Ciara, Inès, Dennis : pourquoi un tel défilé de tempêtes ?
Les tempêtes et épisodes de coups de vent se succèdent depuis le début de l'année 2020 en France. Nous avons interrogé Pascal Scaviner, responsable du service prévisions de La Chaîne Météo, sur les raisons de cette situation météo très perturbée.
Comment expliquer le défilé de tempêtes et coups de vent que nous avons connu depuis quelques semaines ?
Pascal Scaviner : C’est la circulation atmosphérique à nos latitudes tempérées, qui a favorisé le développement fréquent d'un puissant courant de haute altitude à 10 000 mètres, le fameux jet stream, bien connu des pilotes d'avions de ligne. Cela a créé une situation fréquente de blocage et empêché toute intrusion d'air froid d'origine polaire. Le flux dominant d'origine océanique a véhiculé de l'air doux et humide : c’est ce qui a été responsable des températures élevées et des fréquentes pluies qui ont contribué à la hausse des cours d'eau.
Il faut aussi préciser que nous avons connu dans un passé récent des hivers également très doux, mais moins perturbés et tempétueux.
Est-il normal à cette époque de l'année de rencontrer une situation météo aussi perturbée (ventée, pluvieuse, de manière répétitive) ?
Pascal Scaviner : Cela fait partie de la variabilité naturelle du climat. Au regard du nombre de jours de tempêtes par départements, nous sommes globalement pour l'instant dans une situation conforme aux statistiques de 1981 à 2010. Ces tempêtes et coup de vent sont simplement rapprochés dans le temps.
Cette situation très ventée s’est produite durant la première quinzaine de janvier et ensuite depuis la fin janvier. On parle de tempête dans les terres quand les vents, hors situation orageuse particulière, sont supérieurs ou égaux à 100 km/h sur une superficie significative. A Brest par exemple, le nombre de jours de tempêtes est globalement conforme aux moyennes des dernières années : 2 tempêtes par an en moyenne. C'est le cas avec justement 2 tempêtes à Brest depuis le début de l'hiver (4 janvier et 10 février), mais par contre beaucoup de journées de "vents forts" : 7 journées de vents violents entre 80 et 100 km/h, et 2 journées de vents très forts entre 60 et 80 km/h.
On note que le nombre et l'intensité des tempêtes est variable selon les décennies. Les hivers de la décennie 1990/2000 avaient présenté une similitude avec notre hiver actuel : le jet stream était également très puissant avec un flux zonal (d'ouest) prédominant. Les tempêtes avaient été encore plus nombreuses et plus fortes que cette année, notamment en 1990, 1993, 1998 et 1999, année des deux tempêtes Lothar et Martin en décembre.
La suite du mois s'annonce-t-elle aussi tempétueuse ?
Pascal Scaviner : Non, la tendance est plutôt au retour des hautes pressions comme cela a été temporairement le cas au moins de janvier. Cette tendance pourrait être durable pour la dernière décade de février. Le temps deviendrait alors calme et ensoleillé, surtout sur l'ouest et au sud, et un peu plus frais, en tous cas plus proche des moyennes de saison.