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90 secondes pour le changement climatique : les cycles de Milankovitch

Cyril WUEST

Par Cyril WUEST,
mis à jour le

“Le climat a toujours varié naturellement”. Cet argument très répandu lorsque l’on évoque le réchauffement climatique actuel n’aborde pas la question des échelles de temps. Or, si le climat a effectivement varié sur de très longues périodes durant le passé géologique de la Terre, ce qui différencie ces variations du réchauffement que nous connaissons depuis les années 1900, ce sont les échelles de temps. Le premier à avoir mis en lumière les variations naturelles de la terre est Milankovitch.

Qui est Milankovitch ?

Milutin Milankovitch était un éminent astronome et mathématicien serbe du XXe siècle, dont les travaux ont profondément influencé notre compréhension des changements climatiques à long terme sur Terre. Il a découvert lors de ses travaux que l'orbite de notre planète et son orientation changent de manière cyclique, influençant ainsi les conditions climatiques sur des périodes de milliers d'années. Ces variations ne sont pas aléatoires, mais suivent des cycles bien définis qui ont été déterminants pour les changements climatiques passés, y compris les périodes glaciaires et interglaciaires. Milankovitch a donc identifié et calculé trois principaux paramètres responsables de ces variations climatiques.

Les trois paramètres de Milankovitch

Les trois paramètres suivants ont agi simultanément sur les derniers milliers d’années.

1. L'excentricité

Le premier paramètre que Milankovitch a observé est l'excentricité. Vous savez peut-être que la Terre tourne autour du Soleil en 365 jours, suivant une orbite. Cependant, cette orbite ne garde pas toujours la même forme : elle devient plus ou moins circulaire sur une période de 100 000 ans. Lorsque l'excentricité est plus grande, l'orbite s'allonge, la Terre s'éloigne davantage du Soleil pendant une partie de l’année (recevant moins d’énergie solaire) et se rapproche davantage du Soleil sur l’autre partie (recevant plus d’énergie solaire). Une plus grande excentricité amplifie donc les contrastes saisonniers.

2. L'obliquité

Le deuxième paramètre est l'obliquité, qui est l'angle entre l'axe de rotation de la Terre et le plan de son orbite autour du Soleil. Cet angle oscille légèrement sur une période d'environ 41 000 ans. Ces variations influencent la répartition de la lumière solaire sur la Terre, affectant ainsi les saisons. Un angle d'inclinaison plus élevé accentue les contrastes saisonniers, rendant les étés plus chauds et les hivers plus froids.

3. La précession des équinoxes

Le troisième paramètre est la précession des équinoxes. Il s'agit du lent changement de l'orientation de l'axe de rotation de la Terre, semblable au mouvement d'une toupie, sur une période d'environ 26 000 ans.

Cette précession rend les contrastes saisonniers plus extrêmes dans un hémisphère et moins extrêmes dans l'autre. Actuellement, le périhélie (le point où une planète est au plus proche du Soleil), se produit en hiver dans l’hémisphère nord et en été dans l’hémisphère sud. Cela rend les étés de l’hémisphère sud plus chauds et atténue les variations saisonnières de l’hémisphère nord. Mais, dans environ 13 000 ans, ce sera l’inverse, l’hémisphère nord connaissant davantage de rayonnements extrêmes et l’hémisphère sud connaissant des variations saisonnières plus modérées. Concrètement, dans 13 000 ans, les saisons seront inversées dans les deux hémisphères : en décembre, ce sera l'été dans l'hémisphère nord et l'hiver dans l’hémisphère sud.

Variabilité naturelle VS réchauffement anthropique

Les trois paramètres de Milankovitch, lorsqu'ils sont combinés, correspondent aux variations cycliques des périodes glaciaires et interglaciaires observées lors du passé géologique du globe. Ces observations montrent que le climat de la Terre varie naturellement sur des échelles de temps très longues, s'étendant sur plusieurs milliers d’années.

Selon ces cycles naturels, nous devrions lentement entrer dans une phase de glaciation. L’agence officielle de la NASA affirme que les positions orbitales actuelles de la Terre, selon les cycles de Milankovitch, devraient, en effet, entraîner un refroidissement progressif de la planète et cette tendance au refroidissement commencée il y a environ 6 000 ans devrait se poursuivre. Or, ce n’est pas ce que nous observons.

Effectivement, le réchauffement climatique actuel montre une augmentation des températures depuis le début de l’ère industrielle, soit il y a un peu plus de 120 ans. Contrairement aux cycles de Milankovitch, qui se déroulent sur des centaines de milliers d’années, il a démarré très récemment et s’est produit sur une période très courte. Il ne peut donc pas être attribué aux variations naturelles du climat, car les échelles de temps sont incomparables.

Milutin Milankovitch a ainsi laissé un héritage durable en démontrant comment les forces astronomiques peuvent influencer les conditions climatiques de notre planète, sur des échelles de temps très longues. Ses conclusions permettent de mieux comprendre, surtout depuis le début du siècle, la différence entre le réchauffement naturel qui s’étale sur des milliers d’années, et le réchauffement anthropique qui s’opère depuis le début du XXè siècle.

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