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Changement climatique : doit-on s’attendre au pire ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Du 16 au 21 août, environ 1000 scientifiques étaient réunis à Montréal (Canada) pour une conférence sur la météorologie. Ce congrès avait pour thème principal l’avenir des technologies météo afin d’améliorer les prévisions à court et à long terme. Au cours de ce congrès international, les aspects du changement climatique ont été abordés.

© La Chaîne Météo

Le thème principal de ce congrès consistait à parler de l’amélioration des prévisions météo à court et long terme, dans un contexte où le besoin d’anticipation est de plus en plus pressant. Les domaines de l’énergie, de l’agriculture, des transports, du tourisme ou encore des assurances sont particulièrement dépendants des aléas climatiques : on parle alors de domaines «météo-sensibles».

© La Chaîne Météo

Des modèles pour anticiper le pire ?

Dans ce contexte, les météorologues ont étudié les résultats des modèles numériques dont la puissance est désormais décuplée, permettant, par exemple, de gagner un jour de prévision fiable tous les 10 ans. Ces modèles ont été utilisés par les différents laboratoires de recherche qui ont participé à l’élaboration des derniers scénarios communiqués par le GIEC au printemps dernier. Pour rappel, ces scénarios climatiques basés sur différentes estimations des émissions de gaz à effet de serre (en particulier le CO2) envisagent une élévation de la température planétaire comprise entre +0,3°C et +4,8°C d’ici à 2100, ce qui montre une fourchette encore très incertaine.

Des scénarios catastrophes

Au cours de ce congrès, des conclusions alarmistes auraient été rendues publiques, vite relayées par les médias ; certains météorologues affirment par exemple que «les vagues seraient plus hautes, pouvant atteindre 40 mètres», et que les turbulences atmosphériques seraient plus fréquentes à l’altitude de vol des avions de ligne en raison de l’accélération des jet stream, ces vents puissants qui font le tour de la planète. Les conditions météo seraient donc de plus en plus défavorables à l’aviation et aux transports maritimes.

Que faut-il en penser ?

Le changement climatique fait couler beaucoup d’encre, notamment depuis la publication cette année du 5ème rapport du GIEC, selon lequel «les activités humaines seraient responsables à 95% du réchauffement climatique contemporain et de l’accentuation des phénomènes météorologiques extrêmes».

L’objet de ce congrès à Montréal était d’examiner l’état d’avancement des technologies pour l’élaboration des prévisions météorologiques et d'établir le programme de développement à long terme ; il semblerait que l’objectif de base ait dérivé vers une réaffirmation quelque peu extrême des récentes conclusions du GIEC : vagues monstrueuses, multiplication des épisodes de chaleur et de froid, des inondations et des catastrophes climatiques en tout genre. S’il est nécessaire d’informer le public afin de protéger les populations, il convient de rester exhaustif et prudent face à une évolution climatique dont on sait peu de choses en définitive.

Le climat : une évolution étonnante

Alors que la décennie écoulée est qualifiée de «décennie des extrêmes climatiques», on constate pourtant que le nombre d’ouragans et de tempêtes à la surface du globe n’est pas plus élevé qu’auparavant – voire même en diminution.

De même, la surface des glaces de mer (banquise) de l’Antarctique dépasse tous ses records d’extension depuis le début des mesures par satellite en 1979 (altimétrie). Le continent austral a même battu ses records de froid. Quant aux glaces de l’Arctique, certes fragilisées par des années de fonte record en 2007 et 2012, puis morcelées par de fréquentes tempêtes estivales, elles connaissent depuis deux ans un regain de surface : la banquise a désormais retrouvé une extension équivalente à celle de la décennie précédente. Difficile dans ces conditions d’être affirmatif quant à l’avenir du climat et des phénomènes extrêmes, sachant que les résultats des calculateurs aboutissent parfois à des scénarios d’élévation de température variant du simple au triple.

Le point commun, désormais admis, est que le réchauffement n’est pas – et ne sera pas – uniforme à l’échelle de la planète, étant plus prononcé aux hautes latitudes de l’hémisphère nord. Quant à la répartition des précipitations et des tempêtes, une forte incertitude persiste.

Peu de certitude

Finalement, les certitudes sont peu nombreuses : on sait que le réchauffement sera plus marqué sur les continents que sur les océans et que le cycle de l’eau sera plus intense. Pour l’ouest de l’Europe, les étés seraient plus chauds et les hivers plus humides notamment sur la façade atlantique. Cela dit, certains organismes météorologiques tel que le très sérieux Met Office britannique envisagent la poursuite de la phase actuelle de stagnation des températures (le réchauffement climatique planétaire s’est stabilisé depuis 1998), évoquant même une «possible baisse après 2020» en fonction du cycle solaire en cours et de la capacité d’absorption de la chaleur par les océans.

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