Après la goutte froide, l'Oméga : ce phénomène qui explique la météo des prochains jours
La configuration météorologique actuelle sera bloquée sur l'Europe jusqu'à la fin août, voire possiblement jusqu'à la semaine de la rentrée scolaire. Cette situation apportera du mauvais temps durable sur les pays de l'Europe centrale, tandis que la météo sera plus clémente sur l'Europe de l'Ouest, donc la France, malgré des nuances de gris et de températures. Explication sur les causes et les conséquences de cette évolution, et surtout sur le type de temps auquel vous devez vous attendre sur notre pays.
La météo s’annonce assez clémente sur la France pour au moins 8 jours, pour le plus grand plaisir des vacanciers de cette fin août. Cela dit, on observera des nuances locales de gris au nord-est tandis que des orages éclatent en montagne, notamment sur les Alpes du sud. Les températures seront parfois inférieures aux moyennes de saison au nord de la Loire, mais bien estivales au sud du pays.
Un blocage météo en "Oméga"
© La Chaîne Météo
La situation à laquelle nous assistons cette semaine est appelée, en langage météorologique, un "blocage en Oméga", de la lettre grecque Ω qui ressemble aux méandres effectués par le jet Stream en altitude. En effet, le jet Stream conditionne la circulation atmosphérique en pilotant les masses d’air, les dépressions et les anticyclones, dans un mouvement généralement fluide et linéaire. Cependant, il arrive que le jet stream ralentisse, formant des méandres à l’image d’une rivière dont le débit est faible. Ces méandres peuvent se bloquer, comme actuellement, figeant les conditions météorologiques.
La situation météo sera bloquée pendant ces 8 prochains jours sur l'Europe. Le temps sera perturbé en Europe centrale, tandis que les conditions seront sèches avec des températures contrastées sur la France. Tout cela à cause d'un anticyclone bloqué sur les iles britanniques. pic.twitter.com/Mh4Qu4FMau
— La Chaîne Météo (@lachainemeteo) August 23, 2021
Des conséquences météorologiques parfois extrêmes
Il faut savoir qu’un blocage anticyclonique en « oméga » bloque aussi tout ce qu’il y a autour, comme les dépressions environnantes. Ces blocages peuvent provoquer des phénomènes météorologiques extrêmes lorsqu’ils se produisent, en fonction des régions concernées, car ils sont durables. Cet été, nous avons assisté à plusieurs blocages différents, lourds de conséquence. Ce phénomène s’était produit fin juin et début juillet sur l’ouest du Canada : une masse d’air chaud s’était retrouvée scotchée durablement, provoquant une canicule et une sécheresse inédites sur la Colombie-Britannique et les États voisins. Toujours en juin, un autre blocage s’était produit sur l’Europe de l’Ouest, emprisonnant une goutte froide sur les pays du Benelux et l’Allemagne, entraînant des inondations exceptionnelles sur ces régions. Cela s’était aussi produit en août en Méditerranée, entraînant le « dôme de chaleur » dont nous avions parlé.
Que va-t-il se passer en Europe ces prochains jours ?
© La Chaîne Météo
À ce jour, le blocage anticyclonique en Oméga se fixe sur les îles britanniques. Il fait remonter de l’air chaud vers l’Islande, où il fait temporairement plus chaud qu’au nord-est de la France, autour de 25 °C pendant quelques jours. Dans le même temps, de l’air très frais redescend de Scandinavie sur l’Europe Centrale et le Benelux. Sur l’Europe centrale, cet air frais va provoquer le creusement d’une dépression, appelée « goutte froide », avec des pluies orageuses en prévision. Les pays allant de la Pologne à l'Allemagne, l'Autriche et le nord de l'Italie seront touchés jusqu'à dimanche par des pluies abondantes et durables, faisant craindre des risques d'inondations. La France, étant situé sous l’influence de l’anticyclone, bénéficiera d’un temps calme et généralement beau, avec un contraste de température entre le nord-est, plutôt frais pour la saison et le sud, soumis à des températures estivales. Hormis un temps généralement sec, ce blocage n’aura pas de conséquence directe sur notre pays.
Risque d'intempéries ces prochains jours en Europe centrale 🌧️ En effet, une nouvelle goutte froide, descendant de Scandinavie, va se bloquer de mercredi à dimanche de la Pologne à l'Allemagne, Autriche et Italie du Nord : des inondations sont à redouter. pic.twitter.com/BNuSJSCrAr
— La Chaîne Météo (@lachainemeteo) August 24, 2021
Que se serait-il passé si le blocage était positionné différemment ?
Il est intéressant de constater que ce type de blocage en été ne se produit que de 20 à 30 % du temps, ce qui reste donc peu fréquent. Mais quand cela se produit, les conséquences peuvent être préjudiciables. Ainsi, à l’image de la canicule qui s’est produite en juin en Colombie-Britannique, la grande canicule européenne et française d’août 2003 avait pour origine ce type de configuration. L’Oméga était situé plutôt sur l’Europe centrale, faisant remonter l’air chaud sur la France, avec, à la clef, une canicule historique de plus de 10 jours d’affilée.
Si cette configuration est peu fréquente en été, elle est plus récurrente en septembre et octobre, ce qui entraîne du beau temps durable sur la France avec le sentiment d’une « belle arrière-saison ». Cependant, cela provoque la remontée d’air humide méditerranéen au sud-est de notre pays, générateur d’épisodes cévenols. Lorsque ce type de blocage se produit en hiver, il est responsable d’un temps sec avec de nombreux brouillards et nuages bas en plaine, tandis qu’il fait beau et doux en montagne. Dans ce cas, il n’y a pas de chute de neige, au grand désespoir des stations de sports d’hiver. Enfin, lorsque le blocage se situe, en hiver, du côté de la mer du Nord ou de la Scandinavie, comme actuellement, il est responsable des grandes vagues de froid descendant de l’arctique, comme lors des grands hivers du 20ᵉ siècle.
On le voit, ces situations de blocage s’accompagnent toujours de conséquences météorologiques notables et dénotent d’une faiblesse momentanée du jet stream. Si, ces dernières années, ces configurations se sont produites à répétition, rien n’indique cependant qu’elles seraient en lien avec le réchauffement climatique contemporain, comme l’indique Robert Vautard, chercheur au Laboratoire des Sciences du climat et de l’environnement (LSCE), dans cette interview.