Eté 2010 : quel lien entre les catastrophes ?
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Sur la communauté et notre page Facebook, vous êtes nombreux à nous poser vos questions sur la météo. Cette semaine, l’une de nos internautes s’interroge sur les événements climatiques qui ont marqué cet été 2010.
« Existe-t-il un lien entre les inondations au Pakistan, la sécheresse en Russie et le mois d’août perturbé en France ? » nous demande Nathalie W.
La réponse de l’expert de METEO CONSULT :
Les inondations au Pakistan
« Cet été, le pays n’a pas connu de précipitations exceptionnelles. C’est donc en montagne, à la source des fleuves, que se trouve l’explication de la crue. Les températures relevées sont considérées comme « normales » cet été, et ne justifient donc pas une fonte particulièrement abondantes des neiges qui alimenteraient les fleuves.
C’est en fait un temps très perturbé sur le Cachemire qui est à l’origine de ces crues. : la moyenne de 7 jours de pluie par mois donne habituellement 60mm en juillet et 65 mm en août. Cet été 2010 a été particulièrement arrosé avec 140mm en 17 jours en juillet et 263mm en 23 jours en août. Les pluies orageuses ont vraiment été denses sur 2 périodes : du 20 au 24 juillet et du 8 au 16 août. »
La canicule Russe
« Un anticyclone est resté bloqué sur la Russie immobilisant de l’air qui n’a cessé de se réchauffer jour après jour. On a enregistré 34,8°C à Saint-Pétersbourg, un record absolu de température depuis plus d'un siècle.
A Moscou aussi, un nouveau record de chaleur a été battu avec 37,5°C. C’est dans le Sud Ouest de la Russie que les températures ont été les plus élevées puisque les 41°C ont été atteints à Volgograd ! »
L’instabilité sur le nord de l’Europe…
« Si l’on prend en compte une échelle plus globale, l’été 2010 a été plus arrosé et moins ensoleillé que la normale, si l’on prend en compte les mois de juillet et août correspondant à la période de vacances estivales, sur le nord de la France. »
Trois conséquences pour une même cause
« Les cartes de cet été montrent une situation inhabituelle pour la saison. Un anticyclone est resté bloqué de manière durable sur la Russie. Il a eu pour effet de maintenir une zone dépressionnaire au nord du Pakistan. C’est cette dernière, en phase avec la mousson, qui a été à l’origine des pluies exceptionnelles sur le Cachemire. Cet anticyclone a également empêché la circulation des dépressions venues de l’Atlantique. Cette circulation est restée bloquée sur le nord de l’Europe et a favorisé l’arrivée d’un flux instable de nord-ouest sur le nord de la France.
Ces trois phénomènes, inondations au Pakistan, sécheresse en Russie et instabilité en France, sont finalement les conséquences de ce même blocage anticyclonique.
Ce système de blocage ressemble par ailleurs à celui que l’on connaît plus fréquemment l’hiver, quand l’anticyclone sibérien très froid et très solide envoie pendant plusieurs semaines consécutives un vent de nord-est glacial sur l’Europe occidentale. Or, il a été observé une corrélation entre ce type de blocage anticyclonique et une faible activité solaire. La faible activité solaire se traduirait par un ciel plus clair, et donc des températures de surface plus froides en hiver à cause du long rayonnement nocturne mais plus chaudes en été, à cause du réchauffement du sol pendant les longues heures ensoleillées.
Cependant, cette cause solaire n’est sûrement pas la seule explication. Les inondations du Pakistan, par exemple, sont aussi des effets de La Nina qui a sévi cette année. En renforçant les vents d’alizés sur le Pacifique, ce phénomène a pu repoussé les eaux chaudes de la surface de l’océan vers l’Asie. Ces eaux anormalement chaudes ont alors accentué la mousson sur le sud de l’Asie et l’Inde. Il est même possible que les effets se soient fait sentir jusqu’au Cachemire.
Les effets de cette saison remarquable montrent finalement bien l’extrême complexité des interactions entre les reliefs (blocage des précipitations), la mer (origine de la mousson), l’atmosphère (centres d’action) et le système solaire (taches solaires). »
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