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Neige en montagne : près d'un mois d'enneigement en moins en 50 ans

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Une étude scientifique, publiée ce 18 mars dans la revue "The Cryosphère", analyse l'évolution des chutes de neige sur les Alpes depuis 1971 : il apparait clairement que la saison de neige s'est raccourcie d'un mois sous 2000 m d'altitude.

© La Chaîne Météo

La montagne est plus sensible au réchauffement climatique contemporain : ce constat, bien connu, est notamment rendu bien visible par l'évolution des glaciers et par la durée de la saison de neige en hiver. Concernant précisemment la neige, une étude européenne publiée ce 18 mars dans "The Cryosphere" (ici, en anglais) met en évidence l'évolution du manteau neigeux dans les Alpes depuis 1971, à différentes altitudes.

Diminution d'un mois de la saison de neige dans les Alpes sous 2000 m d'altitude

En 50 ans, l'étude montre un raccourcissement de la saison de neige dans les Alpes européennes de près de 30 jours sous 2000 m d'altitude. En résumé, le manteau neigeux se constitue plus tardivement au début de l'hiver et commence à fondre plus tôt au printemps. C'est une tendance de fond, parfois masquée par une variabilité annuelle, et qui se vérifie jusque vers 2000 m d'altitude, parfois un peu plus haut, où l'on note également une diminution moyenne de 20 cm d'épaisseur de neige. En revanche, la haute montagne est moins concernée avec localement davantage de neige au-dessus de 2000 m. La durée de la couverture neigeuse au sol a diminué en dessous de 2000 m, tandis qu'au-dessus aucun changement constant n'a été observé (entre novembre et mai).

Une sensibilité au réchauffement climatique accrue en montagne

Le changement climatique depuis le 20ème siècle est plus perceptible en montagne, car les marqueurs sont plus visibles, telle l'évolution des glaciers et de la saison hivernale de neige par exemple. Sans rapport avec cette étude, notons aussi que les étés chauds et secs ont un impact direct sur l'évolution des glaciers, et la combinaison d'un moindre enneigement hivernal et d'étés secs et chauds aboutit à leur recul assez généralisé dans les Alpes.

Depuis 1971, la variabilité inter annuelle et décenale des quantités de neige tombée a toujours existé. Ainsi, l'étude a identifié des périodes de forte couverture neigeuse dans les années 1940/50, ainsi que dans les années 1960/70, suivies de minima absolus dans les années 1980 et au début des années 1990 avec une certaine reprise par la suite, mais pas aux valeurs d'avant les années 1980.

Cependant, en dépit de cette variabilité, les tendances de l'épaisseur moyenne mensuelle de la neige de novembre à mai ont été principalement négatives, à quelques exceptions près. Sur toutes les stations étudiées et tous les mois, 85% des tendances étaient négatives et 15% positives. On remarque surtout une fonte précoce au printemps tandis que l'évolution est moins flagrante en début d'hiver. On note aussi une forte variabilité spatiale de ces évolutions dans les Alpes selon la zone géographique (Alpes du Nord ou du Sud par exemple, et en fonction des versants et des massifs).

Quel avenir pour la neige en montagne ?

Selon l'étude, des diminutions de la durée et des épaisseurs de neige sont attendues à l'avenir, en particulier à basse altitude avec des tendances plus incertaines dans les observations et les projections futures à plus haute altitude (Beniston et al., 2018; Hock et al., 2019; GIEC, 2019). Les zones situées sous 1500 m d'altitude sont principalement impactées par ce raccourcissement de la saison de neige, ce qui concerne la majorité des stations de sports d'hiver qui doivent s'adapter. (voir cette étude sur l'avenir de l'enneigement des stations des Alpes française parue dans Scientific Reports.). Soulignons aussi les conséquences sur l'écosystème montagnard : la fonte nivale apporte beaucoup d'eau au printemps mais il reste moins de neige en été pour alimenter les torrents et les rivières, asséchant ainsi la montagne en été et en automne. Avec la poursuite du réchauffement climatique actuel, les conséquences globales deviendraient alors plus criantes en montagne.

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