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Canicules en juin : une augmentation depuis les années 2000

Florent SCHINDLER

Par Florent SCHINDLER,
mis à jour le

La canicule qui se met en place mardi par le sud sera exceptionnelle par sa précocité, son intensité et sa durée sur certaines régions jusqu'au week-end. Des canicules précoces se sont produites par le passé en France. Quelles ont été les principales canicules en juin ? Pourquoi leur fréquence augmente-t-elle ? Eléments de réponse avec Gilles Matricon, météorologue pour La Chaîne Météo/ Météo Consult.

L'augmentation des canicules en juin s'observe depuis les années 2000 © La Chaîne Météo

La Chaîne Météo - Est-ce habituel d'avoir des canicules en Juin ?

Gilles Matricon - Alors qu'elles sont restées rares au XXᵉ siècle, nous assistons à une augmentation de la fréquence des canicules précoces en juin depuis le début des années 2000. Les plus importantes d'entre elles se sont produites en 2003, précédant un été historiquement chaud. Plus près de nous, la canicule du 18 au 22 juin 2017 a été exceptionnelle, avec 37 °C à Paris. Mais c'est bien la canicule de la fin juin 2019 qui a pour l'instant été la plus intense jamais observée, avec des températures qui avaient atteint 42 °C dans le centre du pays, et jusqu'à 46 °C à Vérargues dans l'Hérault le 28 juin 2019, constituant un record de chaleur absolu en France.

La vague de chaleur caniculaire de cette semaine s'annonce donc exceptionnelle par sa précocité, survenant alors que l'été calendaire n'a pas encore débuté (l'été météorologique a débuté le 1er juin - NDLR). Des records de chaleur pour une deuxième décade de juin, voire d'un mois de juin entier, pourront être ponctuellement battus. Notons également que la durée du jour en juin est maximale, ce qui est un facteur amplifiant de la chaleur à cette époque de l'année : en effet, les nuits trop courtes ne permettent pas de restituer la chaleur vers l'espace, conduisant à une ambiance surchauffée notamment dans les agglomérations.

Doit-on s'attendre à un été très chaud, voire caniculaire ?

Si l'on regarde les canicules passées et la typologie des étés qui ont suivi, nous ne constatons pas de relation de cause à effet.

- Ainsi, entre fin mai et début juin 1922, il y a exactement un siècle, une canicule historiquement précoce s'était déroulée en France, et elle avait été suivie d'un été particulièrement maussade.

- Même chose en juin 2005, qui avait été très chaud du 15 au 30 du mois, avec une canicule précoce, suivie d'un été maussade.

- En 2006, le mois de juin a été très chaud, suivi d'un mois de juillet caniculaire. Mais en août, la tendance s'était brutalement inversée, avec une fraîcheur exceptionnelle.

- La canicule de la mi-juin 2017 a été suivie d'un été assez chaud, mais orageux.

- Celle de juin 2019 a été suivie d'un été alternant fraîcheur et une canicule fin juillet où de nombreux records absolus de chaleur avaient été établis, comme à Paris (42,6°C), Dunkerque (41,3°C) ou au Mans (41,1°C).

- Enfin, la canicule qui avait surtout touché le sud et le centre de la France en juin 2003 a été suivie de l'été le plus chaud jamais observé sur notre pays. Du 2 au 13 août 2003, la plus longue canicule s'est produite, pulvérisant de nombreux records de chaleur établis pendant l'été 1976 et 1947, battus depuis par les 2 canicules de l'été 2019.

En moyenne, on constate donc que les canicules de juin sont plus souvent suivies d'étés chauds, mais il n'y a pas de schéma systématique. C'est d'ailleurs ce qu'indique notre tendance saisonnière pour cet été : il sera chaud, avec des températures au-dessus des normales, et sec. La probabilité de subir des canicules est élevée, mais il est toujours difficile de prévoir à ce jour leur intensité, leur durée et leur extension géographique.

Pourquoi une telle recrudescence de canicules ?

Depuis quelques années, on assiste pendant l'été à la remontée des hautes pressions subtropicales vers nos latitudes tempérées alors que ce n'était que très rarement le cas jusqu'au début des années 2000, où le régime atlantique limitait le plus souvent les risques de canicules. Ces anticyclones subtropicaux, alimentés en air très chaud venant du nord de l'Afrique, provoquent ainsi des situations caniculaires plus fréquentes et intenses. Avec le réchauffement climatique, ce type de situations augmentera.

Est-ce que la sécheresse que nous connaissons depuis cet hiver joue un rôle ?

Depuis août dernier, la France subit un important déficit de pluies. Hormis le mois de mars légèrement plus humide que la normale, c'est en effet un temps sec qui domine lié à une anomalie de pression positive sur l'ouest de l'Europe et la France. Ce contexte anticyclonique et sec constitue un facteur de risque supplémentaire de canicule cet été. Il faut se rappeler que la canicule de l'été 1976 avait été précédée d'un hiver et d'un printemps très secs. En effet, les sols secs sont moins capables de produire de l'évaporation (et de l'évapotranspiration pour la végétation), dont le rôle est d'atténuer les fortes chaleurs ambiantes. À ce sujet, on parle de "barrière anticanicule" pour désigner un environnement humide. À l'inverse, la présence de sols secs entraîne l'assèchement de l'air au-dessus, limite les développements nuageux ainsi que la formation des orages. Tout cela agit comme un cercle vicieux. Cependant, ce processus n'est pas systématique, car il suffit d'arrivée d'air froid en altitude pour provoquer des gouttes froides et de violents orages, même par climat désertique.

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