au flux orienté au secteur est à nord-est. C'est la bise que l'on a ressenti jusqu'en France en début de semaine. Néanmoins, il semble que cette vague de froid sera un peu moins rude que redouté la semaine dernière, le froid glacial restant surtout du côté de la Russie. L’est du continent commence à se refroidir depuis lundi avec des températures qui plongent parfois à 8°C sous les moyennes, comme en Ukraine par exemple. Il s’agit d’un air généralement sec, qui apportera cependant un peu de neige sur les rivages de la mer Noire. Du côté de l’Ukraine et de Kiev, où le mercure oscille actuellement entre -4°C le matin et 0°C l’après-midi, les valeurs vont descendre entre -12°C et -4°C en cette fin de semaine, soit 10 à 12°C sous les moyennes, ce qui sera difficile à vivre dans ces conditions de guerre.

La "raspoutitsa" redoutée ne se produira pas

En période de guerre, les conditions météorologiques ont un rôle primordial dans l'exécution des opérations militaires, que ce soit au sol ou dans les airs. Concernant l'état des sols, les pays continentaux froids de l'Europe centrale et de la Russie subissent au printemps un phénomène appelé "raspoutitsa". Ce terme désigne la fonte printanière des sols gelés, transformant les champs et les petites routes en vastes terrains boueux dans lesquels les troupes et les chars peuvent s'enliser. Dans l'Histoire, les exemples n'ont pas manqué, de Napoléon à la deuxième Guerre Mondiale.

À ce sujet, nos confrères du Figaro écrivent : "la « raspoutitsa ». Ce terme que l’on traduit par « saison des mauvaises routes » désigne la période de l’année durant laquelle une grande partie des terrains plats se transforment en véritable mer de boue sous l’action de la fonte des neiges et du dégel des sols. Elle advient généralement la deuxième quinzaine de mars, et sa durée varie entre deux et trois mois, selon la quantité de neige stockée durant l’hiver."

Mais cette année, l'hiver est resté doux en Ukraine par rapport au climat habituel. Si le gel nocturne était fréquent, les températures, en journée, étaient majoritairement positives en janvier et février. Ces conditions n'étaient donc pas suffisamment rudes pour geler les sols en profondeur. De plus, les pluies et neige sont restées peu fréquentes, de telle sorte que les campagnes ne sont ni inondées, ni gelées, ni même enneigées. La vague de froid actuelle va certes entraîner du gel superficiel ces prochains jours, mais pas de quoi provoquer une "raspoutitsa" digne de ce nom.

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