Climat de mars : 60°C d'amplitude thermique
Chaque début de mois, La Chaîne Météo vous présente les principales caractéristiques climatiques qui règnent à cette époque de l'année en France métropolitaine. Le mois de mars est associé au retour d’une belle luminosité après la grisaille de l’hiver. Il est aussi synonyme d’un temps très changeant aux allures d’Irlande, entre éclaircies et giboulées. C’est aussi le mois de l’année où l’amplitude thermique entre le record de froid et de chaleur est la plus extrême sur l’hexagone : 62°C ! Voici ce que peut vous réserver le mois de mars en France.
Le mois de mars est le premier mois du printemps météorologique. Il en présente les prémices avec un allongement de plus de deux heures de la durée du jour entre le premier et le dernier jour du mois. Côté température cependant, attention à l’impatience qui peut vous gagner en voyant le soleil : si des journées chaudes sont déjà possibles à cette époque de l’année, le froid est encore d’actualité avec de nombreux jours de gel et des chutes de neige pouvant encore blanchir les plaines. Certains mois de mars ont ainsi vu déferler de véritables vagues de froid sur notre pays. D'une façon générale, l'instabilité se traduit par de nombreuses averses de grésil ou de grêle, voire de neige fondue en raison de la présence d'air froid en altitude : les fameuses giboulées.
Températures : de l’hiver à l’été
Si les températures moyennes statistiques gagnent près de 2,5 °C entre le début et la fin du mois, les fluctuations sont parfois très marquées et donnent au temps plusieurs aspects. Le printemps peut ainsi succéder rapidement à l’hiver ou alors faire apparaître quelques journées d’été. Si les températures moyennes sont proches de celles d’une fin octobre, les variations au cours du mois sont en revanche les plus extrêmes de l’année. Entre le record de froid (-31,6 °C à Mouthe dans le Doubs) et le record de chaleur (31 °C à Pau), l'amplitude thermique atteint 62,6 °C. Ces excès sont une caractéristique des intersaisons. Le mois de mars subit tout particulièrement les derniers sursauts de la fin de l'hiver et les premières bouffées de douceur du printemps qui s’installe progressivement sous l’effet naturel de l’allongement de la durée du jour. © La Chaîne Météo
Une tendance très nette au réchauffement depuis 1989
Les mois de mars, à l’instar des printemps en général en France, subissent un réchauffement climatique très net depuis 1989, l’année où l’hiver fut remarquablement doux. Depuis, seuls trois mois de mars ont été véritablement froids, avec des températures inférieures aux moyennes : 1996, 2013 et 2018. Les mois de mars les plus chauds ont été ceux des années 2017 et 1957 (ex aequo). Les plus froids ont été ceux des années 1925 et 1971. Les vagues de chaleur précoces sont encore rares en mars, ce seuil définissant la barre des 25 °C. Cependant, on a observé des épisodes de chaleur précoce en 1955, année où les plus hauts records avaient été atteints, 2012, 2017 et 2021. Cette dernière a dépassé en intensité et en durée les précédentes. À cette occasion, Paris a battu son record de 1955 d'un dixième de degrés le 31 mars 2021, l'établissant à 25,8 °C au lieu de 25,7 °C le 25 mars 1955. © La Chaîne Météo
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Ensoleillement : 2 heures de jour en plus
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Si la mesure de la durée de l’ensoleillement météo tient compte des périodes de ciel clair où le soleil brille, l'augmentation de la durée du jour favorise aussi celle de la durée de l’ensoleillement. En mars, cette notion devient très perceptible avec un soleil plus haut dans le ciel, de telle sorte que les neiges au sol, malgré le froid, peinent à « tenir » en plaine. Le traditionnel dégradé nord-sud est confirmé, avec un ensoleillement qui varie presque du simple au double entre la pointe bretonne et la côte d’Azur. Il tend à s’homogénéiser davantage par rapport aux mois d’hiver où ce contraste est très tranché.
Précipitations : moins d’écarts sur le territoire
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En mars, les pluies méditerranéennes restent modestes sachant que le maximum de précipitations au sud-est de la France se produit en automne. Cependant, certaines années voient des récurrences étonnantes d'épisodes méditerranéens, bien que les températures de la mer soient fraîches. Cette année 2024 voit 3 épisodes consécutifs donnant chacun 100 à 150 mm sauf sur le Roussillon, ainsi que des épaisseurs de neige record sur les Alpes du sud et les Pyrénées (jusqu'à 2 m de neige à Isola 2000).
À l’est, les pluies sont de nouveau plus fréquentes qu’en février, qui est le mois le plus sec en Alsace comme dans certaines plaines intra-montagnardes, comme Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme. Au nord-ouest, les fortes pluies liées aux dépressions hivernales deviennent plus modérées et rares sont les déluges en mars. Au total, la pluviométrie nationale devient plus homogène, malgré des écarts significatifs allant du simple au triple entre Strasbourg (42,8 mm en moyenne mensuelle pour mars) et Biarritz (103,5 mm) ou entre Nice (38,7 mm) et Brest (95,8 mm). Le nombre de jours de pluie devient lui aussi plus uniforme en dépit du cas du sud-est, soumis au régime sec.
Les inondations sont moins fréquentes en mars qu’en hiver. Ainsi, le défilé des perturbations océaniques devient moins vigoureux et le sud du pays est à l’abri des épisodes méditerranéens. Des débordements sont néanmoins observés assez souvent au nord de la France lors des périodes de régimes perturbés d’ouest ou en Bretagne, lorsque les pluies se conjuguent aux grandes marées d’équinoxe. Cependant, il existe des exceptions parfois dramatiques telles les inondations de mars 1930 au sud-ouest du pays (en particulier la crue centennale du Tarn). Plus proche de nous, les inondations de la Somme au printemps 2001 ont débuté dès le mois de mars pour culminer en avril. Au sud-est de la France, bien que les épisodes méditerranéens soient rares, certains sont remarquables, tel celui qui s'est produit en mars 2022 et la succession de ceux du début mars 2024.
Cumuls de pluie le 3 mars 2024 © La Chaîne Météo
Les extrêmes relevés en mars depuis 1900
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Le fait marquant est l’amplitude marquée des températures, que ce soit entre les records de chaleur et de froid et parfois au sein d’une même journée. Les mois de mars sont encore sujets aux vagues de froid, dont certaines tardives, peuvent survenir jusque vers le 20. Ensuite, malgré des froids tardifs, on ne parle plus de vagues de froid dont la définition répond à des critères bien spécifiques (notamment, dans ce cas, le niveau des températures maximales qui remontent bien en cours de journée).
Valeurs extrêmes principales relevées en mars
Min Max -31,6 °C : 4 mars 1965 à Mouthe (25) 31 °C : 25 mars 1955 à Pau (64) -22 °C : 1 mars 2005 au Puy (43) 29,7 °C : 21 mars 1990 à Biarritz (64) -21,3 °C : 11 mars 1931 à Clermont-Ferrand (63) 29,2 °C : 21 mars 1990 à Mt-de-Marsan (40) -20,2 °C : 4 mars 1949 à Vesoul (70) 29,4 °C : 25 mars 1955 à Bourges (18) -18,2 °C :4 mars 1949 à Grenoble (38) 25,8 °C : 31 mars 2021 à Paris (75)Principales vagues de froid et de neige en mars depuis 1900
© La Chaîne Météo La tempête de neige du 12 mars 2013 a paralysé la Normandie avec des congères de 2 mètres.
Considérée comme tardive à cette époque de l’année, la neige peut s’inviter en plaine et parfois de façon remarquable. Compte tenu des configurations météorologiques où les conflits de masses d’air sont exacerbés, ce mois est potentiellement celui où les épaisseurs de neige peuvent être bien plus conséquentes qu’au cœur de l’hiver. Ainsi, le record d’épaisseur de neige à Paris a été relevé le 3 mars 1946 avec 40 cm dans les rues de la capitale. En Normandie, le blizzard de mars 2013 fut historique. Cette neige peut également durant ce mois de mars encore s'accompagner de vagues froid glaciales, avec des températures très largement négatives.
1901 : la 3ᵉ vague de froid de l’hiver se produit du 25 au 29 mars : il tombe 20 cm de neige à Paris et la température descend à -13 °C à Belfort.
1925 : le mois de mars est rude après un hiver doux. Le froid se maintient tout le mois, avec de la neige sur tout le territoire (30 cm à Saint Etienne et dans l’est de la France).
1931 : le mois de mars est hivernal avec de la neige et des pluies verglaçantes. Il fait jusqu’à -21 °C à Clermont-Ferrand (63).
1946 : la première décade est très froide, marquée surtout par des chutes de neige historiques en région parisienne, avec de 40 à 55 cm de neige fraîche. La neige tient cinq jours au sol.
1971 : il s’agit du mois de mars le plus froid du XXᵉ siècle. Les températures plongent à -10 °C à Cannes (06) avec 30 cm de neige. On relève aussi -11 °C à Orléans et -15 °C à Reims.
1986 et 1987 : dans la continuité de ces hivers rigoureux, des pics de froid se produisent encore en mars avec de la neige en Beauce et des températures entre -5 °C et -10 °C en première semaine.
2005 : une vague de froid notable se produit jusqu’au 5 mars, avec un record a -22 °C au Puy-en-Velay (43) et des températures atteignant -10 °C en Ile-de-France.
2013 : du 10 au 15 mars, une offensive hivernale majeure se produit au nord de la Loire avec une tempête de neige historique paralysant la Normandie et les Hauts-de-France. On relève 60 cm de neige à Cherbourg, mais le vent forme des congères de 2 m le 12 mars 2013. On relève une nuit glaciale entre -10 °C et -15 °C et une journée sans dégel.
2018 : le mois de mars est froid, dans la continuité d’une vague tardive fin février. La neige revient en Île-de-France et en Normandie du 17 au 20 mars (jusqu’à 20 cm dans le Val-d'Oise), puis entre le 19 et le 20 dans le sud (Charentes et région PACA). Il fait parfois jusqu’à -10 °C dans le nord-est, mais ce sont surtout les températures maximales, proches de 0 °C autour du 20 mars, qui constituent des records.
Les tempêtes hivernales
Elles sévissent encore en mars, avec un nombre moyen de 3 tempêtes sur l’hexagone, comme en novembre et en décembre, mais dont la violence n’est plus comparable à celles-ci. Certaines sont restées gravées dans les annales de la météo, notamment celle du 1ᵉʳ mars 1923 (rafales à plus de 200 km/h). Celles des 12 mars 1967 et du 24 mars 1986 concernaient toute la France, avec des rafales atteignant 140 km/h en Ile-de-France et 173 km/h à Chambéry. Enfin, plus proche de nous, la dernière forte tempête de mars fut la tempête « Zeus » le 6 mars 2017.
Principales tempêtes remarquables en mars
1923 : le 28 février, une très forte tempête d’ouest balaie tout l’ouest et le nord-ouest du pays. Certaines sources évoquent des rafales à 200 km/h, mais ces valeurs ne sont pas validées. En outre, les pluies durables de cette année provoquent aussi d’importantes inondations.
1937 : à la mi-mars, une forte dépression traverse le nord de la France. Des vents tempétueux balaient tout le pays. Des rafales atteignent 180 km/h sur les côtes de la Manche.
1940 : le 14 mars, une très violente tempête touche le nord de la France. Les rafales atteignent 140 km/h en Île-de-France et à Brest et 216 km/h à Reims (Haute-Marne), battant de nombreux records pour un mois de mars.
1963 : une très violente tempête balaie le nord-ouest, faisant suite à l’hiver le plus rude du siècle. On relève des rafales à 200 km/h à Quiberon et plus de 150 km/h en Picardie.
1967 : le 12 mars, une petite dépression atlantique se creuse brutalement en abordant la Bretagne. Une tempête traverse le Val de Loire et la région Centre. On relève 166 km/h à Orléans (Loiret).
1986 : les 24 et 25 mars, une tempête balaie toute la France. Les rafales les plus violentes sont enregistrées dans les Alpes avec 173 km/h à Chambéry (Savoie).
2017 : les 6 et 7 mars, la tempête baptisée « Zeus » provoque des vents violents de la Bretagne au sud de la France en passant par l’Auvergne. Les rafales maximales atteignent 150 km/h en Bretagne et en Roussillon, puis jusqu’à 190 km/h sur l’île d’Ouessant (record absolu pour cette station météo).