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Périodes de froid au printemps : jusqu'à quand peut-il geler ?

Cyrille DUCHESNE

Par Cyrille DUCHESNE, météorologue
mis à jour le

Pour la troisième année consécutive, des gelées se produisent au début du mois d'avril. A cette période de l'année, les gelées n'ont rien d'exceptionnelles, mais elles surviennent après des pics de douceur ou de chaleur qui se produisent de plus en plus tôt dans l'année et peuvent provoquer d'importants dégâts sur les vignes et fruitiers. Jusqu'à quand peut-on observer des gelées au printemps ?

© La Chaîne Météo

Comme prévu, en lien avec une masse d’air froid en provenance d’Europe du Nord et avec un ciel dégagé pendant la nuit, un épisode de gel a eu lieu entre mardi et jeudi sur de nombreuses régions. La matinée de mercredi a été la plus froide avec des gelées blanches concernant les deux tiers du pays. Si les températures étaient généralement comprises entre 0 et -3°C, elles se sont abaissées localement sous la barre des -5°C (seuil des fortes gelées) : -7,2°C à Mourmelon-le-Grand (Marne), -6,6°C à Chaumont (Haute-Marne), -5,6°C à Saint-Etienne (Loire), -5°C à Romorantin (Loir-et-Cher).

Gelées du 5 avril 2023 © La Chaîne Météo

Des gelées moins destructrices que ces deux dernières années

Si le mois de mars 2023 a été plus doux que la normale, de l’ordre de 1°C en France, la végétation a démarré plus tardivement qu’en 2021 et 2022. Des coups de froid ont eu lieu jusqu’au début du mois de mars, ce qui n’était pas le cas les deux années précédentes. La végétation a donc pris du retard et n’a vraiment démarré qu’en seconde quinzaine de mars.

L’intensité des gelées a été moindre que l’année dernière. Les températures inférieures à -2°C (seuil critique pour les arbres en fleurs) n’ont concerné que 35% des stations météo de plaine ce 5 avril contre 60% le 4 avril 2022 avec de nombreux records de froid battus, ce qui n’a pas été le cas cette année, à quelques rares exceptions…

Quelles sont les dates moyennes des dernières gelées en France ?

Dates moyennes des dernières gelées © La Chaîne Météo

Les dates moyennes à laquelle sont observées les dernières gelées en France sont variables selon les régions. Elles sont généralement comprises avant le 15 mars pour le bassin méditerranéen, la côte aquitaine, la pointe bretonne et le Cotentin. Elles se produisent entre le 15 mars et le 10 avril sur les régions intérieures bordant la Manche et l’Atlantique ainsi que l’agglomération parisienne. Entre la région Midi-Pyrénées, les plaines du centre-est et les plateaux du nord-ouest, elles se produisent entre le 10 et le 25 avril. De l’Auvergne et de la Bourgogne-Franche-Comté au Grand Est, les dernières gelées se produisent une année sur 2 après le 25 avril.

Quelles sont les dates des gelées les plus tardives observées en France ?

Date des gelées les plus tardives en France © La Chaîne Météo

Rappelons tout d’abord qu’en montagne, dès 1000 m d’altitude, il peut geler toute l’année pour peu que les conditions soient réunies (nuit claire, vent faible, inversion thermique…). En plaine, des gelées survenant jusqu’en début mai se retrouvent en moyenne une fois tous les 5 ans dans le nord et le nord-est, une fois tous les 10 à 15 ans dans l’ouest et le sud-ouest. Pour les jardiniers, la période des Saints de Glace (11-12-13 mai) reste un repère car les dernières gelées étaient souvent observées à cette période. Dans un contexte de réchauffement climatique, il devient de plus en plus rare d'observer des gelées en plaine à la mi-mai.

Les gelées les plus tardives observées l'ont été à la fin du mois de mai ou au début du mois de juin (le 29 mai pour Clermont-Ferrand, le 2 juin pour Lille et le 5 juin à Charleville-Mézières). Dans certaines vallées très abritées en zone rurale, elles peuvent donc survenir jusqu’en juin, y compris dans les vallées très abritées de Bretagne ou Normandie…

Avec le changement climatique, les gelées tardives vont-elles disparaître ?

Avec la tendance au réchauffement climatique qui s’est accélérée depuis les années 1990, les gelées de printemps sont moins fréquentes mais elles n’ont pour autant pas disparu et font plus de dégâts à la végétation. Selon un rapport du réseau international de scientifiques du World Weather Attribution, malgré des gelées moins fréquentes et moins intenses, le risque de dégâts sur la végétation devient plus important. La hausse des températures en hiver, liée à l’influence anthropique, entraîne l’apparition plus précoce du débourrement (lorsque les bourgeons laissent place à des feuilles ou fleurs). Cet effet est plus fort que la diminution des périodes de froid au printemps, exposant ainsi les jeunes feuilles à des conditions plus hivernales avec des températures minimales plus basses et des nuits plus longues.

Si les gelées de ce mois d’avril n’ont pas entraîné de graves dégâts à la végétation, il faudra surveiller de près le niveau des températures au cours des prochaines semaines. Notre tendance à 4 semaines montre que d’autres périodes de gel tarif ne sont pas exclues à la fin du mois d’avril.

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