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Pourquoi le beau temps durable n'arrive pas à s'installer ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Malgré la belle parenthèse estivale dont avons pu bénéficier pour le pont de l'Ascension, on constate que les améliorations sont de courte durée en ce printemps 2024. La faute aux "gouttes froides" qui cernent l'Europe de l'Ouest, et qui provoquent de fréquentes dégradations orageuses. Même si le printemps est une saison changeante par définition, l'actuel est particulièrement instable et l'amélioration n'est pas pour maintenant.

Depuis le mois de mars, début du printemps météorologique, notre pays est régulièrement soumis aux influences dépressionnaires situées à la fois sur l'Atlantique ainsi qu'en Méditerranée. Cela explique pourquoi nous avions renoué avec les épisodes pluvieux au sud de la France avec une récurrence atypique pour cette époque de l'année. D'autre part, ces fréquentes perturbations ont abouti à un déficit d'ensoleillement et à une pluviométrie abondante, nettement supérieure à la moyenne en mars.

Des gouttes froides à répétition sur l'Europe de l'Ouest

Flux zonal et flux méridien © La Chaîne Météo

En temps normal, l'hiver et le début du printemps sont caractérisés par les grands flux d'ouest qui drainent les dépressions atlantiques. Mais cette année, cette circulation appelée "flux zonal" a laissé place à des flux souvent méridiens, c'est-à-dire nord-sud ou sud-nord. Cela explique pourquoi nous avons connu de fortes variations de températures, notamment en avril, où la première quinzaine avait été historiquement chaude alors que la deuxième avait été très fraîche. Cela explique aussi pourquoi, descendant du nord, certaines de ces dépressions s'accompagnaient d'air froid en altitude, renforçant l'instabilité en générant un temps à giboulées. Cette situation a été provoquée par un comportement assez atypique des vents en haute altitude, le jet-stream, évoluant en ondulation et non pas de façon rectiligne comme c'est normalement le cas.

La carte ci-dessous met bien en évidence l'anomalie de basses pressions qui domlne sur le proche Atlantique depuis le début du mois de mars.

Anomalies de géopotentiels depuis le 1er mars © NOAA

Une pluviométrie excédentaire et un ensoleillement en berne

Depuis le début du printemps météorologique, les précipitations sont devenues excédentaires, surtout en mars et en cette première décade de mai, ce qui constitue une très bonne nouvelle pour le remplissage des nappes phréatiques. En revanche, ce temps fréquemment perturbé a plombé l'ensoleillement sur notre pays, avec des régions très déficitaires depuis le début de l'année. Les régions de l'est et les montagnes ont connu le déficit le plus marqué, dont la palme revient à Besançon (déficit de 30% par rapport à la normale depuis le 1er janvier ainsi que pour ce printemps). Dijon et Brest suivent avec un déficit d'ensoleillement de 20% en mars-avril, puis viennent Bordeaux, Reims et Lille avec 17 à 18% de déficit. Marseille et Perpignan s'en sortent mieux, étant pratiquement dans la moyenne pour ces deux mois.

La persistance d'un temps instable ces prochains jours

Actuellement, le temps s'est à nouveau dégradé sur notre pays après la parenthèse estivale du pont de l'Ascension. Une nouvelle goutte froide est descendue de l'Atlantique Nord vers le golfe de Gascogne. L'air qui l'accompagne est néanmoins moins froid que lors des précédentes, avec un flux qui reste orienté au sud-ouest. C'est donc un temps agité et orageux qui s'installe sur notre pays, mais avec des températures qui resteront proches des normales de saison. Cette dépression va stagner sur notre pays en évoluant en marais barométrique, autre nuance d'un temps agité au printemps. Les orages seront donc quotidiens jusqu'en milieu de semaine prochaine, mais dans une ambiance assez douce. Une bonne nouvelle semble malgré tout se dessiner : les modèles météorologiques à long terme semblent envisager une installation progressive d'un temps estival à l'horizon du début du mois de juin, ce que nous confirmerons dans la prochaine actualisation de notre tendance météo à 4 semaines de ce jeudi.

Carte ci-dessous : anomalie moyenne des pressions atmosphériques et du géopotentiel cette semaine en Europe : les hautes pressions persistent au nord de la Scandinavie, mais globalement, les pressions sont assez dépressionnaires et homogènes, ce qui caractérise une situation de "marais barométrique".

Anomalie prévue de géopotentiels cette semaine © La Chaîne Météo

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